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Maisons d'écrivains
14 mars 2008

Alain-Fournier - Epineuil Le Fleuriel

Biographie d'Alain-Fournier.

 

 

"Peut être quand nous mourrons, peut être la mort seule nous donnera la clef et la suite de cette aventure manquée".

 

Alain_FournierAlain-Fournier naît le 3 octobre 1886 sous le nom d'Henri-Alban Fournier (il prendra en littérature le demi-pseudonyme d'Alain-Fournier) à la Chapelle-d'Angillon (Cher, France). Fils d'instituteurs, il passe son enfance dans le sud du Berry.

En 1891, son père est nommé à l'école d'Epineuil-le-Fleuriel. Alain-Fournier y sera son élève jusqu'en 1898, avant d'entrer en sixième, comme pensionnaire au lycée Voltaire à Paris. En 1901 il songe à devenir marin et rentre en seconde au lycée de Brest pour se préparer à l'Ecole Navale. Finalement, il renonce à ce projet.

En janvier 1903, il passe son baccalauréat au lycée de Bourges et, en octobre, va préparer l'Ecole Normale Supérieure au lycée Lakanal à Sceaux. C'est là qu'il rencontre Jacques Rivière qui devient son meilleur ami (puis son beau-frère lorsqu'il épousera, en 1909, sa sœur Isabelle, de trois ans sa cadette). Ils échangeront jusqu'en 1914 une importante et passionnante correspondance, dans laquelle revit l'ardeur de leurs préoccupations intellectuelles, sentimentales et spirituelles.

En 1905, Alain-Fournier rencontre cette jeune femme qui illumine sa vie et qu'il n'oubliera jamais. Ce jour du 1er juin, il la suit sur le Cours-la-Reine, puis sur un bateau mouche où elle s'embarque et enfin l'accompagne à distance jusqu'à sa maison du boulevard Saint Germain. Il revient plusieurs fois sous ses fenêtres et sa persévérance sera récompensée.

Le 10 juin, il aperçoit derrière la vitre le visage de la jeune fille. Surprise, mais souriante. Le lendemain 11 juin, jour de la Pentecôte, il est encore là, tôt le matin et la jeune fille sort de cette maison, un livre de prières à la main. Avant qu'elle ne monte dans le tramway il l'accoste et murmure : "Vous êtes belle". Rabroué mais non dépité, il la suit jusqu'à l'église Saint-Germain des Prés. A la fin de la messe, il l'aborde à nouveau et c'est "la grande, belle, étrange et mystérieuse conversation" entre deux êtres qui, jusqu'au pont des Invalides vont laisser vivre leur rêve. Avant de se perdre dans la foule, elle se retourne vers celui qu'elle vient de quitter et à qui elle a demandé de ne pas la suivre. Une dernière fois, elle le regarde longuement.

 

 

En 1906, le jour anniversaire de l'Ascension, Alain-Fournier guette vainement la jeune femme sur Le Cours-la-Reine et confie le soir même à Jacques Rivière : "Elle n'est pas venue. D'ailleurs fut-elle venue, qu'elle n'aurait pas été la même". Cette année-là, il échoue au concours d'entrée à l'Ecole Normale.

En 1907, au terme d'une ultime année de Khâgne au lycée Louis Le Grand, il échoue de nouveau à l'Ecole Normale. Il apprend également le récent mariage de la jeune femme (Yvonne de Quiévrecourt).

En 1908, Alain-Fournier fait son service militaire : après le peloton d'élève-officier à Laval, il est nommé sous-lieutenant à Mirande (Gers). Toujours hanté par le souvenir d'Yvonne, il écrit quelques poèmes et essais qui seront repris plus tard sous le titre "Miracles".

En 1910, son service militaire terminé, Alain-Fournier cherche un emploi et trouve, en avril, un poste de rédacteur à "Paris-Journal". Il a une liaison avec Jeanne Bruneau (originaire de Bourges), une modiste de la rue Chanoinesse. Il se donne tout entier à elle, mais elle ne le comprend pas. Le 19 octobre, il écrit à Jacques et sa sœur : "C'est fini". Ils se reverront pourtant et la rupture définitive ne se produira qu'au mois d'avril 1912. Alain-Fournier confiera dans sa correspondance : "J'ai fait tout cela pour me prouver à moi-même que je n'avais pas trouvé l'amour". Dès lors, Alain-Fournier s'installe rue Cassini et se lance dans l'écriture du "Grand Meaulnes".

En 1912, il quitte la rédaction de "Paris-Journal" et devient le secrétaire de Claude Casimir-Perier, avant d'entamer avec la femme de ce dernier, la célèbre actrice Madame Simone (de son vrai nom Pauline Benda) une liaison plutôt orageuse.

 

Au début de 1913, Alain-Fournier achève "Le Grand Meaulnes" qui paraît d'abord en feuilleton dans "La Nouvelle Revue française", puis en volume chez Emile-Paul. Sélectionné pour le prix Goncourt, "Le Grand Meaulnes" obtient cinq voix au dixième tour de scrutin (alors qu'il lui en suffisait de six pour avoir le prix). Pourtant, au onzième tour, c'est "Le Peuple de la Mer" de Marc Elder qui décroche le Goncourt.

A fin juillet 1913, huit ans après l'épisode du Grand Palais, Alain-Fournier rencontre une dernière fois Yvonne, grâce à la sœur de celle-ci, Jeanne de Quiévrecourt. Yvonne de Vaugrigneuse est désormais mère de deux enfants. Alain-Fournier la quitte donc pour toujours et noie son chagrin auprès de Madame Simone.

En début d'année 1914, Alain-Fournier ébauche une pièce de théâtre, "La maison dans la forêt", et commence un nouveau roman, "Colombe Blanchet", qui restera inachevé.

Mobilisé dès la déclaration de guerre, en août, Alain Fournier rejoint le front comme lieutenant d'infanterie. Le 22 septembre, il est tué dans le bois de Saint-Remy, près de Saint-Remy la Calonne, à la tête d'une section d'infanterie. Il n'avait pas encore vingt-huit ans. Porté disparu avec vingt de ses compagnons d'armes, son corps a été découvert dans une fosse commune où les Allemands l'avaient enterré. Il a été identifié en novembre 1991 et est maintenant inhumé dans le cimetière militaire de Saint-Remy la Calonne (Meuse).

Alain-Fournier transpose dans "Le Grand Meaulnes" les souvenirs de son enfance, de son adolescence et de sa brève idylle. Comme Eugène Fromentin dans "Dominique", ou Gérard de Nerval dans "Sylvie", il mêle aux notations réalistes la poésie née de son existence intérieure. Il donne une forme à d'anciens rêves, décrit les séductions de l'aventure, la ferveur du premier amour; il laisse aussi entrevoir les déceptions qu'apporte la vie et suggère qu'il est impossible à l'homme de préserver l'idéal imaginé dans l'élan de la jeunesse :

"Le héros de mon livre est un homme dont l'enfance fut trop belle. Pendant toute son adolescence, il la traîne après lui. Par instants, il semble que tout ce paradis imaginaire qui fut le monde de son enfance va surgir. Mais il sait déjà que ce paradis ne peut plus être. Il a renoncé au bonheur". (Lettre à Jacques Rivière, 4 avril 1910.)

 

 

 

 

Epineuil Le Fleuriel sa maison.

 

 

 

 

epineuilEpineuil-le-Fleuriel, le pays des épines fleuries… En 1891, lorsque les parents Fournier, venant de La Chapelle d’Angillon, s’installent à Epineuil pour y occuper les fonctions d’instituteurs et de secrétaires de mairie, ce village n’est qu’un petit village berrichon comme les autres. L’école, le logement de fonction des Fournier ainsi que la mairie sont des lieux austères et même pauvres.

En 1891, Henri Fournier a cinq ans. Il vit à Épineuil sept années durant lesquelles le village et ses alentours vont nourrir sa sensibilité, sa mémoire et son imagination à un tel point qu’ils vont devenir en 1912 (deux ans avant sa mort) des lieux habités par certains des personnages extraordinaires du "Grand Meaulnes", en particulier François Seurel et Augustin Meaulnes.

Contractant les distances (quatorze kilomètres séparent Épineuil de La Chapelle d’Angillon dans le roman, une centaine en réalité), déplaçant certains lieux, modifiant leurs noms, l’écrivain recrée une géographie sans rien inventer. "Dans le Grand Meaulnes, dit Isabelle, sa soeur, tout est réel et on peut visiter à pied 31 chapitres du livre, soit à l’école, soit autour de l’école."

À Épineuil aujourd’hui, on peut en effet retrouver les lieux du roman autour du lieu central qu’est la maison-école où Henri a été élève de ses parents entre 1891 et 1898.
Lorsque l’on pénètre dans l’école, on trouve au rez-de-chaussée la classe de Madame Fournier et la "grande classe" de Monsieur Fournier (l’école accueillait cent quatorze élèves dans ses deux classes). La place d’Henri était à la première table, près de la fenêtre du jardin. Au fond de la classe, une porte conduit à l’appartement composé de la cuisine, de la salle à manger, du "salon rouge", interdit à Henri et à Isabelle et réservé à l’accueil des grands-parents pour Noël, et de la chambre des parents, qui est également celle d’Isabelle. L’escalier qui part de la cuisine mène au grenier où, à côté des cartes murales, des panneaux sur les saisons de l’année et autres objets de cours, se trouve la chambre d’Henri, très froide l’hiver, très chaude l’été. La porte à petits carreaux ne ferme toujours pas.

Si les courants d’air risquent un peu moins aujourd’hui qu’hier de souffler une bougie, le pauvre mobilier et la lucarne qui ne s’ouvre que sur le ciel ne laissent d’autre issue que de se réfugier dans l’imaginaire…

 

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Pour poursuivre votre visite, consultez le blog de monsieur Michel Baranger,  ancien secrétaire de l'Association des amis
de Jacques Rivière et d'Alain-Fournier,membre de la Fédération des maisons d'écrivain & des patrimoines littéraires ici.

 

Procurez vous des  ouvrages d'Alain Fournier

 

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9 février 2008

Georges Perros - Douarnenez

 

Biographie Georges Perros.

 

 

 

gperros"Aimer lire est une passion, un espoir de vivre davantage, autrement, mais davantage que prévu".

 

 

Georges Poulot, qui prit le pseudonyme de Georges Perros, est né à Paris le 23 août 1923.

Avant d'entamer une carrière d'écrivain, il est d'abord comédien à la Comédie-Française (ce qui lui permettra de rencontrer Jean Grenier lors d'une tournée au Caire) puis, grâce à son ami Gérard Philipe, au TNP. Il y devient lecteur pour Jean Vilar et décide de se consacrer à la littérature, après avoir traduit Tchekhov et Strindberg.

Dès lors, Perros s'installera avec femme et enfants à Douarnenez à partir de 1959, devant "l'éblouissement provoqué par la mer". En 1961, il publie le premier volume de "Papiers collés", notes et réflexions griffonnées sur des bouts de papiers, des rebuts, associées à des études sur la littérature (et plus particulièrement des auteurs tels que Kafka, Rimbaud, Hölderlin, Kierkegaard..). Cet ouvrage s'interroge sur le fait d'être quotidiennement. Perros emploie tour à tour l'humour et la consternation, à travers des aphorismes ou des fragments plus long, et ce sans refuser une langue naturelle, et construit une œuvre de "journalier des pensées", proche de La Rochefoucauld, Chamfort, Joubert, voire de Cioran. Perros est aussi l'auteur de notes de critiques littéraires et télévisuelles (Télénotes).

Mais, il est également un des plus grands poètes de sa génération. Ses vers, parfois rimés, non pas avec de longues rimes riches, mais, au contraire, plates, tiennent avant tout du récit, de la prose, tel "Une vie ordinaire" (1967), sous-titré "roman poème". Il y exprime le sentiment quotidien, tout comme le fit Raymond Queneau. Il fit aussi paraître de très beaux "Poèmes bleus" (1962).

Georges Perros est mort d'un cancer du larynx en 1978, à Paris. Malade depuis 1976, il fut contraint au silence après une opération des cordes vocales. Il relata son expérience dans "L'Ardoise magique" (1978). Sa correspondance importante (avec, entre autres, Jean Grenier, Jean Paulhan, Brice Parain, Lorand Gaspar, Michel Butor...) s'ajoute à son œuvre.

 

 

Douarnenez sa maison.

 

 

Fin 1958, Georges Perros décide de s'installer à Douarnenez où il vient régulièrement séjourner depuis quelques années. C’est dans ce port du Finistère, à l’entrée du cap Sizun où la pointe du Raz est l’extrême du continent, qu’il avait choisi de vivre. Loin du Paris des intrigues littéraires, loin du théâtre où il avait fait un début, loin de ses amis. Il vivait là dans un immeuble populaire, avec une femme, trois enfants, un chien, une pipe et une moto. Il travaillait dans des chambres de circonstance empruntées à des maisons proches de la démolition. Il fréquentait les bistros du port. Il lisait beaucoup, pour la richesse des livres bien sûr, pour quelque rémunération aussi en dépouillant des manuscrits mornes. Il écrivait. Des poèmes rarement, deux livres : Poèmes bleus et Une vie ordinaire. Des notes qui finissaient par faire des livres, trois tomes de Papiers collés.

À Douarnenez, c’était M. Poulot, ainsi nommé à l’état-civil. Perros était son nom de plume. On ne savait guère qui il était. C’était un homme de mansarde. Il se blottissait sous les toits pour écrire, sous le ciel, au hasard des locations.

En premier ce sera la maison de garde de Touldriz (trou de ronces) qui tourne le dos à la route de Poullan : "Je suis installé en pleine brousse dans une petite bicoque. Deux pièces, dont une mansarde assez proche de celle de Meudon, à cela près qu'une seule fenêtre. Là bas, prise dans un coin du regard, la mer."

Georges Perros et sa famille (Tania et leurs trois enfants) après avoir habité au 3 rue Emile Zola, puis au 37 rue Anatole France, emmenagent dans une H.L.M (vache L.M écrira t il) de la cité Richepin en 1964. En juin de la même année son père disparaît, George Perros est profondément affecté par cette perte.

Puis enfin, une maison de pêcheur, aux Plomarc’h, un "penty" un peu à l’écart de la ville, au-dessus de la mer, une sorte de mansarde à ras de terre et de mer, un geste de la municipalité contre un loyer symbolique.

Il repose au cimetière de Tréboul.

 

 

 

 

Perros

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Un grand merci à Oggy pour les photos et pour la découverte de cet écrivain.

 

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10 février 2008

William Faulkner - Rowan Oak

 

Biographie de William Faulkner.

 

 

 

424px_William_Faulkner_01_KMJ"Les mots sont comme les glands... Chacun d’eux ne donne pas un chêne, mais si vous en plantez un nombre suffisant, vous obtiendrez sûrement un chêne tôt ou tard".

 

William Faulkner est né le 25 septembre1897, à New Albany, Missisippi. Il est le plus âgé des quatre fils de Murray Charles Falkner et Maud Butler Falkner. La famille cultive la mémoire de son arrière grand père, "The Colonel" qui était écrivain, avocat, homme politique, entrepreneur et militaire. Juste avant le cinquième anniversaire de William Faulkner, la famille déménage à Oxford, Mississippi. William Faulkner démontre un don artistique dès son jeune âge. Il écrit des poèmes au lycée : son style est romantique, influencé par Burns et Swinburne. Pendant sa jeunesse, il fait la connaissance d’Estelle Oldham, dont il tombe amoureux. Mais elle épousera un autre étudiant, Cornell Franklin, en 1918.

En juin 1918 il commence sa formation à la Royal Air Force au Canada. Il avait essayé d’entrer dans l’armée américaine, mais n’y avait pas été admis, étant jugé trop petit. Afin d’entrer dans la RAF, il se présente comme étant britannique, transformant son nom en  "Faulkner" pour lui donner une consonance plus anglaise. Il entame juste sa formation lorsque la guerre s’achève, avant même qu’il n’ait l’opportunité de se battre. Malgré tout il écrira plus tard ses histoires de guerre, se vantera de ses exploits, et posera avec fierté sur des photographies dans son uniforme de la RAF.

En 1919 il s’inscrit à l’université de Mississippi sous le statut spécial de vétéran de guerre. Publiant des poèmes et contes dans le journal du campus The Mississipian, il est également l’un des fondateurs du club dramatique "Les marionnettes" pour lequel il écrit une pièce d’un acte non mise en scène à l’époque. Après seulement trois trimestres d’études, il quitte Ole Miss, en 1920.

Il écrit alors de la prose et de la poésie, exerçant en même temps avec insouciance plusieurs métiers alimentaires. Receveur des postes à l’université, il oublie les lettres et passe la plupart du temps à jouer aux cartes avec ses amis. Il consent à donner sa démission en 1924. Son emploi suivant est celui de chef scout pour les Oxford Boy scouts. Encore une fois on lui demande sa démission pour "raisons morales" (probablement l’alcoolisme).

En Décembre 1924, grâce à l’aide de son ami Phil Stone, William Faulkner publie son premier recueil de poésie Le Faune de Marbre, dans une édition de 1000 exemplaires.

En 1925 il déménage à la Nouvelle Orléans : il y côtoie un groupe littéraire lié à la revue The Double Dealer, qui publie des extraits d’Ernest Hemingway, Edmund Wilson et Hart Crane. C’est dans cette revue que Faulkner publie des essais et des sketchs. Il écrit ensuite son premier roman "Monnaie de Singe", qui est accepté par l’éditeur Horace Liverright.

Après cela, Faulkner fait le tour d’Europe en bateau. Il visite l’Italie mais reste essentiellement à Paris, près des Jardins de Luxembourg, où il fait de nombreuses promenades et dont une description se trouve à la fin de Sanctuaire. Il fréquente aussi le même café que James Joyce, bien que sa timidité l’empêche de lui parler. A la fin de l’année il retourne aux Etats-Unis.

Les événements de son deuxième roman, "Les Moustiques", ont lieu à la Nouvelle Orléans, inspirés du milieu littéraire qu’y découvre Faulkner. Le roman est froidement reçu par les critiques. Déçu, William Faulkner imagine ancrer son prochain roman dans un contexte plus familier : sa région natale, son histoire et sa géographie. Il utilise en particulier les exploits du "Colonel" pour enrichir son récit. Ainsi il crée la région et le mythe de "Yoknapatawpha Country".

"Sartoris". son roman suivant, est mal accueilli. Il parvient à le publier mais au prix de coupes importantes. Ce roman est le premier de ses quinze récits situés à Yoknapatawpha Country. A nouveau découragé par la critique, il commence à reconsidérer sa carrière d’écrivain et débute alors un roman seulement écrit pour son plaisir personnel. Mais, révolutionnaire en forme et en style, empruntant à Shakespeare son thème "A tale told by an idiot", "Le Bruit et La fureur" devient l’un de ses romans les plus connus. Il est publié en 1929.

Après ce succès, William Faulkner, initié à l’argent, écrit "Sanctuaire", selon lui dans le seul but de s’enrichir. En 1930 il épouse Estelle Oldham, son amour d’enfance, qui a déjà deux enfants de son précédent mariage. Faulkner travaille alors la nuit dans une centrale, mais écrit "Tandis que j’agonise", qu’il décrit comme un tour de force en six semaines, sans y changer un seul mot. Le roman est indubitablement une oeuvre puissante et poétique au style très moderniste.

Il est publié en 1930, une année particulièrement importante pour Faulkner, notamment parce qu’il acquiert sa propriété d’Oxford. Il nomme cette maison délabrée, bâtie en 1844, Rowan Oak. L’achat de la maison le plonge dans une dette énorme, mais elle sera son refuge pour le reste de sa vie. 1930 voit la première publication d’un de ses contes dans une revue nationale, "A Rose for Emily" dans le magazine Forum. Contes qui deviendront une régulière source de revenu pour l’auteur.

En 1931 Estelle Faulkner donne naissance à une fille, Alabama, qui décède quelques jours plus tard.

En 1932 William Faulkner part à Hollywood se lancer dans une carrière de scénariste. Il signe un contrat avec Metro Goldwyn Mayer en 1931. Séjournant à New York, il y rencontre notamment la comédienne Talulah Bankhead. A Los Angeles il fait la connaissance du réalisateur Howard Hawks, avec lequel il partage un goût pour la chasse et l’aviation. Pendant les années suivantes William Faulkner écrira cinq films pour Hawks.

Quand son père meurt soudainement en août, Faulkner retourne à Oxford, mais se rend rapidement compte qu’il a besoin d’argent. Il revient à Hollywood, vend les droits de "Sanctuaire" qui devient un film intitulé "The Story of Temple Drake" en 1933. Cette année est marquée par le bonheur et la tragédie. Sa seule fille Jill est née, mais son frère meurt cruellement dans un accident de Waco Monoplane que William lui avait offert.

Son prochain projet est encore hollywoodien, cette fois pour la 20th Century Fox, toujours avec Howard Hawks.

La vie de William Faulkner est marquée par alcoolisme. Il boit avec frénésie et se rend périodiquement en cure au Wrights Sanatorium, à Byhalia, Mississippi. Cette fois-ci, sa crise d’alcoolisme coïncide avec la fin du manuscrit du roman intitulé originellement Dark House, qui devient "Absalon Absalon". Ce roman parle d’histoire, de famille et de race.

En 1939 William Faulkner est élu au National Institute of Arts and Letters et Les Palmiers Sauvages est publié. En 1940 il introduit la famille des Snopes dans le roman "Le Hameau" publié par Random House. Les Snopes représentent pour Faulkner une classe ouvrière "redneck" essayant de monter l’échelle sociale sans respect pour leur patrimoine ou leur lignage du Sud.

Durant cette période les ventes de ses romans baissent. Il évite la précarité du monde littéraire en retournant à Hollywood pour écrire plusieurs scénarios, cette fois-ci pour la Warner Bros. Il écrit en 1943 "To Have and Have Not", le premier film réunissant Lauren Bacall et Humphrey Bogart. En 1944 il porte à l’écran le roman de Raymond Chandler, "The Big Sleep", avec encore Bacall et Bogart. Il collabore enfin avec Jean Renoir sur le film "The Southerner" qui sort en 1945. Ces trois films représentent l’apogée de sa carrière de scénariste.

Vers 1945, William Faulkner n’est plus particulièrement connu pour son oeuvre littéraire, et son public disparaît. Il correspond cependant avec Malcolm Cowley, qui publie The Portable Hemingway pour Viking Press. Cowley suggère à Faulkner de publier une édition semblable. "The Portable Faulkner" contient des romans et des fragments qui représentent à peu près la chronologie de la saga de Yoknapatawpha County. Publié en 1946, "The Portable Faulkner" ressuscite l’intérêt populaire et critique pour ses livres.

En 1949 l’Académie suédoise lui décerne le Prix Nobel. Il refuse tout d’abord de se rendre à Stockholm, mais après la pression de l’US State Department, de l’ambassadeur suédois des Etats-Unis, et de sa propre famille, il accepte d’y aller. Il boit considérablement avant son discours d’acceptation. Un membre de sa famille essaye même de lui mentir sur la date afin de prévenir quelque excès d’alcoolisme, mais Faulkner s’en aperçoit. Il prononce le discours d’un ton marmonnant, à peine audible. Le lendemain quand celui-ci est publié, est reconnue très rapidement la teneur de ses mots. Aujourd’hui ce discours d’acceptation est considéré comme l’un des meilleurs qui soient.

Les années 1950 offrent à Faulkner plus de succès et de reconnaissance sur le plan international. En novembre 1953, l’agent d’Albert Camus lui écrit pour obtenir le droit d’adapter "Requiem pour une nonne" au théâtre : en 1956 la pièce a sa première au Théâtre des Mathurins. En 1954 Faulkner assiste à une conférence internationale d’écrivains. En même temps il commence à parler plus publiquement de politique et surtout de ségrégation. En 1955 il voyage au Japon, à Manille et en Italie. A Rome il écrit un article condamnant le meurtre d’Emmett Till, adolescent noir originaire de Chicago brutalement assassiné au Mississippi. Bien que Faulkner marque son opposition à la ségrégation, il est contre l’idée d’une intervention fédérale. Pour cette raison, il est critiqué par le mouvement pour les droits civils et par les conservateurs du sud. En 1957 il part en résidence à l’université de Virginia, à laquelle il lègue ses manuscrits.

En juin 1961 Faulkner se blesse en tombant de cheval. Il demande à être emmené au Wright’s Sanatorium, pour la première fois de sa propre volonté. Le 6 juillet (date anniversaire du Colonel), il meurt d’une crise cardiaque.

 

 

Rowan Oak sa maison.

 

 

 

414320542_d1590af856Rowan Oak: c'est ici que bat le cœur du Mississippi. Et d'une partie de l'Amérique, celle qui lit. Dans cette demeure coloniale faite de bardeaux peints en blanc, vécut pendant trente-deux ans William Faulkner, le génie du Sud. La vieille propriété, silencieuse et spartiate, garde les secrets de la vie solitaire de Faulkner, le souvenir des soirées où le Prix Nobel de littérature buvait en costume à martingale jusqu'à l'autre bout de la nuit.

Rien n'a changé. Les murs conservent encore, tracés de la main de Faulkner, les plans de "Parabole". La vieille machine à écrire est à sa place, sur le bureau de bois où furent écrits la trentaine de chefs-d'œuvre qui composent l'une des œuvres les plus singulières du XXe siècle. Sur les rayonnages de la bibliothèque, intacte, on retrouve les "Mémoires" de Saint-Simon (en édition française) achetés lors d'un séjour à Paris, à côté de "Don Quichotte", des tragédies de Shakespeare et de dizaines de romans policiers, les seuls livres que Faulkner, à la fin de sa vie, lisait avec plaisir.

En pénétrant ici, on a l'impression de fouler un sanctuaire. Peut-être les colonnes doriques et l'architecture "Greek Revival", si prisée aux Etats-Unis à la fin des années 1860, y sont-elles pour quelque chose. A moins que cette étrange puissance ne vienne de l'ombre, écrasante, du maître des lieux.

William Faulkner s'est porté acquéreur en 1930 pour la somme de 6000 $, d'une maison construite en 1844. Il l'a rénovée, l'à entourée de cornouillers et d'azalées et lui a donné un nom : Rowan Oak, en hommage à la légende de l'arbre Rowan, perçu par les peuples celtiques comme ayant des pouvoirs magiques.

Jamais bien accepté et toujours mal aimé et mal compris de son vivant, Faulkner vit sa gloire de manière posthume. Depuis 1962, il repose au magnifique cimetière d'Oxford où ses lecteurs viennent nombreux se rfecueillir devant sa pierre tombale. Ils y jettent des pièces de monnaies pour permettre à l'auteur dont l'inspiration se trouvait souvent mêlée aux vapeurs de l'alcool, de s'acheter un petit "drink".

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Visite interactive de Rowan Oak.

Vidéo de Rowan Oak.

 

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13 février 2008

Agatha Christie - Greenway House

 

Biographie d'Agatha Christie.

 

 

 

"Ce n'est pas parce qu'un problème n'a pas été résolu qu'il est impossible à résoudre".

 

agatha_christieAgatha Mary Clarissa Miller naquit en 1890 à Torquay, au coeur de la Riviera anglaise. Autour d'elle règnait le confort. Dans son autobiographie, écrite soixante dix ans plus tard, elle raconte longuement cette période idyllique passée entre sa nurse, ses poupées, son chien Toby et ses parents collectionneurs de porcelaine. Elle n'allait pas à l'école mais s'en était inventé une, peuplées d'amies fictives. La petite avait une imagination enfiévrée, nourrie des contes puisés dans la bibliotheque familiale.

 

 

 

Très tôt, cette fille de rentiers élevée dans un cocon rassurant développa une fascination pour le mystère et les situations macabres. Encouragée par sa mère, elle se mit à écrire sans songer alors à devenir écrivain: à seize ans, elle entretenait des rêves plus concrets.
Après quelques mois de "chasse au mari", Agatha trouva son idéal en la personne d'Archibald Christie,séduisant aviateur appartenant au Royal Flying Corps. Elle avait vingt-deux ans, lui vingt-trois, et la Première Guerre mondiale était sur le point d'éclater. Son fiancé appelé au front, la jeune Agatha s'engagea comme infirmière volontaire au dispensaire de Torquay où elle se prit d'un intérêt subit pour les poisons.

C'est pendant la guerre qu'elle écrivit un premier roman, qui ne fut jamais publié. Sa soeur l'ayant mise au défi de parvenir à ficeler une intrigue qu'on ne parviendrait pas à élucider avant les dernières pages, elle en entama un deuxième: "La mystérieuse affaire de Styles", dont le héros, un détective maniéré et perspicace, portait le nom d'Hercule Poirot. Pendant quinzes jours, n'arrivant plus à travailler, elle déserta le dispensaire de Torquay pour taper sur sa machine portative dans une chambre d'hôtel. Le manuscrit, envoyé à quatre éditeurs, ne parut qu'en 1920 ; mais sa voie était tracée. Agatha Christie n'arrêtera plus d'écrire. Son entêtement et son imagination allaient la rendre célèbre.

De livre en livre, elle sut raffiner les charmes subtils du roman policier, atteignant, dès 1926, des records mondiaux de tirages. Elle parvenait à merveille à distiller une imagerie anglaise rassurante et conventionnelle, semblable à la vie douillette qu'elle avait toujours connue, à montrer comment une existence paisible et ordonnée peut soudainement être troublée par l'irruption du sang et du crime. Heureusement, Hercule Poirot ou Miss Marple étaient toujours là pour rétablir l'ordre..

En 1926, l'année même du premier succès, la vie d'Agatha faillit basculer, comme dans un de ses romans. En réalité, tout n'allait pas si bien: sa mère morte depuis peu, le roman en chantier qui n'avançait pas, l'infidélité avouée de son mari...il était temps de mettre un peu de romanesque dans ce pénible hiver. Le 3 décembre, Agatha Christie disparut. Le lendemain, on retrouva sa voiture abandonnée près d'un étang, avec son manteau de fourrure et ses papiers...

La police dragua l'étang, les journaux publièrent sa photo et promirent des récompenses. On la retrouva onze jours plus tard dans l'hôtel d'une station balnéaire chic, où elle s'était inscrite sous le nom de la maîtresse de son mari! Agatha prétendit ne se souvenir de rien et, volontairement ou non, maintint cet oubli jusqu'à sa mort : elle ne dit pas un mot de cet épisode dans son autobiographie, et nous laisse le soin de décider si son imagination fertile lui a joué des tours ou si elle s'en est simplement servie...

Après sa mort, on trouva dans ses papiers, cette note : “La clef du mystère de ma disparition, se trouve dans ma chambre du Péra Palace à Istamboul”. Des recherches furent entreprises et on trouva, derrière la porte dans le parquet : une cache. Dans cette cache : une clef.... la clef du mystère...

Divorcée, elle partit seule en voyage à bord de l'Orient Express et rencontra à Bagdad un archéologue de quinze ans plus jeune qu'elle. Coup de foudre: elle passera avec lui le reste de son existence. "La seule vertu qui ne me sera jamais contestée est bien l'espérance", assurait-elle. Chaque année, ils retournèrent en Irak, partageant le reste de leur temps entre une maison au bord de la Tamise et une autre à Darmouth, dans le Devon natal de la romancière.

Car Lady Agatha (elle fut anoblie par la Reine en 1971) était passionnée de maisons et de jardins bien plus que de voyage et de villes. "Dans les villes, j'existe, tandis qu'à la campagne, je vis". Greenway House, sa dernière acquisition, comblait son besoin très marqué d'un cadre rassurant et bucolique: "Une maison géorgienne blanche, datant de 1780, avec des bois qui descendaient jusqu'à la Dart...La maison idéale, une maison de rêve". Rien ne lui procurait autant de bonheur que les moments tranquilles de la vie quotidienne, passés dans l'une ou l'autre de ses maisons. Faire des promenades en voiture, jardiner dans la serre, pique-niquer sur la plage, s'occuper de sa fille Rosalind ou, bientôt, de son petit-fils...et s'enfermer dans une pièce pour s'adonner à son plaisir secret, l'écriture.

La romancière à succès avait aussi une face cachée: Mary Westmacott, pseudonyme sous lequel sont parus ses écrits les plus personnels. "Loin de vous ce printemps", par exemple, "le seul livre qui m'ait complètement satisfaite", est le monologue enfièvré d'une femme blessée par la vie, un roman écrit en trois jours et trois nuits dans une sorte de transe. "Je suis une machine à saucisse, confia-t-elle, non sans humour. Dès qu'une intrigue a été mise en forme, une autre s'amorce et je me remets au travail". Il lui arriva ainsi d'écrire jusqu'à quatre romans en une année. Sa fortune considérable lui permettait de céder les droits de certaines oeuvres à des fondations ou a des amis. De 1954 jusqu'à sa mort en 1976, à l'âge de 86 ans, elle se contenta d'un roman par an-régularité qui permit à son éditeur de promettre jusqu'à la fin "a Christie for Christmas", un Christie pour Noël.

Diffusée à travers le monde à plus de deux milliards d’exemplaires, son œuvre policière est traduite dans une vingtaine de langues. Agatha Christie a fait paraître, d’autre part, des romans, sous le nom de Mary Westmacott: "Loin de vous ce printemps" (Absent in the Spring , 1944); "The Rose and the Yew Tree" (1948), des poèmes, des nouvelles ainsi qu’une autobiographie. Elle laissera à ses héritiers la charge de publier après sa mort un dernier roman, écrit en 1940, conservé plus de trente ans dans un coffre de banque, "Hercule Poirot quitte la scène" (Curtain: Poirot’s last Case , 1976), dans lequel disparaît après elle le plus célèbre de ses détectives.

 

 

 

Greenway House sa maison.

 

 

 

agatha_greenway_house_465x320Torquay, cité balnéaire aux blanches villas de stuc érigées pour le bon plaisir des épouses des officiers de la Royal Navy, se flattait d'accueillir le plus grand nombre de têtes couronnées (et de souverains déchus) d'Europe. Mais la vraie reine, ici, c'est la "reine du crime": Agatha Christie, née Miller, en 1890, dans cette station de la vieille Angleterre.

Le Devon, sa région natale, tant prisée par les touristes de la Belle Epoque, apparaît dans une quinzaine de romans, de façon souvent déguisée mais identifiable par le lecteur familier des criques isolées, grottes et hôtels rocambolesques propices aux complots, coups de théâtre et découvertes macabres.

Torquay, la "Belle Endormie" est propice à la rêverie. En longeant la promenade plantée de palmiers tropicaux, le pavillon de musique ouvragé comme une sculpture de sucre glace et le joli port niché dans le pli des collines, on imagine l'atmosphère précieuse et mondaine des années 1900. Et, en déambulant sur Princess Pier, la longue jetée de bois gansée d'une rambarde de fer forgé, on se prend à regretter l'interdiction des patins à roulettes, le hobby d'Agatha, qu'elle pratiquait en jupe longue.

Sa maison natale a disparu, mais son refuge de Greenway House surplombe toujours la rivière Dart, à quelques kilomètres de là: un beau domaine, acheté en 1938 avec l'archéologue Max Mallowan, son deuxième mari. Ils partageaient leur vie entre les chantiers de fouilles au Moyen-Orient, Londres et ce petit paradis qu'ils retrouvaient l'été. Le luxuriant jardin abrite des essences d'arbres rares et des buissons de fleurs amoureusement entretenus par le couple jardinier. La vie paisible d'Agatha dans ces lieux se devine au détour des sentiers: le mini-terrain de croquet, le petit cimetière des animaux ou l'alcôve de pierre au bord de l'eau, sous les magnolias, face aux tendres collines du Dartmoor, dont les landes virent au violet au soleil couchant. Les coquilles de noix amarrées dans le lit de la rivière montent et descendent avec la marée, comme l'eau dans le réservoir de la ravissante annexe en bas de la propriété. Alors que les hommes s'ébrouaient dans la vase, les femmes se baignaient dans cette piscine intérieure, où l'auteur n'a pas pu s'empêcher de mettre en scène le meurtre de Poirot joue le jeu.

Greenway House à été la propriété de plusieurs famille au cours de ses 500 ans d'existence.

De 1493-1700 : Les Gilberts

De 1700-1791 : Les Roopes

De 1791-1832 : Les Eltons

De 1832-1851 :Colonel Caroyon

De 1851-1882 : Les Harveys

De 1882-1937 : Les Bolithos et Williams

De 1938-1959 : Les Mallowan (Agatha Christie et son mari)

De 1959-2000 : Les Hicks et Pritchard

Depuis 2000 : Le National Trust en a la garde.

 

 

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20 février 2008

Honoré de Balzac - Rue Raynouard Paris

 

Biographie de Honoré de Balzac.

 

 

 

HBalzac"Le livre vaut-il le glaive, la discussion vaut-elle l'action ?"

 

 

Fils de Bernard François Balssa, administrateur de l'hospice de Tours, et de Anne Charlotte Sallambier, Honoré de Balzac est l'aîné de trois enfants (Laure, Laurence et Henry). Laure est de loin sa préférée. Il y a entre lui et sa sœur Laure Surville une complicité, une affection réciproque qui ne se démentit jamais. Elle lui apportera son soutien à de nombreuses reprises : elle écrit avec lui, et en 1858, elle publie la biographie de son frère.

De 1807 à 1813, Honoré est pensionnaire au collège des oratoriens de Vendôme puis externe au collège de Tours jusqu'en 1814, avant de rejoindre cette même année, la pension Lepitre, située rue de Turenne à Paris, puis en 1815 l'institution de l'abbé Ganser, rue de Thorigny. Les élèves de ces deux institutions du quartier du Marais suivaient en fait les cours du lycée Charlemagne. Le père de Balzac, Bernard François, ayant été nommé directeur des vivres pour la Première division militaire à Paris, la famille s'installe rue du Temple, dans le Marais, qui est le quartier d'origine de la famille (celui de la grand mère Sallambier).

Le 4 novembre 1816, Honoré de Balzac s'inscrit en droit afin d'obtenir le diplôme de bachelier trois ans plus tard, en 1819. En même temps, il prend des leçons particulières et suit les cours à la Sorbonne. Toutefois, son père jugeant qu'il fallait associer le droit pratique à l'enseignement théorique, Honoré passe ses trois ans de droit chez un avoué, ami des Balzac, Jean-Baptiste Guillonnet-Merville, homme cultivé qui avait le goût des lettres. Le jeune homme exercera le métier de clerc de notaire dans cette étude où Jules Janin était déjà saute-ruisseaux. Il utilisera cette expérience pour créer le personnage de Maître Derville et l'ambiance chahuteuse des saute-ruisseau d'une étude d'avoué dans "le Colonel Chabert". Une plaque rue du Temple à Paris témoigne de son passage chez cet avoué, dans un immeuble du quartier du Marais.

C'est en fréquentant la Sorbonne que le jeune Balzac s'éprend aussi de philosophie. Comme il affirme une vocation littéraire, sa famille le loge dans une mansarde et lui laisse deux ans pour écrire : Balzac s'efforce de rédiger une tragédie en vers, dont le résultat, "Cromwell", se révèle décevant. L'ouvrage est médiocre et ses facultés ne s'épanouissent pas dans la tragédie.

Il se tourne vers une autre voie, celle du roman. Après deux tentatives maladroites mais proches de sa vision future, il se conforme au goût de l'époque et publie des romans d'aventure, qu'il rédige en collaboration et caché sous un pseudonyme. Cette besogne n'est guère palpitante mais forge déjà son style. En 1822, il devient l'amant de Laure de Berny, "La Dilecta", qui l'encourage, le conseille, lui prodigue sa tendresse et lui fait apprécier le goût et les mœurs de l'Ancien Régime. Début 1825, toujours méconnu mais désireux de gloire, Balzac s'associe à un libraire et achète une imprimerie : il fréquente ainsi les milieux de l'édition, de la librairie, dont il dressera d'ailleurs une satire féroce et précise dans les "Illusions perdues". Son affaire se révèle un immense échec financier : il croule sous une dette s'élevant à cent mille francs. Rembourser cette somme sera pour lui un souci perpétuel.

Après cette faillite, Balzac revient à l'écriture, pour y connaître enfin le succès : en 1829, il offre au public la "Physiologie du mariage", considérée comme une "étude analytique", et le roman politico-militaire "les Chouans". Ces réussites sont les premières d'une longue série, jalonnée d'œuvres nombreuses et denses : la production de Balzac est l'une des plus prolifiques de la littérature française. Il continue de voyager et de fréquenter les salons, notamment celui de la duchesse d'Abrantès, avec laquelle il avait commencé une orageuse liaison en 1825 et à qui il tenait lieu également de conseiller et de correcteur littéraire. La dédicace de "la Femme abandonnée" s'adresse à elle.

En 1832, intéressé par une carrière politique, il fait connaître ses opinions monarchistes et catholiques et repose sa doctrine sociale sur l'autorité politique et religieuse. En janvier 1833, il commence sa correspondance avec la comtesse Hańska, une admiratrice polonaise. Il ira la voir plusieurs fois, en Suisse, en Saxe et même en Russie. Sa correspondance avec elle s'échelonne sur dix-sept ans, réunie après sa mort sous le titre "Lettres à l'étrangère".

De 1830 à 1835, il publie de nombreux romans : "la Peau de chagrin" (1831), "Louis Lambert" (1832), "Séraphîta" (1835), "la Recherche de l'absolu" (1834, 1839, 1845), qu'il considère comme des romans philosophiques. Dans "le Médecin de campagne" (1833), il expose un système économique et social. "Gobseck" (1830), "la Femme de trente ans" (1831), "le Colonel Chabert" (1832-35), "le Curé de Tours" (1832) inaugurent la catégorie "études de mœurs" de son œuvre. Dans cette même voie, il approfondit encore le réalisme de ses peintures et dessine de puissants portraits de types humains. Avec "Eugénie Grandet" (1833) et "le Père Goriot" (1834-1835), il offre consécutivement deux récits, plus tard élevés au rang de classiques. Il reprend en décembre 1835 la revue la Chronique de Paris, dont la publication est suspendue six mois plus tard : ses dettes sont encore alourdies par ce désastre, mais cela n'a aucune répercussion sur son activité littéraire.

"Le Père Goriot" marque d'ailleurs le retour de protagonistes déjà connus : Balzac va désormais lier entre eux les récits, en employant plusieurs fois les mêmes figures, creusant leur personnalité. Cette récurrence de personnages l'amène à penser la composition d'une œuvre cyclique "faisant concurrence à l'état civil". Il rêve d'un ensemble bien organisé, segmenté en études, qui serait la réplique de sa société. Il veut embrasser du regard toute son époque et l'enfermer dans sa "Comédie humaine". Toutefois, en 1837, le titre qu'il envisage est plus austère : "Études sociales".

Il continue l'élaboration de son récit, taillant les pierres qui formeront son édifice : il publie "le Lys dans la vallée" (1835-1836), "Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau" (1837), "la Maison Nucingen" (1838), "le Curé de village", "Béatrix" (1839), "Ursule Mirouët" (1841).

La rédaction des "Illusions perdues" s'étend de 1837 à 1843.

En 1838, avec notamment Victor Hugo, Alexandre Dumas et George Sand, il fonde la Société des gens de lettres (actuellement sise en l'Hôtel de Massa, rue Saint-Jacques à Paris), association d'auteurs destinée à défendre le droit moral, les intérêts patrimoniaux et juridiques des auteurs de l'écrit. Il en deviendra le président en 1839.

En 1842, "les Études sociales" deviennent "la Comédie humaine". Les publications continuent, à un rythme régulier.

En 1847 et 1848, Balzac séjourne en Ukraine chez la comtesse Hańska. De plus en plus souffrant, Honoré de Balzac épouse Mme Hańska à Berditchev le 14 mai 1850 et les époux s'installent à Paris le 21 mai. Il meurt le 18 août 1850 à 23 heures 30, trois mois plus tard, éreinté par les efforts prodigieux déployés au cours de sa vie. Son œuvre, si abondante et si dense, exigeait un travail vorace. La rumeur voudrait qu'il eût appelé à son chevet d'agonisant Horace Bianchon, le grand médecin de "La Comédie humaine" : il avait ressenti si intensément les histoires qu'il forgeait que la réalité se confondait à la fiction. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 48), où Victor Hugo prononça un discours en forme d'oraison funèbre.

En 1855, Mme de Balzac publie "les Paysans" (écrit en 1844 et inachevé). En 1854, Charles Rabou complète et publie "le Député d'Arcis" (écrit en 1847 et inachevé) et "les Petits bourgeois" (inachevé). En 1877 sont publiées ses œuvres complètes, en 24 volumes.

 

 

 

Sa maison rue Raynouard à Paris.

 

 

 

 

paris_16_011Située au coeur de l'ancien village de Passy, la Maison de Balzac occupe les dépendances d'une "folie" édifiée à la fin du XVIIIè siècle. Poursuivi par ses créanciers, Balzac y trouva refuge le 1er octobre 1840. Il devint locataire d'un appartement de cinq pièces, situé en rez-de-jardin. Caché sous le pseudonyme de "M. de Breugnol", le romancier vécut sept années dans cet "abri provisoire", dont il apprécia la commodité. Longeant en contrebas la pittoresque rue Berton, Balzac pouvait aisément rejoindre la barrière de Passy et gagner le centre de Paris. Il avait également la jouissance du jardin, dont il goûtait le calme, tout en cueillant pour Madame Hanska le lilas et les premières violettes "venues au soleil de Paris dans cette atmosphère de gaz carbonique où les fleurs et les livres poussent comme des champignons".

Mais la maison de Passy fut surtout le lieu d'un travail acharné: "Travailler, c'est me lever tous les soirs à minuit, écrire jusqu'à huit heures, déjeuner en un quart d'heure, travailler jusqu'à cinq heures, dîner, me coucher, et recommencer le lendemain". Le cabinet de travail, heureusement préservé, a conservé la petite table de l'écrivain, "témoin", écrit-il à Madame Hanska, "de mes angoisses, de mes misères, de mes détresses, de mes joies, de tout... Mon bras l'a presque usée à force de s'y promener quand j'écris". C'est sur cette table en effet que Balzac corrigea l'ensemble de sa "Comédie humaine" et écrivit quelques-uns de ses plus grands chefs d'oeuvre: "Une ténébreuse affaire", "La Rabouilleuse", "Splendeurs et misères des courtisanes", "La Cousine Bette", "Le Cousin Pons"...

La Maison de Balzac comprend aujourd'hui, outre l'appartement de l'écrivain, les diverses pièces et dépendances occupées à l'origine par d'autres locataires. Elle s'étend sur trois niveaux, au flanc du coteau de Passy. Devenue un musée littéraire, les salles sont divisées par thèmes relatifs à l’oeuvre ou à la vie de Balzac.

On commence par un vestibule ornementé d’une maquette de la maison. Puis vient la présentation des fréquentations de l’auteur. Car, bien que travaillant dans la solitude, Honoré de Balzac frayait avec les grands de ce monde, comme l’atteste le portrait de Louis-Philippe.

S’ensuit la salle dressée en l’honneur de Madame de Balzac, ex Madame Hanska, que l’écrivain épouse après dix-huit années de correspondance passionnée!

L’aventure commence lorsqu’en mars 1832 une lettre en provenance d’Odessa parvient à H. de Balzac. Elle est signée "L’Etrangère". Eve Hanska, jeune femme de la noblesse polonaise, est pourtant mariée et a déjà une fille. Sa condition de naissance ne l’empêche pas de commettre quelques infidélités romantiques avec l’écrivain français à Neuchâtel, Genève, Saint-Petersbourg, Dresde, et enfin Paris.

Afin de loger Madame dans les conditions qui lui sied  "la cabane de Passy" étant evidemment trop rudimentaire pour sa condition, Honoré de Balzac lui achète un hôtel particulier (mais comment ses supposés créanciers ont-ils pu fermer les yeux?!) rue Fortunée, rebaptisée aujourd’hui rue Balzac (VIIIè arrondissement parisien). Une porte magnifiquement marquetée prouve la finesse de goût de l’auteur, qui a personnellement conçu la décoration intérieure pour combler sa "blanche et grasse volupté d’amour".

Cette pièce expose également la fameuse "canne à ébullition de turquoises", souvent citée dans sa correspondance, à la fois emblème du dandy et marque d’amour pour Madame Hanska, dont le collier de jeune fille orne le bout de la cane, ce qui fit l’objet de nombreuses caricatures de l’époque.

 

Mais la pièce clef de ce musée littéraire reste le cabinet de travail de Balzac, constitué des meubles d’époque. Sombre, éclairé par une seule lampe, dans les conditions mêmes où l’écrivain produisit tant de pages, le cabinet respire un autre siècle. Il diffuse l’esprit de génie et le labeur d’un homme qui travaillait jusqu’à 22 heures par jour. "C’est la copie qui me mène, il en faut 16 ou 20 feuillets par jour, et je les fais, et les corrige" (1846).

C’est ici, loin de l’agitation mondaine parisienne, que Balzac écrit sa "Comédie Humaine" et quelques unes de ses autres grandes oeuvres telles que "Splendeurs et Misères des courtisanes" (1847).

Grâce aux "torrents d’eau noire", maintenue au chaud dans une cafetière en porcelaine marquée aux initiales de l’écrivain, Balzac se surmène intellectuellement. Perfectionniste, il reprend jusqu’à vingt fois une même page. "Me voici ce soir bien triste", écrit-il à Madame Hanska en 1835, "Le vent d’Est souffle, je n’ai aucune force. Je n’ai pas encore retrouvé la puissance de travail; je n’ai ni inspiration, ni rien de fécondateur. Cependant, la nécessité est extrême. Je vais me remettre au café".

Pourtant conscient des effets nocifs de l’excès de cet "excitant moderne", comme le révèle son "Traité" sur le sujet (1839) - illustré au sous-sol par Pierre Alechinsky - Honoré de Balzac meurt prématurément, à l’âge de 51 ans (1850), éreinté par son inspiration créatrice. L’écrivain ressent si profondément les histoires qu’il invente qu’il aurait - selon la petite histoire - fait appeler à son chevet le médecin de la "Comédie Humaine", Horace Bianchon.

Honoré de Balzac affirmait que - contrairement à la position académique qui réduit l’auteur à un réaliste - "la mission de l’art n’est pas de copier la nature mais de l’exprimer". Pour cela, "nous avons à saisir l’esprit, l’âme, la physionomie des choses et des êtres”. (Balzac, Le Chef-d’oeuvre inconnu).

La dernière salle est donc logiquement consacrée aux statues représentant l’écrivain. "Plus que personne, j’aime la statuaire, car je comprends le monde d’idées qui s’enfouit dans les travaux cachés qu’elle exige" (Balzac au sculpteur Etex, 1842).
Génèse d’une tragi-comique histoire. Zola s’indigne qu’aucune statue n’honore le "grand romancier du siècle". La Société des Gens de Lettres réagit en confiant à Henri Chapu une sculpture du défunt. L’artiste meurt inopinément en 1891 laissant derrière lui une simple esquisse. Auguste Rodin est saisi de la commande. Sa conception érotique choque et son projet est refusé (1898). Alexandre Falguière reprend le flambeau; mais il meurt en 1900. L’oeuvre est finalement terminée en 1902 par Paul Dubois.
Le maître mué en pierre peut alors rejoindre ses personnages gravés (sur bois) de la "Comédie Humaine", présentés dans l’une des salles avec une frise généalogique.

Le visiteur pourra voir de célèbres portraits de l'écrivain, exécutés par David d'Angers, D'antan, Rodin ou Falguière. Peintures, estampes, documents évoquent la famine du romancier, ses proches, ses contemporains, et ses domiciles parisiens qui ont aujourd'hui tous disparu. Les collerions du musée comprennent enfin de nombreux documents littéraires: manuscrits, lettres autographes, éditions originales, livres rares provenant de la bibliothèque personnelle de Balzac...

La généalogie des personnages de "La Comédie Humaine" est représentée par un tableau long de 14,50 m où sont référencés 1 000 personnages sur les 4 à 6 000 de "La Comédie humaine". Cette réalisation exceptionnelle permet de mesurer l'immensité de l'oeuvre "plus vaste que la cathédrale de Bourges" édifiée dans cette maison de Passy.

 

"Je tiens à une maison calme, entre cour et jardin, car c’est le nid, la coque, l’enveloppe de ma vie".

"Quand nous avons fait quelques pas dans la vie, nous connaissons la secrète influence exercée par les lieux sur les dispositions de l’âme".

 

"Une fois la porte ouverte, une odeur délicieuse flattait l’odorat de l’homme de goût, - comme cette odeur des pommes vertes dont il est question dans le livre de Salomon. C’était un office où sur des tablettes soigneusement dressées on admirait toutes les variétés possibles de poires de Saint-Germain qu’il est possible de se procurer. Balzac, avec son sourire rabelaisien, drapé de sa robe de chambre en cachemire, vous recevait ensuite, et vous arrêtait quelque temps à une appréciation savante des diverses qualités de ses poires".(Gérard de Nerval, Oeuvres complètes).

Une demeure ancienne, décidément hors du temps, où réalité et fiction se confondent.

 

 

 

 

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31 mars 2008

Alfred de Vigny - Le Maine Giraud

Biographie d'Alfred de Vigny.

 

 

 

Alfred_de_Vigny"L'espérance est la plus grande de nos folies".

 

Alfred de Vigny est né à Loches, en Touraine, le 27 mars 1797. Son père, ancien officier issu d’une famille de la noblesse, l’élève dans le goût des faits d’armes et les valeurs aristocratiques. Sa mère, apparentée aux Bougainville, l’initie à la littérature et aux arts. Installé à Paris à partir du mois de février 1799, Alfred de Vigny est placé à la pension Hix en 1807. Le jeune homme poursuit ensuite ses études au Lycée Bonaparte (aujourd'hui Lycée Condorcet) à partir de 1811. Au milieu des railleries de ses camarades, que dérange son allure efféminée, il y reçoit une formation classique jusqu'en 1813.

Avec la chute de l’Empire en 1814, il entre, après avoir songé à intégrer l’École Polytechnique, dans les Compagnies Rouges, les Gendarmes du Roi, avec le grade de sous-lieutenant. Le 20 mars 1815, il accompagne ainsi le roi Louis XVIII sur le chemin de l’exil pendant les Cent Jours. Au mois de septembre suivant, sa compagnie étant licenciée, la carrière militaire du jeune officier est interrompue. Son père décède en 1816, tandis que sa mère intervient avec succès pour lui obtenir une autre affectation. Au mois d'avril de la même année, Alfred de Vigny est versé dans l’infanterie, le 5ème régiment de la Garde. Commence alors une vie morne de garnison.

Alfred de Vigny s’essaie à cette époque à la littérature. Il écrit quelques tragédies. Au mois de décembre 1820, est publié son premier poème, "Le Bal". Il fréquente également les salons mondains, en compagnie d'Alexandre Dumas et d'Alphonse de Lamartine. Le poète collabore bientôt aux premières revues romantiques, Le Conservateur littéraire ou La Muse française. Tandis qu’il est nommé à l'ancienneté au grade de lieutenant de régiment, un recueil de vers, "Poèmes", paraît au mois de mars 1822. Le 12 octobre de la même année, Alfred de Vigny est sollicité par Victor Hugo, dont il a fait la connaissance quelques mois auparavant, afin d’être le témoin de son mariage avec Adèle Foucher. En 1823, le capitaine Vigny quitte Paris et la bohème littéraire et gagne Bordeaux avec son régiment, espérant participer à l’expédition en Espagne décidée par François-René de Chateaubriand, alors ministre des Affaires étrangères. L’officier doit cependant renoncer à ses rêves de gloire. Il reste cantonné à Oloron.

Ses demandes de congé se multiplient alors. En avril 1824, il fait publier "Eloa", un poème d’inspiration biblique. Le 8 février 1825, Alfred de Vigny se marie au temple de Pau avec une jeune anglaise en villégiature, Lydia Bunbury. La cérémonie catholique a lieu le 15 mars suivant à Paris où le couple s’installe. L’année 1826 consacre la notoriété littéraire du poète. Au mois de janvier, il publie un recueil de vers, "Les Poèmes antiques et modernes", contenant "Moise" et "Le Cor". Au printemps, son premier roman, "Cinq Mars", connaît également le succès en librairie. Peu après, Vigny rencontre d'ailleurs Walter Scott à Paris, dont il considéré comme l'émule français. Après avoir effectué une demande de réforme pour raison de santé, l’officier qu’ennuie la vie militaire est démobilisé en avril 1827.

Alfred de Vigny s’essaie alors à la traduction en vers d’œuvres de Shakespeare : "Roméo et Juliette", "Le Marchand de Venise" et "Othello". Ceci contribue ainsi à faire connaître le dramaturge du public français. Après les Trois Glorieuses et la chute de Charles X, Alfred de Vigny commande une compagnie de la Garde nationale. A ce titre, il participe à la répression des mouvements populaires et est invité à dîner à la table de la nouvelle famille royale en 1831. Vigny s’éprend bientôt d’une actrice en vogue, Marie Dorval. Leur liaison reste secrète cependant ; le poète doit également soigner sa mère et sa femme, toutes deux souffrantes. En juin 1831, une pièce de théâtre historique, "La Maréchale d‘Ancre", est jouée à l’Odéon. L’année suivante voit la publication de "Stello". De 1833 à 1834 paraissent également en récit dans la Revue des Deux Mondes les souvenirs de l’ancien officier, "Servitude et Grandeur militaires". A partir du 12 février 1835 enfin, un drame, "Chatterton", est représenté au Théâtre-Français. C’est un triomphe pour l’auteur et pour sa maîtresse qui joue dans la pièce le rôle de Kitty Bell.

L’année suivante, tandis que la comédienne est en tournée dans toute la France, Alfred de Vigny voyage et se rend à Londres pendant l'été. Sa mère décède en 1837. Puis la rupture est bientôt consommée avec l’infidèle Marie Dorval, c’est la fin d’une liaison passionnée et orageuse. Au mois de septembre 1838, le poète se retire alors dans son domaine du Maine-Giraud en Charente. Il s’occupe à faire-valoir ses terres, installant une distillerie qui produit du cognac et lui fournit d'appréciables revenus. Vigny écrit dans la solitude de son manoir "La Mort du loup", "La Maison du berger", "La Colère de Samson", "Le Mont des oliviers" … Ces poèmes, qui paraissent dans la Revue des Deux Mondes, seront publiés à titre posthume en 1864 dans le recueil "Les Destinées". Le décès de son beau-père n’arrange pas les soucis financiers du couple Vigny, celui-ci a en effet déshérité sa fille Lydia.

Enfin après des échecs répétés, le poète est élu à l’Académie française, le 8 mai 1845. La réception d’Alfred de Vigny l’année suivante chez les Immortels est cependant entachée d’un scandale, celui-ci omettant malgré les sollicitations reçues de faire l’éloge du roi Louis-Philippe. Enthousiasmé par la révolution de 1848, il espère bientôt comme d’autres hommes de lettres jouer un rôle politique sous la Seconde République naissante. L’écrivain échoue cependant par deux fois, en 1848 et en 1849, aux élections législatives en Charente où il était candidat.

De retour à Paris au mois d'octobre 1853, Alfred de Vigny a quelques entrevues avec l’Empereur Napoléon III. Il avait d'ailleurs dîné avec le nouveau souverain en tournée de propagande l'année précédente. L'écrivain devient un fervent partisan du Second Empire et s’occupe bientôt à la rédaction du "Journal d’un poète", qui sera publié après sa mort en 1867. Attentif également à la naissance de nouveaux courants littéraires, le poète reçoit Charles Baudelaire et Jules Barbey d’Aurevilly. A cette époque, il multiplie les liaisons amoureuses, avec Louise Colet, l'ancienne maîtresse de Flaubert, puis avec Elisa Le Breton et enfin avec Augusta Bouvard, toutes deux à peine âgées de vingt ans.



Quelques années plus tard, en décembre 1862, sa femme Lydia décède. L’année suivante, souffrant depuis quelques années d’un cancer à l’estomac, Alfred de Vigny la rejoint outre-tombe, le 17 septembre 1863.

 

 

Le Maine Giraud sa propriété.

 

 

 

maine_giraudLe manoir du Maine Giraud a été construit et transformé du XIIe au XVe siècle puis a appartenu au poète romantique Alfred de Vigny de 1827 à 1863.

La propriété du Maine Giraud lui était venue de sa tante, la sœur aînée de sa mère, Sophie de Baraudin, chanoinesse de l'Ordre souverain de Malte. Il y était venu pour la première fois en 1823, alors âgé de vingt-six ans et militaire de carrière avec le grade de capitaine. Son grand-père, le marquis et amiral de Baraudin, avait acheté le Maine Giraud en 1768 afin de rester proche des ports de Rochefort et de La Rochelle. Alfred de Vigny fut marqué par cette première visite : "Je fus épris de son aspect mélancolique et grave et en même temps je me sentis le cœur serré à la vue de ses ruines". Dans ses "Mémoires" , il écrivit aussi : "Le souffle de la Terreur avait traversé cette demeure".

Après la mort de sa "douce et spirituelle" tante, en 1827, il prend possession d'un domaine en piètre état, d'une maison de maître à l'abandon et de dépendances agricoles plus qu'à moitié détruites, le tout lourdement obéré par des dettes criantes. Il refuse pourtant de vendre la propriété et se met en devoir de la restaurer peu à peu. Son œuvre devra durer toute sa vie et ce sera sans doute la plus constante de ses applications. Tandis qu'il remet les terres en valeur, il achète un alambic d'occasion, répare le vétuste manoir en reconstruisant l'une des tours, réaménage les sordides logements ouvriers, allant jusqu'à remplacer la terre battue par des parquets. Au terme de dix ans d'efforts, il peut constater avec fierté que "la dépense n'a pas excédé la recette". Le Maine Giraud est devenu une propriété de rapport autant que de villégiature, où le poète trouve une consolation à ses échecs littéraires et politiques et une sérénité face aux soucis procurés par la très précaire santé de son épouse anglaise, Lydia.

Alfred de Vigny ne voulait pas que l'on chasse sur ses terres par amour de la nature et de la vie. Il était profondément attaché au Maine Giraud et à son entourage humain, ses domestiques agricoles mais aussi tous les artisans du pays et ses proches voisins. La chronique locale rapporte qu'il leur lisait, à la veillée, des fragments de ses œuvres ou des passages de Shakespeare. Exemples de sa solidarité avec la communauté villageoise, il institua une bibliothèque publique à Blanzac, fut le parrain de la nouvelle cloche et fit jouer "Esther" par les élèves du pensionnat.

Dans la tourelle qu'il avait restaurée, il grimpait le raide et étroit escalier en colimaçon afin de s'isoler, méditer, rêver et écrire "dans le calme adoré des heures noires". Une cellule minuscule, éclairée d'une petite fenêtre, garnie d'une couchette monacale et d'un coffre à livres servant de siège, fut le théâtre de poche de son inspiration poétique, notamment pour y commettre "La Mort du loup" et "La Bouteille à la mer" ainsi que plusieurs morceaux des "Destinées" ou de "La Maison du berger".

Alfred de Vigny mourut, peu de temps après son épouse, en 1863. Sans descendance directe, il avait légué le Maine Giraud à Louise Lachaud, fille de madame Ancelot, qui tenait l'un des plus brillants salons littéraires de la capitale. Après avoir appartenu aux Philippon, le domaine a été acheté en 1938 par la famille Durand, qui a replanté puis développé le vignoble.

 

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2 avril 2008

Jean Racine - Port Royal

Biographie de Jean Racine.

 

 

Jean_Racine"On ne peut vaincre sa destinée".

 

Racine naît en 1639. Orphelin à trois ans, issu d'une famille de petits bourgeois proches des milieux jansénistes, Racine est admis aux Petites Ecoles de Port Royal grâce à la protection de sa grand mère. Il y est élève jusqu'en 1653. Le jansénisme est condamné cette même année. Il poursuit sa scolarité au collège de Beauvais, à Paris, avant de revenir à Port Royal en 1655, à l'Ecole des Granges. En 1658, il suit les cours de logique du collège d'Harcourt, à Paris. L'enseignement qu'il reçoit est fondé sur l'étude de la Bible, de la rhétorique et des auteurs grecs et latins qu'il lit à livre ouvert. Cette solide culture antique lui fournira de nombreuses sources d'inspiration et de réflexion pour son théâtre.

Racine est ambitieux et compte faire carrière dans le monde. Depuis la prise du pouvoir par Louis XIV à la mort de Mazarin, en 1661, la "jeune cour" qui entoure le monarque mène une vie de plaisirs et de raffinement. Il prend ses distances avec ses maîtres de Port Royal, peu favorables à ses projets, et assez mal vus à l'époque. Cet éloignement ne constitue cependant pas une rupture. Après quelques poèmes et une première tragédie, "La Thébaïde", jouée par Molière sans beaucoup de succès, il emporte une première victoire en 1665 avec "Alexandre", pièce à la gloire de Louis XIV. A cette occasion, il se brouille avec Molière en confiant l'exécution de sa pièce à une autre troupe : depuis "Tartuffe", interdit en 1664, ce dernier n'est plus indiqué pour servir les vues du jeune auteur en quête de gloire. L'année suivante voit sa rupture avec Port Royal : Racine répond violemment aux jansénistes en affectant de prendre pour lui l'accusation d'être un "empoisonneur public". C'est également pour lui l'occasion de défendre le théâtre, qui fait partie selon lui des choses qui sans être saintes sont innocentes.

Durant cette période, il se lie d'amitié avec La Fontaine (1659) et Boileau (1663).

Son premier véritable triomphe est "Andromaque", qui fait pleurer avec délectation mondains et courtisans en 1667. Au faîte de sa gloire, il entreprend même de rivaliser avec Molière avec sa comédie "Les Plaideurs" en 1668. Alors que Corneille commence à passer de mode, il s'impose sur son terrain avec deux pièces dont le sujet est emprunté à l'histoire romaine, "Britannicus" en 1669 et "Bérénice" en 1670, qui l'emporte dans le coeur du public sur la pièce rivale, "Tite et Bérénice". Suivent "Bajazet", orientale et sanglante, en 1672, les rebondissements de "Mithridate" en 1673, "Iphigénie en Aulide" en 1674. Les préfaces de ces pièces montrent à quel point Racine est soucieux d'explorer les virtualités du genre et de justifier ses choix esthétiques.

L'année de la mort de Molière, en 1673, l'Académie Française lui ouvre ses portes. Il est anobli en 1674 et se voit attribuer la charge lucrative de trésorier de France. Succès, carrière, amour (la Champmeslé, tragédienne adulée, est sa maîtresse), tout lui sourit.

Quelques résistances commencent à apparaître à ce succès vertigineux. D'abord le genre lyrique, de plus en plus en faveur avec notamment les opéras de Lully, constitue un nouveau rival quand Racine semblait avoir triomphé de tous les précédents.

1677, la représentation de "Phèdre" est l'occasion d'affrontements plus aigus qu'à l'accoutumée avec le parti cornélien. Duels de sonnets, injures, menaces de bastonnade, l'affaire est suffisamment sérieuse pour nécessiter l'intervention de Monsieur, frère du roi.

Il restait au roi de la tragédie une marche à gravir pour parvenir au sommet : c'est chose faite quand il devient en 1677 historiographe du roi avec Boileau.

Racine prend alors ses distances avec le théâtre et par la même occasion, se rapproche de Port Royal. Dans le même temps grandit la dévotion du roi qui épouse en 1684 Mme de Maintenon : l'édit de Nantes est révoqué l'année suivante.

Ses deux dernières tragédies, "Esther" en 1689 et "Athalie" en 1691, d'inspiration bibliques, sont commandées par la nouvelle femme du roi pour les demoiselles de Saint-Cyr.

Racine s'éteint en 1699, toujours en grâce. Il est enterré à Port Royal. Ses cendres, ainsi que celles de Pascal, ont été transférées en 1711 à l'église Saint-Etienne-du-Mont, à Paris.

L'éducation de Racine le lie pour toujours au jansénisme, même s'il a pris au cours de sa carrière des distances avec Port-Royal. Jansénius (1585-1638) est le fondateur de cette doctrine austère et pessimiste : damné depuis le péché originel, l'homme est irrémédiablement séparé de Dieu, et son destin est fixé par lui. Pourtant, la bonté divine permet de sauver certains hommes, sans qu'ils puissent jamais en avoir la certitude, si exemplaire soit leur vie : c'est la grâce efficace. On peut retrouver ce pessimisme dans le destin des personnages de Racine, et leur sentiment d'abandon face à un Dieu qui ne dévoile pas ses desseins.

 

 

 

Port Royal sa demeure.

 

 

 

exterieur_granges_1_courRacine et Port-Royal, c'est d'abord une histoire de famille, et ce même avant sa naissance à la Ferté-Milon en décembre 1639 : une grand-tante maternelle, veuve, s'était retirée à l'abbaye en 1625, une autre, du côté de la branche paternelle, la suivit. En 1642, Agnès Desmoulins, tante de Racine, avec qui il nouera des liens d'affection très forts, étant orphelin (mort de sa mère en 1641 puis de son père en 1643), entre comme religieuse à Port-Royal des Champs sous le nom de mère Agnès de Sainte-Thècle. Sept ans plus tard, sa mère, Marie Desmoulins, marraine, grand-mère et tutrice de Jean Racine, devenue veuve, l'y rejoint, emmenant avec elle son petit-fils. L'enfant est accueilli chaleureusement, intègre les écoles des Solitaires où il est pensionnaire, sans y payer de pension, par respect pour sa situation sociale et en reconnaissance des services rendus par sa famille tant aux religieuses qu'aux Messieurs de Port-Royal.

À l'école, située dans la maison même de ceux-ci (le logis des Solitaires), il retrouve ses cousins et se lie rapidement d'affection pour ses maîtres, plus particulièrement avec Antoine Le Maître qu'il appelle "papa". Il se fait des amis parmi les élèves, tel le duc de Chevreuse qui l'introduit dans le milieu des Luynes. À l'abbaye, dans le parloir, il revoit sa chère Agnès.

Le lieu principal de vie de Racine est le plateau des Granges, occupé par la ferme de l'abbaye, un impressionnant ensemble architectural disposé autour d'une cour rectangulaire (logis des fermiers, maison des Solitaires qui sert d'école jusqu'à une extension élevée en 1651-1652 pour abriter exclusivement les Petites Écoles, trois granges, une étable, une écurie, une bergerie, un pressoir), 150 hectares de terres labourées bordées par 190 hectares de bois, propriété des religieuses. Terres et forêt sont situées au nord du Plateau. Côté sud, un parc de 10 hectares qui descend de façon abrupte vers un vallon, les Solitaires y ont planté de la vigne, un potager, un verger.

Aux heures de loisir, les enfants partagent la vie de la ferme, se dispersent dans les futaies, courent sur les pelouses ou y jouent à la balle ou au volant. Faisait partie du programme d'une journée scolaire, une participation aux travaux agricoles et arboricoles, spécialement dans le verger, planté et soigné scrupuleusement par Arnaud d'Andilly, frère aîné de l'abbesse réformatrice.
La terre était fertile, l'orientation du terrain favorable : les meilleurs fruits (et spécialement les pavis, sorte de pêches) étaient envoyés sur les tables royales et aristocratiques ou vendus en faveur des pauvres.

Outre l'affection et l'apprentissage du calme et de la beauté que lui procure Port-Royal, Racine y acquiert une éducation de l'esprit et une formation de l'âme qui marquèrent sa vie et son œuvre.


À la vocation agricole de la ferme, les Solitaires avaient ajouté une vocation intellectuelle et pédagogique. Les élèves sont internes, ne profitent que de trois semaines de vacances à l'automne, connaissent des journées longues (5 ou 6 heures du matin à 21 heures) et bien remplies. Leur pédagogie est moderne (livres scolaires en français, suppression du châtiment corporel), universelle (culture classique, langues vivantes, histoire et géographie, mathématiques, instruction religieuse), exigeante (application, ordre, persévérance, précision), vivante (explication des grandes œuvres pour la maîtrise de la langue et la formation du jugement).

Antoine Le Maître, avocat, sensibilise Racine au bien parler et au bien écrire, par des échanges verbaux, des exercices de diction et de versification, par des traductions de textes latins et grecs. Claude Lancelot, helléniste, insiste sur la culture classique, l'apprentissage de l'italien et de l'espagnol. Jean Hamon, médecin dévoué et compétent, arrivé à Port-Royal en 1650, est un grand latiniste et un bon écrivain. Pédagogues, les Messieurs sont aussi des directeurs de conscience, des moralistes.
Port-Royal est enfin une école de caractère : on y enseigne et on y fait pratiquer la modestie, l'honnêteté, la pudeur, l'exigence envers soi-même, le souci de l'autre.

Racine quitte les Granges pour le collège de Beauvais, en octobre 1653. Il y revient en septembre 1655 pour suivre la Rhétorique. En mars 1656, maîtres et élèves sont dispersés sur ordre royal pour quelques mois.

Ce n'est pas la première fois que le séjour de Racine aux Petites Écoles est brutalement interrompu (en 1651 pendant la Fronde et en 1653). Cette fois-ci, l'adolescent ne s'éloigne pas : il partage son temps entre l'abbaye et Vaumurier, chez le duc de Luynes. Depuis son retour, la vie à Port-Royal était mouvementée à cause de la querelle qui opposait les théologiens de la Sorbonne et les Jésuites aux gens de Port-Royal, traités par eux avec mépris de Jansénistes. Antoine Arnauld, frère cadet de mère Angélique, était accusé de soutenir les thèses proposées par Cornélius Jansens, théologien de Louvain décédé en 1638, sur les écrits de Saint-Augustin et son analyse de la grâce divine. Un procès est engagé contre Arnauld qui demande à Pascal de lui écrire sa défense. Hébergé aux Granges en janvier 1656, après un premier séjour en janvier 1655, Pascal rédige alors la première des "Provinciales", revenant là en juillet pour y écrire la seizième.

Même si les Solitaires souhaitaient que leurs élèves soient éloignés des querelles théologiques qui sévissaient, on peut penser que Racine croisa Pascal et a profité du mécanisme que ce dernier mit au point pour faciliter l'extraction d'eau du puits de la ferme. Entre ces deux séjours de Pascal au cours de l'année 1656, l'école est donc suspendue. Antoine Le Maître, réfugié à Paris, charge Racine d'entretenir sa bibliothèque restée sur place et lui adresse ce conseil : "Il faut tâcher de profiter de cette persécution et de faire qu'elle nous serve à nous détacher du monde qui nous paraît si ennemi de la piété". Quelque temps plus tard, Racine est au courant par Nicolas Vitart de l'édition clandestine des "Provinciales" ; il en connaît le texte non seulement pour en avoir entendu parler mais aussi pour travailler dessus comme exercice de thème latin donné par Nicole qui en préparait la traduction.

Très tôt Racine comprit que Port-Royal était le lieu privilégié du Beau, du Bon et du Bien tant dans l'environnement naturel et humain de sa vie que dans le déroulement de celle-ci. Port-Royal fut pour lui non seulement une école de culture générale mais aussi un centre spirituel dont il subit l'influence morale et religieuse. Son apprentissage de la vie et du monde y fut complet et concret, à un âge décisif de la formation de l'esprit et de l'âme.

 

Racine avait su se laisser conduire, quand il arrive à Paris, libre, à 20 ans à peine, il découvre un nouveau monde, de nouvelles mentalités. Après avoir suivi sa Logique au collège d'Harcourt (actuel lycée Saint-Louis) dont le principal est ami de Port-Royal, il se laisse séduire par la vie mondaine, les apparences vestimentaires, la reconnaissance sociale, les milieux littéraires. Malgré les critiques reçues de la part de ses proches suite à ses poèmes de circonstance au Roi et son entourage, Racine ne reste pas indifférent aux malheurs encourus par les religieuses et les amis de Port-Royal. En 1664, alors que se prépare une nouvelle persécution, Racine participe aux écrits qui dénoncent les infidèles qui rompent l’unité de la maison, il rend visite à l'abbesse emprisonnée à la Visitation de Meaux et exprime son désaveu de ceux qui signent le Formulaire. Mais dès janvier de l'année suivante, Racine est blessé et vexé par les attaques lancées par Pierre Nicole contre le théâtre. Se sentant personnellement attaqué, il riposte violemment dans deux lettres à l'auteur des Hérésies imaginaires, tout en s'y moquant de ses anciens maîtres, osant médire sur mère Angélique. Certains parlent alors d'une rupture avec Port-Royal qui dure une dizaine d'années.

Mais Racine n'a jamais oublié Port-Royal. Les liens non interrompus avec Nicolas Vitart, renoués dès 1669 avec Arnauld d'Andilly, s'officialisent avec "Phèdre" (1677), dite pièce de la réconciliation avec Port-Royal et qui lui vaut l'amitié du grand Arnauld.

Durant la vingtaine d'années qui lui restent à vivre, Racine, redevenu très proche, met sa plume au service de ses Ami(e)s qui ne trouvent plus ses "spectacles frivoles" et lui demandent d'user de ses relations mondaines et de sa place privilégiée auprès de Louis XIV (dont il est devenu l'historiographe officiel) pour apaiser les accusations et les menaces contre Port-Royal des Champs. Ainsi, en 1679, ils l'y font venir le jour où l'Archevêque de Paris vient pour expulser des religieuses. Il ose assister à la cérémonie funèbre de translation à Port-Royal d'Arnauld (1694), écrit son épitaphe et compose les vers pour mettre en bas de son portrait.

En 1692, il rédige l'épitaphe de Mademoiselle des Vertus, bienfaitrice de l'abbaye où elle s'était retirée. Trois ans plus tard, il accompagne Nicole dans son agonie. Racine affirme publiquement son attachement aux gens de Port-Royal, prend des risques pour eux en se faisant leur intercesseur : il négocie en 1696, le choix du supérieur des religieuses; il se fait, l'année suivante, l'avocat de celles-ci quand elles sont menacées de perdre "le peu qu'elles ont de bien pour subvenir aux folles dépenses de l'abbesse de Port-Royal de Paris" et il obtient gain de cause.

Racine œuvre pour Port-Royal avec courage, bien que courtisan du Roi : "Je ne me soucierais pas d'être disgracié et de faire la culbute pourvu que Port-Royal fut remis sur pied et fleurit de nouveau". Racine se préoccupe aussi de son salut. Il a renoué avec la tante Agnès, prieure de l'abbaye des Champs depuis 1684, abbesse depuis 1690 : "C'est elle qui m'a appris à connaître Dieu dès mon enfance, c'est elle dont Dieu s'est servi pour me tirer de l'égarement et des misères". Il lui confie une de ses filles, rédige les "Cantiques Spirituels".

Racine rend justice à ses Maîtres, et traduit son affection et son admiration pour Port-Royal persécuté dont il commence secrètement l'apologie dans "l'Abrégé de l'histoire de Port-Royal", inachevé à sa mort et publié seulement au XVIIIème siècle. Ce remarquable texte est considéré comme "un acte de foi et un acte de contrition" de l'enfant de Port-Royal, cette démarche d'humilité et d'amour, se parachève en octobre 1698 lorsqu'il rédige son testament souhaitant être enseveli "aux pieds de la fosse de M. Hamon", mort en 1687, ce que le Roi autorisera.

 

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Musée National de Port Royal.

 

 

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21 février 2008

John Keats - Londres

 

Biographie de John Keats.

 

 

 

keats"La seule façon de renforcer notre intelligence est de n'avoir d'idées arrêtées sur rien,  de laisser l'esprit accueillir toutes les pensées".

 

John Keats, poète britannique né le 31 octobre 1795 à Finsbury Pavement, près de Londres, mort le 24 février 1821 à Rome des suites de la tuberculose, est considéré comme un des meilleurs représentants du romantisme au Royaume-Uni.

Issu d'un milieu modeste, son père meurt alors qu'il a huit ans, laissant sa mère avec quatre enfants à charge. Celle-ci se remarie la même année, mais le mariage ne dure pas. Elle déménage pour Edmonton et, lorsqu'elle contracte la tuberculose, confie ses enfants à leur grand-mère, qui elle-même en laisse la garde à un couple qu'elle paie pour leur éducation.
A l'école, John Keats est déjà un grand lecteur. Pourtant, il commence un apprentissage d'apothicaire en 1811. Sa mère est morte l'année précédente. En 1814, il retourne à Londres et étudie au Guy's Hospital. Cette même année, il écrit son premier poème. Il obtient son diplôme d'apothicaire en 1815 et exerce un temps, avant de se consacrer entièrement à l'écriture. Il rencontre alors très rapidement des artistes renommés de son temps tels que Leigh Hunt, Percy B. Shelley ou bien Benjamin Robert Haydon. Leigh Hunt l'aida d'ailleurs à publier son premier poème, "Lines in Imitation of Spencer", dans un magazine en mai 1816.

En 1817, il fait publier un premier recueil, intitulé "Poems", qui ne parvient pas à toucher le public. Délaissé par son frère George, parti s'installer aux Amériques, il tente d'aider son frère Tom à sortir du piège de l'alcool. Ce dernier finit cependant par mourir en 1818. C'est durant cette période que Keats travaille à sa première grande œuvre, "Endymion", qui parait en 1818. Il s'agit d'un poème narratif étalé sur quatre ouvrages et inspiré par la mythologie grecque : Endymion fut endormi par Séléné (la Lune) indéfiniment pour préserver sa beauté. Il reçoit un accueil critique très négatif.Malgré cela, il est entouré et soutenu par les grands romantiques anglais, avec au premier rang d'entre eux Shelley et Lord Byron.
C'est également durant cette période qu'il ressent les premiers signes de sa maladie.

En 1820, il fait publier "Hyperion" (Hypérion fait partie de la famille des Titans dans la Grèce Antique). La même année paraissent différentes ballades et odes, telles que "Lamia", "Isabella", "Ode To A Nightingale", "Ode On A Grecian Urn", "Ode To Psyche". Ces publications lui apportent enfin la reconnaissance. Trop pauvre pour épouser la femme qu'il aime et sérieusement diminué par la tuberculose, ses poèmes se teintent de tristesse. A la fin de l'été, les médecins lui conseillent d'éviter l'hiver anglais et de partir pour l'Italie. Déclinant l'invitation de Shelley de le rejoindre à Pise, il voyage accompagné de son dernier ami, Joseph Severn. Après avoir séjourné à Naples, il s'installe à Rome, où il rend son dernier soupir. Il fait inscrire comme épitaphe  "Here lies one whose name was writ in water" (Ici repose celui dont le nom était écrit dans l'eau). Il était fiancé à Fanny Brawne, restée au pays.

 

Malgré la brièveté de sa vie et de son oeuvre,John Keats est considéré comme un des plus grands poètes du romantisme anglais, dont l'écriture comme la vie incarnent toutes les dimensions. Il est une grande influence pour les artistes qui lui ont succédé, la génération des préraphaélites, et son univers, entre beauté et mort, constitue la trame de fond des cycles Endymion et Hyperion écrits par Dan Simmons, auteur de science fiction.

 

 

Sa maison à Londres.

 

 

Cette maison est un monument dédié au bonheur, on y trouve une collection importante de manuscrits, de livres annotés, de lettres et d'autres souvenirs de la vie du poète, son lit, sa bague de fiançailles que Fanny continua à porter jusqu'à sa mort. Un lieu pour les Romantiques impénitents.

 

 

 

KeatsHouseLoin des bruits de la ville,  le quartier d'Hampstead Heath est un lieu de prédilection pour la pêche, les maquettes de bateaux, le cerf-volant et l'équitation et, en été, la baignade dans trois des nombreux étangs de la lande. La popularité de Hampstead a commencé au dix-huitième siècle quand les nobles venaient "prendre les eaux" des sources locales. Hampstead est l'un des quartiers historiques de Londres les mieux préservés.

La maison de Hampstead fut construite en 1815. Keats n'y vint que l'année suivante pour rendre visite à Leigh Hunt, poète et journaliste ultra libéral, qui lui présenta ses amis et voisins Dilke et Brown.

A la mi-avril 1817, Keats décidait de les rejoindre avec ses deux frères, George et Tom. Hélas, l'année suivante George émigrait en Amérique et Tom mourait de tuberculose miné par l'alcool, en décembre.

Deux ans plus tard, Dilke prenait pour locataire une jeune veuve, du nom de Brawne, dont la fille aînée, Fanny, était âgée de dix-huit ans. Elles partageaient le jardin de Keats qui, en mai écrivit l'"Ode to a nightingale". Charles Armitage Brown a relaté les circonstances : "Au printemps de 1819, un rossignol avait fait son nid près de ma maison. Son chant donnait à Keats une joie tranquille et continuelle. Un matin il porta sa chaise de la table du petit déjeuner sous un prunier de la pelouse, où il resta assis une heure ou deux. Quand il revint à la maison, je vis qu'il tenait à la main quelques bouts de papier et qu'il les fourrait doucement derrière des livres". C'était "l'Ode au rossignol".

 

Nous n'avons, en France, aucune bonne traduction des Romantiques anglais et Keats est peut être le plus mal traduit d'entre eux, le plus difficile aussi.

 

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27 février 2008

Montaigne et sa tour

 

Biographie de Montaigne.

 

 

 

Montaigne_Dumonstier"Qui apprendrait les hommes à mourir, leur apprendrait à vivre".

 

Né le 28 février 1533 au château de Montaigne en Périgord, Michel Eyquem de Montaigne est issu d'une famille de négociants bordelais. Son arrière grand-père, Ramon Eyquem, fait l'acquisition en 1477 de cette maison forte du XIVème siècle, et accède ainsi au noble statut de Seigneur de Montaigne qu'il lèguera à ses enfants et petits-enfants. De ces derniers, Pierre Eyquem est le premier à quitter le comptoir familial pour venir s'installer dans la demeure périgourdine qu'il fait aménager et fortifier. De son mariage avec Antoinette de Louppes, fille d'un marchand toulousain, il aura huit enfants dont Michel est l'aîné.

Elevé en nourrice dans le petit village voisin de Papassus, le jeune Michel Eyquem reçoit à son retour au château familial une éducation peu ordinaire: réveillé chaque matin au son de l'épinette "afin de ne pas lui abîmer sa tendre cervelle", il apprend très tôt le latin qu'il parle couramment dès l'âge de sept ans, conversant tout naturellement avec les domestiques employés à Montaigne.

Scolarisé au collège de Guyenne à Bordeaux, il y brille rapidement par son aisance à pratiquer la discussion et la joute rhétorique, et par son goût pour le théâtre.

Après des études de droit, il débute sa carrière en 1554 en tant que conseiller à la Cour des Aides de Périgueux, puis au Parlement de Bordeaux où il siège durant presque 15 ans. C'est donc au palais de l'Ombrière qu'il fait la connaissance d'Etienne de la Boétie, de trois ans son aîné, humaniste et poète, auteur du "discours de la servitude volontaire", hymne véhément à la liberté civique.Leur amitié profonde inspirera à Montaigne cette célèbre phrase "Parce que c'était lui, parce que c'était moi" (Essai I, 28). La mort prématurée de la Boétie, emporté par la peste en 1563, met un terme tragique à cette noble affection, et laisse Montaigne dans une grande solitude que son mariage en 1565 avec Françoise de la Chassaigne, fille d'un de ses collègues au Parlement, ne viendra pas apaiser. De cette union tendre et fidèle, "à la vieille Françoise", naquirent six filles dont une seule, Eléonore, survécut.

La mort de son père en 1568, "le meilleur des pères qui furent oncques", le laisse à la tête d'une grosse fortune et du domaine de Montaigne. Il s'y retire deux ans plus tard, après avoir vendu sa charge de parlementaire, dans le but de "se reposer sur le sein des doctes Vierges dans la paix et la sérénité" et d'y franchir "les jours qui lui restent à vivre". Il consacre alors la plupart de son temps à la méditation et à la lecture des quelque mille ouvrages rassemblés dans sa "librairie", "belle entre les librairies de village", aménagée au dernier étage de cette tour qui devient son repaire. Il s'y retire souvent, fuyant les contraintes familiales et professionnelles: "C'est là mon siège. J'essaie à m'en rendre la domination pure, et à soustraire ce seul coin à la communauté conjugale, et filiale, et civile". S'appropriant la pièce, il fait graver sur les poutres du plafond des maximes du scepticisme antique et des sentences tirées de l'Ecriture Sainte, qui forment encore aujourd'hui un témoignage émouvant de sa pensée humaniste: "Je suis homme, rien de ce qui est humain ne m'est étranger" (Térence). Il commence également à coucher par écrit le fruit de ses réflexions, ses "Essais" dont il publie le premier recueil en deux tomes en 1580: "Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice: car c'est moi que je peins".

Afin de soigner sa gravelle (calcul rénal), maladie héréditaire, dont il souffre depuis quelques années, Montaigne décide de tenter les cures thermales dans les villes d'eaux réputées à travers l'Europe. Il quitte sa retraite en juin 1580, accompagné de son frère et de trois autres jeunes nobles. Après un passage à Paris où il présente ses "Essais" au roi Henri III, il se rend en Suisse, puis en Allemagne et enfin en Italie. Il y apprend l'italien et obtient la citoyenneté romaine. Il rapporte son périple dans son Journal de voyage, dont le manuscrit, conservé pendant presque 200 ans au château à l'insu de tous, sera publié lors de sa découverte en 1774. Le coffre en cuir clouté dans lequel il a été retrouvé est encore visible dans la chambre de la tour.

Le 7 septembre 1581, une lettre de France l'informe de son élection à la mairie de Bordeaux. Pressé par Henri III, il entreprend le voyage de retour. Bien que réélu à la fin de son mandat en 1583, sa charge ne l'accapare point et il continue la rédaction de ses "Essais": Il publie en 1582 une seconde édition enrichie d'additions. Nommé gentilhomme ordinaire de la chambre du roi de France en 1573, Montaigne a servi fidèlement Henri III. Après avoir pris activement part à la guerre civile jusqu'en 1577, le nouveau maire de Bordeaux entretint des relations amicales avec le maréchal de Matignon, lieutenant général du roi de Navarre et par ses qualités de négociation et de diplomatie, tenta de rapprocher Henri III et son beau-frère Henri de Navarre, futur Henri IV. Ce dernier vint même trouver Montaigne chez lui à deux reprises, à la recherche des sages conseils qu'il ne manquait pas de lui donner.Le maître des lieux mettait alors à la disposition du futur roi et de sa suite le gîte et le couvert, et pour leur loisir, les deux hommes se lançaient à la chasse au cerf dans les bois du domaine. A la mort d'Henri III, le Béarnais devenant alors le roi de France légitime, Montaigne lui témoigne son attachement.

Ses charges politiques ne l'empêchent pas d'écrire: à la fin de son second mandat, en 1585, il se remet à la tâche et prépare une nouvelle édition des "Essais" qu'il publie à Paris en 1588, additionnée d'un troisième tome. C'est à cette occasion qu'il fait la connaissance d'une jeune fille originaire de Picardie, Marie Le Jars de Gournay, avec qui il se lie d'amitié, une amitié faite de tendresse et d'admiration qui vient éclairer ses dernières années. En effet, très affaibli par sa gravelle, il reste le plus souvent en sa librairie où il prépare une quatrième édition des Essais qui ne verra le jour qu'après sa mort, en 1595, grâce au travail de celle qu'il appelait sa "fille d'alliance", Marie de Gournay, qui en assura ainsi la postérité. Les deux dernières années de sa vie, c'est de sa chambre aménagée au second niveau de sa tour qu'il écoute les offices célébrés dans la petite chapelle seigneuriale au rez-de-chaussée, grâce à un conduit acoustique aménagé dans le mur, n'ayant plus la force de descendre ses escaliers. Le 13 septembre 1592, sentant ses derniers instants arriver, il fait venir auprès de lui ses plus proches voisins afin de prendre congé d'eux. En leur présence il fait dire une dernière messe et rend le dernier soupir à l'instant même de l'Elévation. Il a 59 ans.

"Que sais-je ?" était sa devise et quand on lui demandait d'où il était, il répondait, suivant l'exemple de Socrate : "je suis du monde", refusant toute étiquette géographique et par la même toute discrimination entre les Hommes. Il n'était pas à cheval sur les principes d'une rigueur étriquée, mais bien plus enclin à la tolérance entre les êtres et au respect de la différence tant sociale que religieuse. Il a posé les premiers fondements de l'Humanisme , ce courant de pensée qui veut que la société soit faite pour servir l'Homme et non l'inverse, cette philosophie qui replace l'humain au centre de la réflexion et qui conduit au respect d'autrui. Défenseur de la nécessité de communiquer, il était pétri d'esprit de justice et d'équité et a toujours prôné le dialogue comme remède à la violence et la réflexion comme préalable à l'action.

 

 

Montaigne son chateau.

 

 

 

183751348_c3d804154fDe la terrasse, le regard se perd à l'horizon. Des forêts, deux ou trois villages clairsemés, des champs, des vignes dessinent un paysage serein aux confins de la Guyenne et de la Dordogne. Rien ou presque n'a changé : pas de pins alors, mais des chênes, des châtaigniers et du blé. Au fond de la vallée serpente la Lidoire, frontière naturelle entre Anglais et Français, Protestants et Catholiques. Le château de Montaigne, fief de l'archevêque de Bordeaux en pays protestant, ancienne maison forte, en surveille les accès de sa position dominante.

Des 600 hectares de bonnes terres acquises par le bisaïeul de l'écrivain, augmentées par son père et entretenues par lui, il reste un bergerac rouge de bonne tenue et un blanc moelleux des Côtes de Montravel qu'apprécia, dit-on, Henri de Navarre quand il fut son hôte, à trois reprises.

La région est alors déchirée par les guerres de religion et la position du château n'est pas sans rappeler le rôle de médiateur de Michel de Montaigne. Non pas indifférent mais tolérant, ce catholique qui fait sonner sa cloche et écoute la messe tous les jours entretient de bons rapports avec ses voisins protestants et joue un rôle de première importance dans le conflit qui partage son temps. Paix et guerre, piété et tolérance, solitude et sociabilité, sédentarité et goût du voyage, faut-il s'étonner si l'une des maximes peintes dans son cabinet affirme : "Toute parole a son contraire", et une autre : "Sans pencher d'aucun côté".

Pour le visiteur qui découvre Saint-Michel de Montaigne, le plus étonnant est sans doute la situation retirée du domaine, son calme. Du vivant de l'écrivain, y règne l'agitation des grandes propriétés agricoles : charrues, chevaux, volailles, valets, servantes vont et viennent dans la grande cour carrée.

La fameuse Tour ronde qu'il s'est attribuée pour ses appartements privés, la seule encore intacte avec un fragment du mur d'enceinte, n'est pas seulement une retraite qui lui permet de se mettre à l'abri des "picoreurs". C'est aussi une position stratégique. Avec six mètres d'épaisseur à la base, quatre mètres puis cinquante centimètres, la dimension des pièces est en relation avec leur usage : la chapelle, couverte de fresques et d'armoiries en grande partie effacées, puis sa chambre et sa garde-robe, et au sommet, sa  "librairie", bibliothèque et cabinet de travail. Les murs de la chambre étaient entièrement décorés de peintures dont les thèmes rendaient hommage à Pierre, le père adoré. Michel aime y coucher "dur et seul, à la royale, un peu bien couvert". Sa femme loge en face, dans la Tour Trachère, dite de Madame. Après tout, remarque l'auteur des "Essais", "nous n'avons pas fait marché, en nous mariant, de nous tenir accoués l'un à l'autre..."

Mais pour le lecteur de Montaigne, c'est bien sûr la librairie qui captive l'émotion. Plus de quatre siècles ont passé. Venez hors saison. La description qu'il en donne, ayez-la en mémoire ou à la main, il n'en est pas de meilleure. Imaginez le millier de livres aux reliures brillantes rangés à plat le long des parois arrondies, la lumière bleutée des "trois vues de libre prospect", l'espace libre du dallage où le pas de Montaigne résonne quand il pense en marchant, levez la tête vers les poutres où il a fait graver ou peindre ses maximes préférées, effacées et recouvertes au gré de ses lectures. "Misérable à mon gré qui n'a chez soi où être à soi, où se faire particulièrement la cour, où se cacher ! L'ambition paie bien ses gens de les tenir toujours en montre, comme la statue d'un marché... ils n'ont pas seulement leur retrait pour retraite".

Passé entre les mains de plusieurs propriétaires, entièrement détruit par un incendie en 1885, reconstruit par Pierre Magne, le château appartient aujourd'hui à l'une de ses descendantes qui l'habite. Les vingt hectares de vignes constituent, avec les entrées, l'essentiel des revenus de cette propriété privée (on peut commander ce vin). Depuis juin 1999, un guide assure en permanence les visites de la Tour. Un nouvel essor est donné par le responsable du site, Monsieur Delpit. Il faut espérer qu'un travail de restauration permettra de remettre en état certaines parties très abîmées de ce patrimoine inestimable, classé depuis 1952.

Une autre expérience, passionnante, est en cours. Un groupe de chercheurs de l'Université de Bordeaux, s'inspirant des travaux sur les temples égyptiens, travaille à la reconstitution virtuelle du château. Toutes les données fournies par les informations iconographiques et écrites devraient permettre de retrouver sa structure originelle grâce au travail conjoint d'un informaticien, d'un archéologue, d'un architecte et d'une historienne, Anne-Marie Cocula. Un CDRom et un livre sont prévus. Gageons que cet  "essai" aurait titillé la curiosité et la réflexion de Montaigne !

Evelyne Bloch-Dano.

 

 

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Les sentences de la librairie de Montaigne.

 

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11 avril 2008

François René de Chateaubriand - La Vallée aux Loups

Biographie de François René de Chateaubriand.

 

 

Chateaubriand"On habite avec un coeur plein un monde vide, et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout".

 

François-René de Chateaubriand naît le 4 novembre 1768 à Saint-Malo, au premier étage d'une maison sise rue des Juifs, l'Hôtel de la Gicquelais. Il est le dixième enfant d’une famille de la noblesse bretonne. Son père est le cadet d'une des plus anciennes baronnies de la province. Après avoir été confié aux bons soins d'une nourrice de Plancoët, aux environs de Dinan, il suit l’enseignement des pères Eudistes du collège de Dol en 1777,  puis, dès 1781, celui des Jésuites du collège de Rennes. En 1783, le jeune homme se présente à Brest à l’examen de garde de la marine, une épreuve ardue qui lui donnerait accès, après quelques années de formation, au prestigieux corps des officiers de la marine royale. Chateaubriand échoue et se décide alors à entrer dans les ordres, au collège de Dinan, projet auquel il renonce bientôt en 1785.

Suivant les vœux de son père, Chateaubriand est ensuite nommé sous-lieutenant au régiment de Navarre, à Cambrai. Il effectue à partir de 1786 de fréquents séjours à Paris et assiste ainsi en observateur attentif aux premiers événements révolutionnaires de 1789. S'effrayant à la vue des violences de la rue, il fréquente également dans la capitale les milieux littéraires et forme le projet d’un voyage en Amérique. Le départ a lieu en avril 1791, après une mise en demi-solde suite à la réorganisation de l’armée. Ce séjour, qui dure cinq mois pendant lesquels il visite Philadelphie, New York, les chutes du Niagara et la région des Grands Lacs, inspirera ses premières productions littéraires.

De retour en France en 1792, Chateaubriand se marie avec Céleste du Buisson de la Vigne, une héritière, amie de sa sœur aînée  Lucille qu’il connaît à peine. En Belgique dès le mois de juillet suivant, l'aristocrate émigre vers Trèves et s’enrôle dans l’armée des Princes pour combattre la République naissante et ses défenseurs. Il est blessé peu après pendant le siège de Thionville. Sa compagnie étant licenciée, Chateaubriand se réfugie en Angleterre. Cette vie de misère le met en contact avec les monarchistes émigrés. Il publie en 1797 un "Essai historique, politique et moral sur les révolutions anciennes et modernes considérées dans leurs rapports avec la Révolution française".

Enfin, après huit années d’émigration, Chateaubriand revient en France avec l'identité d'un "sieur Lassagne, natif de Neufchâtel, en Suisse". Il obtient à Paris un permis de séjour puis est radié, en 1802, de la liste des émigrés. Auparavant, il publie en 1801 "Atala" puis "René" et un essai d'apologétique, le "Génie du christianisme". Ces œuvres qui obtiennent un grand succès lui valent la célébrité et feront de son auteur le chantre de la jeune génération romantique. Au mois d'avril 1802, la présentation au Premier Consul grâce à l’appui d’une de ses connaissances, ainsi qu'une dédicace opportune, lui permettent d’obtenir les faveurs de Bonaparte. Celui-ci cependant attendra une année et de multiples demandes de la part de l'écrivain avant de lui confier à un poste de secrétaire d’ambassade à Rome, puis de chargé d’affaires à Sion, dans le Valais.

Cependant, l’exécution du duc d’Enghien au mois de mars 1804 provoque une rupture définitive avec l’Empereur, marquée par une démission rendue publique. Chateaubriand ne se consacrera désormais qu’aux Lettres jusqu’en 1815. Suivant la mode du temps et poussé par son désir d'effectuer le voyage de Jérusalem, il effectue, à partir de juillet 1806, un long voyage oriental autour de la Méditerranée qu’il relate en 1811 dans son "Itinéraire de Paris à Jérusalem". Il s’en inspirera également pour la rédaction de son épopée en prose, "Les Martyrs", publiée en 1809. Entre temps, dans la presse, l'écrivain s'en prend au  "tyran"  qu'il compare à Sylla, ce qui lui vaut d'être poursuivi par la police impériale.

Chateaubriand est élu à l’Académie Française en 1811. Il contribue néanmoins au retour de Louis XVIII au pouvoir en publiant au mois de mars 1814 un pamphlet intitulé "De Buonaparte et des Bourbons". L'écrivain joue désormais un rôle dans la vie politique de la Restauration en soutenant la droite légitimiste par son action dans la presse parisienne. Au mois d'octobre 1818, aux côtés de Louis de Bonald et Félicité de Lamennais, il fonde ainsi un journal semi- périodique, Le Conservateur. Cette feuille politique, au tirage modeste (7.000 à 8.000 exemplaires), a néanmoins une grande influence sur l'opinion. Elle paraîtra pendant les deux années qui suivent. Nommé pair de France, Chateaubriand effectue de fréquents séjours à l’étranger comme ministre plénipotentiaire à Berlin en 1820, puis en tant qu’ambassadeur à Londres en 1822.

L’année 1823 constitue l’apogée de sa carrière politique. Nommé Ministre des Affaires Étrangères, le 8 décembre 1822, il organise l'année suivante une expédition de l’armée française en Espagne, destinée à restaurer le roi Alphonse VII dans ses droits face à la poussée libérale. Chateaubriand contribue ainsi, suivant ses convictions politiques, à la réaction absolutiste dans l’Europe du Congrès de Vienne. Déchu de ses fonctions le 6 juin 1824 "tel un laquais", il se place à la tête des opposants de droite au ministère Villèle. L'écrivain mène alors dans Le Journal des Débats une inlassable campagne d’opposition à sa politique trop mesquinement financière, à sa volonté de limiter la liberté de la presse. L'écrivain se consacre également à la publication de ses œuvres complètes. Nommé ambassadeur à Rome par Charles X en 1828, il démissionne l’année suivante pour s’opposer à la formation du ministère Polignac.

Après la chute de Charles X en 1830, Chateaubriand refuse de se rallier à Louis-Philippe Ier et à l’orléanisme, pour rester fidèle à la légitimité. Il publie ainsi quelques opuscules politiques, "De la Restauration et de la monarchie élective" en 1831 notamment. Inquiété lors de l’équipée de la duchesse de Berry à qui il apporte son soutien, Chateaubriand est accusé de complot contre l'État au mois de juin 1832. Il effectue d'ailleurs un court séjour en prison  quelques mois plus tard à la suite de la publication de son "Mémoire sur la captivité de la Duchesse de Berry". L'écrivain se rend ensuite à plusieurs reprises en Bohème auprès de Charles X exilé. Cette activité légitimiste se poursuit en 1843 et en 1845, lorsqu’il rejoint le Comte de Chambord à Londres, puis à Venise. Cette période est également celle de la publication de ses dernières œuvres : "les Mémoires d’outre-tombe" (1841) auxquelles il travaille depuis plus de trente ans et une "Vie de Rancé" (1844).

François-René de Chateaubriand décède à Paris le 4 juillet 1848 après avoir vu la chute du dernier des rois de France et l’avènement de la Seconde République. Solitaire et symbolique, sa tombe se dresse conformément à ses vœux près de Saint Malo, dans l’îlot du Grand Bé, face à la mer. Son épitaphe est le suivant : "Un grand écrivain français a voulu reposer ici, pour n'entendre que la mer et le vent. Passant, respecte sa dernière volonté".

 

 

La Vallée aux Loups sa demeure.

 

 

 

La_Vall_e_aux_LoupsEn des temps bien reculés, ce lieu était un vallon sauvage dont les hauts taillis hantés par des cerfs, des chevreuils et des sangliers étaient devenus un terrain de chasse privilégié pour les loups. Les rares habitants, laboureurs ou vignerons des alentours, l'appellèrent "Val des Loups" ou "Val aux Loups" avant que la tradition ne fixe le nom en "Vallée aux Loups".

Son histoire se confond avec celle de ses nombreux propriétaires : du seigneur de Châtenay au prieur de l'Abbaye Sainte-Geneviève à la fin du XIIe siècle ou à la duchesse du Maine au XVIIe siècle.

En 1783, un brasseur du faubourg Saint-Marcel à Paris, André-Arnoult Aclocque achète une clairière et y bâtit une petite maison de plaisance, d'un étage, complétée de plusieurs dépendances qui donneront à l'ensemble le caractère d'une exploitation rurale, entourée par des taillis et un petit bois de chênes, de frênes et de châtaigniers.

Lors du premier assaut du Palais des Tuileries en juin 1792, Aclocque, alors chef de légion de la Garde nationale, aurait, par ses conseils avisés, évité le pire : Louis XVI, coiffé du bonnet phrygien orné de la cocarde tricolore et entouré de sa famille, avait paru au balcon, levé son verre à la santé de la Nation, et calmé ainsi les assaillants après de nombreuses heures d'incertitude. Marie-Antoinette, reconnaissante, aurait promis de venir remercier son défenseur, la tradition veut qu'André-Arnoult Aclocque ait fait construire en quelques jours un pavillon en brique et en pierre, la future "Tour Velléda", pour accueillir dignement sa souveraine.

Avec la Terreur, André-Arnoult Aclocque sera persécuté et devra se dessaisir de son domaine, pour se réfugier à Sens. Sous l'Empire, on le trouve associé dans la célèbre conserverie de vinaigre et de moutarde Maille.

Au cours des années qui suivent, la Vallée-aux-Loups changera dix fois de propriétaire ; objet de spéculation, elle atteindra 500 000 livres, en 1795. Prix record.

De sauvage, la Vallée-aux-Loups était devenue, au début du XIXe siècle, un site civilisé et aimable : autour du petit village d'Aulnay s'élevaient de belles propriétés de plaisance, construites par de grands seigneurs (Ségur, Girardin), le sénateur d'Empire Lenoir-Laroche, protecteur de l'illuministe Saint-Martin, des poètes et des musiciens.

 

Exilé par Napoléon à "au moins deux lieues de Paris" à cause de l’article qu’il a écrit dans le "Mercure de France", Chateaubriand achète, le 22 août 1807, le domaine de la Vallée-aux- Loups, situé dans le hameau d’Aulnay.

Dès ses premières visites, la Vallée-aux- Loups plaît à Chateaubriand. Il écrit en 1811, dans ses "Mémoires d’Outre- Tombe" : "À mon retour de la Terre Sainte, j’achèterai près du hameau d’Aulnay une maison de jardinier, cachée parmi les collines couvertes de bois. Le terrain inégal et sablonneux descendant de cette maison n’était qu’un verger sauvage au bout duquel se trouvaient une ravine et un taillis de châtaigniers. Cet étroit espace me parut propre à renfermer mes longues espérances".

Chateaubriand fait entreprendre des travaux de réparation dans la maison, et s’y installe avec sa femme. À la Vallée-aux-Loups, Chateaubriand fait oeuvre de jardinier et de poète, mettant ainsi en accord ses aspirations et sa vie quotidienne. C’est avec plaisir que Chateaubriand crée le parc de la Vallée-aux-Loups, guidé par ses souvenirs et ses voyages.

Au fil du temps, le parc s’enrichit de nouvelles plantations. Chateaubriand ne verra pas grandir ses petits arbres jusqu’à leur maturité, car la Restauration lui est plus hostile que l’Empire. Déchu de ses fonctions de ministre, il se retrouve dans une situation financière catastrophique. Le domaine de la Vallée-aux-Loups est mis en loterie. Sur les instances de Madame Récamier, le domaine est acheté par Matthieu de Montmorency, ami et créancier de Chateaubriand.

Chateaubriand vécut à la Vallée-aux- Loups de 1807 à 1818. Aujourd’hui, la maison a été complètement restaurée à l’image de ce qu’elle était quand Chateaubriand y vivait. Propriété du Département des Hauts-de-Seine, elle fait partie du Parc départemental de la Vallée-aux-Loups.

 

 

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13 avril 2008

Vita Sackville West - Sissinghurst

Biographie de Vita Sackville West.

 

 

 

Vita_Sackville_West"Même si l'on ne cherche que la simplicité, comment échapper à la complexité de la vie ? "

 

 

Victoria Mary Sackville-West est née à Knole House dans le Kent, le 9 mars 1892. Elle était la fille de Lionel Edward Sackville-West, 3ème Baron Sackville et de sa femme Victoria Sackville-West, baronne de Sackville. Très tôt, Victoria prit le prénom de Vita pour se démarquer de sa mère. Elle passa son enfance et son adolescence dans la propriété familiale, mais étant une femme elle ne put en hériter, ce qu'elle regretta toute sa vie.

En 1913, Vita Sackville-West épouse Harold Nicolson, diplomate, puis journaliste, membre du Parlement, auteur de biographies et de romans, mais aussi, un compagnon bisexuel dans ce qu'on appellerait à présent un mariage ouvert. Ils eurent tous deux des liaisons homosexuelles, ce qui n'empêcha pas une relation étroite entre les époux, comme en témoigne une correspondance presque journalière (publiée après leur mort par leur fils Nigel), et un entretien qu'ils donnèrent à la radio de la BBC après la Seconde Guerre mondiale.

Harold Nicolson, diplomate de 1909 à 1929, dont Winston Churchill fit un sous-secrétaire d'Etat à l'Information pendant une partie de la Seconde Guerre Mondiale, tint pendant trente ans, de 1936 à sa mort en 1968 un journal qui fut édité en 1966 sous le titre "Diaries and letters", traduit en français sous le titre "Journal des années tragiques (1936-1942) "(B.Grasset, 1971).

Le couple eut deux enfants, Benedict Nicolson (1914-1978), historien d'art, et Nigel Nicolson (1917-2004), politicien et écrivain. Dans les années 1930, la famille acheta le château de Sissinghurst dans la campagne du Kent, région appelée le jardin de l'Angleterre.

La relation passionnée féminine qui eut l'effet le plus marquant et le plus durable sur la vie personnelle de Vita Sackville-West eut lieu avec la romancière Violet Trefusis, fille de la courtisane Alice Keppel qui était la maîtresse officielle du roi Édouard VII. Elles se rencontrèrent lorsque Vita Sackville-West avait douze ans et Violet Trefusis dix ans, et fréquentèrent la même école pendant quelques années. Bien que toutes deux mariées,  elles partirent plusieurs fois en voyage ensemble, la plupart du temps en France, où Vita Sackville-West se déguisait en jeune homme quand elles sortaient. Leur liaison se termina mal, Violet Trefusis poursuivant Vita Sackville-West de ses assiduités alors même que Vita Sackville-West entretenait des liaisons avec d'autres femmes, mais Violet Trefusis refusa toujours cette rupture.

Le roman de Vita "Challenge" témoigne de cette histoire : Vita Sackville-West et Violet Trefusis commencèrent à écrire le livre ensemble, le personnage masculin, Julian, étant le surnom de Vita quand elle se faisait passer pour un homme. Sa mère, Lady Sackville, trouva l'autoportrait assez évident pour demander que le roman ne paraisse pas en Angleterre, son fils Nigel, cependant, en fait l'éloge : "Elle s'est battue pour le droit d'aimer, hommes et femmes, rejetant les conventions selon lesquelles le mariage exige l'amour exclusif, et que les femmes ne devraient aimer que les hommes, et les hommes uniquement les femmes. Pour cela, elle était prête à tout abandonner… Comment pourrait-elle regretter que ce savoir puisse atteindre les oreilles d'une nouvelle génération, qui plus est infiniment plus compréhensive que la sienne ? "

L'histoire d'amour la plus célèbre de Vita  Sackville-West fut celle qu'elle eut avec la grande romancière Virginia Woolf à la fin des années 1920. A la suite de cette histoire, Virginia Woolf écrivit l'un de ses romans les plus célèbres, "Orlando", décrit par le fils de Vita Sackville-West, Nigel Nicolson, comme "la plus longue et la plus charmante lettre d'amour de la littérature", une biographie fantastique dans laquelle le héros éponyme traverse les siècles et change de sexe, publié en 1928. A la fin de leur liaison, les deux femmes restèrent amies.

Parallelement, Vita Sackville West eut une carrière de poète et de romancière. En tant que poète, elle fut deux fois lauréate du Hawthornden Prize (en 1927 et en 1933), cas unique dans l'histoire de ce prix littéraire. La première année pour son long poème narratif "The Land", et la deuxième année avec ses "Collected Poems". "The Edwardians" (1930) et "All Passion Spent" (1931) sont sans doute ses romans les plus connus de nos jours. Dans le second, Lady Slane, une femme mûre, recouvre un sens de la liberté et de la fantaisie longtemps refoulé après une vie vouée aux conventions.

En 1946, elle fut faite "Companion of Honour" pour ses services rendus à la littérature. L'année suivante, elle tint une colonne hebdomadaire dans The Observer, intitulée "In your Garden". En 1948, elle devint un membre fondateur du comité des jardins du National Trust.

Vita Sackville West meurt le 2 juin 1962.

 

 

Sissinghurst sa maison.

 

 

 

SissinghurstAu début de son existence, Sissinghurst était une massive forteresse du 12ème siècle, le manoir de pierres était entouré de douves dans le plus pur style moyenâgeux, deux de ces douves subsistent toujours actuellement. L’origine du nom est saxonne et signifie "une clairière dans les bois" . Au 15ème siècle, la propriété fut achetée par la famille Baker, liée par mariage aux Sackville de Knole, dans le Kent, ancêtres de Vita Sackville-West.

Le vieux manoir en ruines fut remplacé par une impressionnante demeure en briques rouges. Ce fut la première construction de ce type dans le Kent où généralement on construisait en bois et en pierres. De cette demeure ne subsiste que l’avant où à l’origine se trouvaient les écuries d’un côté et les quartiers des serviteurs de l’autre. Au 16ème siècle, Sir Richard Baker fit construire une maison de type élisabethain, considérée comme l’une des plus belles de l’époque.

Au 18ème siècle, par contre, au gré des caprices des fortunes familiales, celles-ci changent et la demeure dut être louée au gouvernement de l’époque qui la transforma en camp d’emprisonnement pour prisonniers de guerre français ; plus de 3.000 prisonniers y furent détenus au cours des 7 années qui suivirent. Ce furent les détenus qui surnommèrent le site  "Le Château" parce que la maison leur faisait penser à un château français, à savoir un grand manoir entouré d’un immense domaine. Sissinghurst devint donc "Sissinghurst Castle" et le nom lui restera.

La guerre endommagea fortement les bâtiments dont les 2/3 se retrouvèrent démolis à la fin de la guerre. Au cours des 50 années qui suivirent, le domaine fut occupé par les pauvres de la paroisse travaillant à la ferme et dans l’usine de briques des environs. Lorsque la famille Corwallis reçut la propriété au 19ème siècle, elle construisit la grande ferme en guise d’habitation, étant donné l’état lamentable des anciens bâtiments.

C’est finalement au début du 20ème siècle que le domaine de Sissinghurst Castle sera sauvé par deux intellectuels épris de beauté et de jardinage. En 1928 le domaine fut mis en vente mais ne trouva aucun acheteur pendant deux ans. En avril 1930, Vita Sackville-West vint y jeter un coup d’œil en compagnie de son fils cadet, Nigel, qui se rendit compte avec horreur que sa mère avait bien l’intention d’acheter et vivre dans ce champ de choux.

La flamboyante écrivaine cherchait une vieille maison afin d’y créer un nouveau jardin ainsi qu’elle l’avait fait à Cospoli, Constantinople, en compagnie de son époux Harold Nicolson, alors en poste diplomatique. Sous l’œil horrifié de Nigel, Vita Sackville-West tomba éperduement amoureuse de Sissinghurst et acquit la propriété entourée d’un immense domaine à cultiver.

Vita et Harold créèrent alors un jardin reflétant totalement leurs personnalités à la fois différentes et complémentaires : elle, romantique, exaltée, adorant les recoins qui surprennent, avec une profusion de plantations ; lui plus classique et pondéré, aimant les formes plus sobres. Harold Nicolson développa un grand sens de la conception de jardins, aidé en cela par un ami du couple, Sir Edwin Lutyens (l’architecte, ami de Nathaniel Lloyd, qui contribua à sauver Great Dixter).

Les bâtiments de Sissinghurst Castle furent sauvés par l’architecte Albert Reginald Powys, secrétaire de la Société pour la Préservation des Bâtiments Anciens. C’est lui qui rendit Sissinghurst habitable et conçut également quelques murs entourant les jardins. La conception des jardins progressa rapidement et lorsqu’éclata la seconde guerre mondiale, en dehors du célèbre  "White Garden" et du "Thyme Lawn", toutes les formes étaient bien en place.

Sissinghurst Gardens est le bel exemple d’une étroite collaboration entre deux personnalités exceptionnelles et reflètent bien le côté apollinien bien ordonné des dessins d’Harold ainsi que la nature plus dionysiaque et exubérante de Vita. Cependant, ce jugement n’est pas restrictif car Harold Nicolson ne ménageait pas ses suggestions créatives pleines d’imagination et d’originalité, parfois rejetées par Vita en faveur de quelque chose de plus simple.

A travers les jardins séparés de haies d’ifs taillés, au détour d’un massif, se tiennent quelques statues choisies avec soin pour le lieu, des vases et urnes apportant une touche du passé. Une très belle promenade le long des deux douves subsistantes, emmènent le visiteur vers les lacs et pour qui en a l’envie, la promenade se poursuit bien au-delà dans les bois.

Sissinghurst est partagés en "garden rooms" dont les deux plus importantes, et plus célèbres, sont le "White Garden" et le "Rose Garden", mais que le visiteur ne restreigne surtout pas sa curiosité car toute la propriété vaut non seulement le détour, mais permet aussi d’y passer de nombreuses heures non seulement à se balader mais aussi à s’asseoir et rêver.

 

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Vita Sackville West lisant son poème "The Land".

 

 

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16 avril 2008

Elsa Triolet et Louis Aragon - Le moulin de Villeneuve

Biographie d'Elsa Triolet.

 

Elsa_Triolet"Il n'y a pas d'endroit où l'on peut respirer plus librement que sur le pont d'un navire".

 

De son vrai nom Elsa Kagan (puis Triolet de son premier mari qu'elle gardera toute sa vie), elle est fille de Elena Youlevna Berman (musicienne) et de l'avocat juif Youri Alexandrovitch Kagan. Elle est née le 11 septembre 1896 à Moscou.  Elle a pour soeur Lili dont elle est très jalouse mais qu'elle admire en même temps. Lili rejoindra en 1905 la révolution russe et c'est par elle que Elsa et Aragon auront des contacts communistes. Elle est l’amie d'enfance du linguiste Roman Jakobson, apprend le français très tôt et se lie en 1913 avec le poète futuriste Vladimir Maïakovski, qui deviendra ensuite le compagnon de sa sœur, Lili Brik.

En 1918, elle quitte la Russie et en 1919, elle épouse André Triolet, un officier français, à Paris avec qui elle part pour Tahiti pendant 3 ans. C'est là qu'elle écrira ses premières oeuvres. D'années en années, elle subira une dépression liée au climat. En effet, elle ne peut se sentir bien que dans son pays et c'est pour cela qu'elle retournera quelques années après en Europe. Elle quitte son mari en 1921, c'est dans cette période qu'elle connaîtra un temps d'errance en allant à Paris, Berlin mais aussi Moscou. Elle écrit plusieurs romans en russe, "À Tahiti" (publié en 1925 et inspiré de son séjour à Tahiti en 1919), "Fraise-des-Bois" (1926), "Camouflage" (1928). Remarquons que ces oeuvres ont pour beaucoup une thématique d'errance en relation à ses années 1921 à 1928. C'est une femme qui vit dans une solitude bien qu'elle ait été mariée et entourée de nombreuses personnes.

Installée à Montparnasse en 1924, elle fréquente des écrivains surréalistes et des artistes comme Fernand Léger et Marcel Duchamp.

Elle rencontre Louis Aragon en 1928 à Paris, au café La Coupole, fréquenté par beaucoup d'artistes, et devient sa muse. Dans les années trente, elle dessine des colliers pour la haute couture et écrit des reportages pour des journaux russes ; elle traduit également des auteurs russes et français. Elle commence à écrire un premier roman en français, "Bonsoir, Thérèse", en 1938.

Elle se marie avec Aragon le 28 février 1939. Elle entre avec lui dans la Résistance, dans la zone Sud (à Lyon et dans la Drôme notamment) et contribue à faire paraître et à diffuser les journaux La Drôme en armes et Les Étoiles. Elle continue à écrire : le roman "Le Cheval blanc" et des nouvelles publiées aux Éditions de Minuit. Réunies sous le titre "Le Premier accroc coûte deux cents francs" (phrase qui annonçait le débarquement en Provence), ces nouvelles obtiennent le prix Goncourt 1945 au titre de l'année 1944. Elle assiste en 1946 aux procès de Nuremberg sur lesquels elle écrit un reportage dans Les Lettres françaises.

Appartenant au comité directeur du Comité national des écrivains (CNE), elle s’attache à promouvoir la lecture et la vente de livres dans les années cinquante. La période de la guerre lui inspire le roman "L’Inspecteur des ruines", puis la menace atomique, au temps de la guerre froide, "Le Cheval roux". Elle voyage beaucoup dans les pays socialistes avec Aragon, mais, si elle a conscience de l’antisémitisme qui atteint sa sœur et des crimes qui sont commis en Union soviétique (le compagnon de Lili Brik, le général Vitaliy Primakov, est exécuté), elle ne fait aucune déclaration publique sur ces événements. Elle n’exprime sa critique du stalinisme qu’en 1957 dans "Le Monument". Elle démissionne la même année du comité directeur du CNE puis écrit les trois romans du cycle "L’Âge de Nylon". Elle intervient activement en 1963 pour faire traduire et paraître en France le roman d’Alexandre Soljénitsyne "Une journée d’Ivan Denissovitch". La façon dont la biographie de Vladimir Maïakovski a été falsifiée en Union soviétique est une des raisons qui l’entraîne à écrire les romans "Le Grand Jamais" (1965) et "Écoutez-voir" (1968).

Après avoir publié "La Mise en mots" (1969) et "Le Rossignol se tait à l'aube" (1970), Elsa Triolet meurt d'un malaise cardiaque le 16 juin 1970 dans la propriété qu’elle possède avec Aragon, le Moulin de Villeneuve. Elle repose dans le parc de six hectares entourant ce vieux moulin aux côtés d’Aragon. Sur leurs tombes on peut lire cette phrase d’Elsa Triolet : "Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l’alliance de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur, à toi et à moi".

 

 

Biographie de Louis Aragon.

 

Louis_Aragon"La vie est pleine d'échardes. Elle est pourtant la vie et cela fait du bien, la nuit parfois, de crier".

 

Louis Aragon est né le 3 octobre 1897 à Paris. Il y meurt le 24 décembre 1982. Entre ces deux dates, la vie d’un homme, d’un homme hors du commun. Une vie en quête de vérité, de sa vérité. Une vie qui a commencée par un mensonge, celui de sa naissance.

Son père, Louis Andrieux, 57 ans, un notable, procureur de la république à Lyon, puis député, préfet de police, et ambassadeur de France en Espagne. Sa mère, Marguerite Toucas, 24 ans. Elle fera passer Aragon pour le fils adoptif de sa mère et Andrieux pour son parrain.

L’enfance se passe à Paris puis à Neuilly où sa mère tient une pension de famille. Après son baccalauréat latin-sciences, il s’inscrit à la faculté de médecine en 1916, il est affecté au Val de Grâce. Nommé médecin auxiliaire en 1918, il part pour le front. C’est à cette époque que Louis Andrieux et sa mère lui avouent le secret de ses origines.

Il publie son premier poème "soif de l’ouest" dans le numéro de mars de Nord-Sud, revue fondée par Pierre Reverdy. Puis en juin, il part pour le front. En août, il est cité à l’ordre du régiment et reçoit la croix de guerre. C’est pendant cette période qu’il rencontrera Breton, lui aussi médecin. Tout deux passeront des nuits à lire Lautréamont. Plus tard, après la guerre, après Dada, ils fonderont le mouvement surréaliste avec Philippe Soupault.

En 1920, Tzara, le maître du Dadaïsme arrive à Paris. Les trois jeunes gens s’enflamment pour cette révolte contre l’ordre établi. Aragon publie "Feu de Joie". Soupault et Breton publient "les champs magnétiques". C’est aussi l’époque où, avec Breton, il essaie en vain d’adhérer au parti communiste.

Le premier roman, "Anicet ou le panorama" paraît. Aragon, en plus d’être un grand poète, fut aussi un romancier hors pair, au grand dam d’André Breton. Déjà Aragon se distingue de ses camarades.

En 1922, échec à l’examen de médecine. Il n’aura pas à choisir entre celle-ci et la littérature. La même année, il publie "les aventures de Télémaque". Une approche moderne d’une aventure on ne peut plus classique, notre poète essaiera toujours de concilier tradition et modernisme, toute son œuvre en témoigne. Puis, en 1924, pendant que Breton publie le "manifeste du surréalisme", Aragon, quand à lui, fait éditer "le Libertinage".

Pendant plusieurs années, Aragon est plongé dans le surréalisme. Il participe à diverses manifestations surréalistes, publie des recueils de poésie tel "le mouvement perpétuel", tout en continuant à être prosateur avec "Le paysan de Paris". Il publie son manifeste, le "Traité du style". De 1926 a 1928, il vivra avec Nancy Cunnard. Elle le quittera lors d’un voyage à Venise. C’est avec elle, qu’il détruira les pages de son roman "La défense de l’infini" dans un hôtel madrilène. C’est aussi pendant cette période qu’il finira par adhérer au PCF , en compagnie de Breton et d’Eluard. Ceux-ci n’y resteront que quelques mois.

Après une tentative de suicide, la vie reprend son cours, il s’installe rue du Château, lieu où vécurent notamment les frères Prévert, des amis d’enfance. Il rencontre Maïakovski, puis Elsa Triolet la belle sœur du poète russe. Il commence à se détacher du surréalisme. Après la publication de "front rouge" que Breton qualifiera de poésie de circonstance, ce que revendiquera Aragon et une série de pamphlets qui ne feront qu’envenimer leurs relations déjà tendues depuis des années, la rupture sera définitive.

Jusqu’en 1939, sa vie sera jalonnée par plusieurs voyages en URSS, ce sera une vie de militant, de défenseur du communisme. Il accueille à la frontière des républicains espagnols et milite pour la défense de la culture. Le 28 février 1939, il se marie avec Elsa, la femme de sa vie. Il s’éloigne des communistes en prônant un pacte entre France, Angleterre et URSS, alors que se signe le pacte germano-soviétique. En septembre, il est mobilisé et affecté comme médecin auxiliaire. C’est pendant cette période, qu’il écrit les poèmes du "crève-cœur", premier recueil apolitique depuis bien des années.

En 1940, il commence la publication des "voyageurs de l’impériale" a la NRF, revue dirigée alors par Drieu la Rochelle. Puis c’est le tour de la "rime en 1940" ou il prend la défense d’une poésie classique. Le texte va en fait beaucoup plus loin qu’il n’y paraît car en défendant la tradition en une telle époque, il s’oppose nettement aux visées du nazisme et de son homologue le communisme qui prétendaient tous deux diriger la vie culturelle.

Cette même année, il reçoit de nouveau la croix de guerre. Aragon a toujours été, quoique l’on dise, un combattant. Tous les témoignages montrent que la peur de la mort n’a jamais été sa préoccupation première. C’était un chevalier au sens que donne le cycle du Graal à ce mot , toujours prêt a défendre l’Elue de son cœur et a partir au combat si cela s’avère nécessaire.

En 1941, il renoue avec le PCF clandestin. Drieu la Rochelle cesse la publication des "voyageurs de l’impériale" à la NRF. Aragon et Elsa sont arrêtés par les Allemands sur la ligne de démarcation, ils seront emprisonnés à Tours. Ils sont finalement relâchés et vont s’installer à Nice.C'est l’époque de la résistance. Aragon, à l’instar d’Eluard, fait partie de ceux qui dans l’ombre ont résisté à l’Allemagne nazie. Pendant cette période naîtront les textes célèbres comme les "yeux d’Elsa" ou "la rose et le réséda".

Aragon sera un résistant actif, en 1945 il suit De Gaulle dans son voyage en Alsace et en Lorraine. C’est aussi à ce moment qu’ Elsa obtient le prix Goncourt pour son roman "le premier accroc coûte deux cents francs". Les années après guerre sont liées à l'histoire du PCF. Jusqu'à la mort d'Elsa en 1970, Aragon ne publiera plus de grandes œuvres polémiques. Par contre, c'est pendant ces années là que naîtront : "Le roman inachevé", son autobiographie poétique ; "Les Poètes", son histoire de la poésie, et surtout "Elsa" et "Le fou d'Elsa" deux textes dans la tradition de l'amour poétique et en même temps si novateur.

Après la mort de l'Aimée, Aragon continuera son œuvre à la fois poétique et politique mais se détachera bien des fois du communisme "pur et dur" notamment en protestant contre la déchéance de nationalité du musicien Mstislav Rostropovitch ou en condamnant le trucage du suicide du fils de Nezval, le poète tchèque. Protestations qui lui valurent une forte mise en garde ses dirigeants du PCF, et surtout qui se traduisirent par une cessation du soutien financier aux journal qu'il dirigeait depuis l'après guerre Ce Soir.

Il meurt le 24 décembre 1982.

 

 

 

 

 

Le moulin de Villeneuve leur maison.

 

Moulin_de_VilleneuveLe moulin de Villeneuve et son parc de six hectares, au bord de la Remarde, fut découvert en 1951 par Louis Aragon et Elsa Triolet. Le poète décide d'offrir cet ancien moulin à eau qui a perdu depuis longtemps sa roue, à sa compagne et c'est là qu'ils passent, dès lors, leurs fins de semaine. pour échapper à Paris, laissant le restant de la semaine la garde du Moulin à leurs gardiens-amis Hélène et Ernest.
Aragon y écrivit "La Semaine Sainte" et Elsa, "Le Cheval roux".

Louis Aragon et Elsa redonnent vie à ces bâtiments dont l’origine remonte au XIIème siècle et dont les formes actuelles datent des XVIIIème et XIXème siècles. Depuis 1904, le Moulin de Villeneuve n’a plus vu un meunier. Tous deux se dédient alors à l'aménagement des lieux : Elsa qui a étudié l’architecture et la décoration intérieure, dessine les plans de plusieurs pièces et aménage le parc tandis qu'Aragon fait installer un système de chauffage afin de préserver sa précieuse bibliothèque.

Dans les bâtiments des XVIIIème et XIXème siècles, l'appartement du couple a fait l'objet d'une préservation particulière. Il garde intact le cadre de la vie commune des deux écrivains : menu rédigé par Pablo Neruda, souvenirs de Russie d'Elsa et céramiques de Picasso. Le bureau et la chambre du couple sont tapissés de bleu de Saint-Pétersbourg, en référence au passé russe d'Elsa. On retrouve des vestiges de l'activité meunière, comme la roue dont la cage se trouve au coeur du grand salon, Aragon en ouvrait de temps en temps la vanne en présence de ses invités, pour faire gronder la chute d'eau. Dans le parc attenant à la propriété se trouve la tombe des deux poètes, sa végétation spontanée est une invitation à la rêverie.

Elsa y repose depuis 1970, et Aragon depuis 1982. Un magnétophone diffuse jour et nuit la Sarabande de Bach et le chant du rossignol.

La propriété a été léguée à la France, suivant la volonté des poètes et a ouvert ses portes au public en 1994, c'est un musée, mais aussi un lieu de recherche et de création suivant les vœux d'Elsa Triolet et Louis Aragon.

La maison organise désormais des spectacles de théâtre, des lectures ou expositions d'art contemporain, ou encore des conférences-promenades.

 

 

 

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17 avril 2008

Jules Verne - Amiens

Biographie de Jules Verne.

 

 

Jules_Verne"Rien ne s'est fait de grand qui ne soit une espérance exagerée".

 

Jules Verne naît en 1828 au sein d’une famille aisée de la bourgeoisie nantaise. Son père a fait quelques années auparavant l’acquisition d’une étude d’avoué, tandis que sa mère appartient au milieu des armateurs et des navigateurs. A partir de 1840 d'ailleurs, la famille Verne s'installe dans le quartier de l'île Feydeau, près des quais et du port.  Cet environnement explique l'attirance précoce de l'enfant pour la mer, les horizons lointains et l’aventure. A 9 ans, après avoir acheté l’engagement d’un mousse, Jules Verne s’embarque sur un long-courrier en partance pour les Indes, la Coralie,  avant d’être rattrapé à Paimbeuf. Inscrit en 1844 au Lycée de Nantes, il y fait sa rhétorique et sa philosophie, passant avec succès le baccalauréat. Il entame ensuite des études de droit, celles-ci devant lui permettre de prendre la succession de son père à laquelle il est destiné.

Parallèlement, l’adolescent passionné par les lettres s’essaie à la rédaction de quelques sonnets, de tragédies en vers, voire de pièces de théâtre. Ses pensées se tournent alors vers Paris. En avril 1847, il obtient de son père l’autorisation  de se rendre dans la capitale afin de terminer son droit. L'étudiant obtient le grade de licencié en 1849. Il fréquente également  les salons parisiens que lui ouvrent les relations familiales. Jules Verne y fait la connaissance d'Alexandre Dumas. En 1850, le grand romancier lui permet de faire représenter au Théâtre Historique une comédie en vers. La même année, Jules Verne passe avec succès sa thèse. Cependant, son existence parisienne est  fréquemment à l'origine de conflits avec l’autorité paternelle. Ceux-ci trouvent leur dénouement pendant l'année 1852. L’écrivain naissant repousse alors de façon définitive l’idée d’un retour à Nantes et entame une carrière dans la magistrature.

A Paris, Jules Verne doit désormais donner des cours particuliers pour subvenir à ses besoins. Il fait bientôt publier dans la revue Le Musée des familles une nouvelle intitulée "Martin Paz". Quelques années plus tard, en 1856, il devient l’associé d’un agent de change à la Bourse, l'entreprise étant financée par un apport d’argent d’origine familiale. Jules Verne se marie le 10 janvier de l'année suivante avec une veuve, Honorine de Viane. Il continue également d’écrire pour le théâtre et voyage en Angleterre et en Écosse en 1859 puis en Scandinavie en 1861.

L’année 1862 décide de son avenir littéraire. Jules Verne présente à l’éditeur Jules Hetzel "Cinq Semaines en ballon". Publié le 24 décembre en librairie, c’est un franc succès et le début d’une longue et fructueuse collaboration. Jules Verne signe alors un contrat qui l’engage pour vingt années avec Hetzel et participe régulièrement à l’une de ses publications, Le Magasin d’éducation et de récréation, une revue destinée à la jeunesse. L'écrivain s'installe à cette époque à Auteuil avant de céder sa charge d'agent de change.

Les romans qui suivent trouvent également un public de lecteurs passionnés : "Voyage au centre de la Terre" en 1864 puis "De la Terre à la Lune" en 1865. L’écrivain a décidément trouvé sa voie ; il se consacrera jusqu’à la fin de sa vie à la description d’un monde, celui des "Voyages extraordinaires". Dans ses écrits, Jules Verne se fait l’apologiste de la technique et des sciences, des prouesses de l’homme moderne. S’il décrit certaines réalisations futures en se projetant dans un univers imaginaire, il peut également être considéré comme l’écrivain de son temps et de ses traits les plus visibles (l’industrialisation, la découverte du monde…) ou de ses passions (la foi dans le progrès, le colonialisme…) mais également de son milieu, la bourgeoisie et de ses valeurs (le mérite personnel qui repose sur la réussite individuelle bâtie grâce à l’éducation et au travail, un antisémitisme latent…).

Les succès se suivent, succès d’édition en France où son public de lecteurs s’élargit, et dans le monde grâce aux traductions de ses œuvres majeures : "Les Enfants du Capitaine Grant" en 1867, "Vingt mille lieues sous les mers" en 1869, "Le Tour du monde en quatre-vingts jours" en 1873, "L’Île mystérieuse" en 1874, "Michel Strogoff" en 1876, "Les Indes Noires" en 1877… Quelques ouvrages d'érudition prennent également place au milieu de cette production littéraire, une "Géographie illustrée de la France et de ses colonies" publiée en 1868 notamment.

En 1866, Jules Verne loue une maison au Crotoy, en baie de Somme. L’année suivante est l’occasion d’un voyage aux États-Unis. Il effectue la traversée sur le transatlantique Great Eastern. La consécration l'attend à son retour. La Légion d'Honneur lui est en effet remise en 1870 tandis que son oeuvre est couronnée par l'Académie française. L'écrivain est mobilisé quelques temps plus tard comme garde-côte pendant le conflit franco-prussien. Il se rend alors dans la capitale où les événements de la Commune parisienne l'horrifie.

En 1872 enfin, Jules Verne s’installe définitivement à Amiens, la ville natale de sa femme, où il fait l’acquisition en octobre 1882 d’un hôtel particulier situé au n°2 de la rue Charles Dubois dans les quartiers en construction par lesquels la ville s’étend en direction du Sud. Il y mène une existence bourgeoise de représentation, de participation à la vie politique locale. Jules Verne est élu au Conseil municipal de la ville en 1888 sur une "liste de protestation patriotique" composée de notables et de représentants des milieux populaires en tête de laquelle figure le nom du général Boulanger. Il s'attachera à la promotion des Beaux-arts, décidant notamment de la construction du Cirque municipal.

Jules Verne ne néglige pas pour autant son travail d’écrivain ("Les Cinq Cents millions de la Bégum" 1879 ; "Robur le Conquérant" 1886 ; "Le Château des Carpates" 1892 ; "L'Ile à hélices" 1895…). Il effectue également quelques croisières à bord de son yacht à voiles et à vapeur le Saint Michel III (en Mer du Nord et en Mer Baltique en 1881, en Méditerranée en 1884).



Affaibli depuis 1897, Jules Verne est terrassé le 16 mars 1905 par une crise de diabète. L'auteur des "Voyages extraordinaires" décède quelques jours plus tard, le 24 mars, à Amiens. Il est inhumé au cimetière de la Madeleine où le sculpteur Albert Roze l’a immortalisé en ornant son tombeau d’un buste représentant l'écrivain la main tendue vers le ciel.

 

Amiens sa maison.

 

 

1A quarante-trois ans, alors que "Cinq semaines en ballon" et "Voyage au centre de la terre" connaissent déjà un succès international, Jules Verne décide de quitter la capitale pour s'installer à Amiens. Le romancier disait se trouver assez près de Paris "pour en avoir le reflet, sans le bruit insupportable et l'agitation stérile" dans une lettre à son ami Charles Wallut.

En 1882, il loue un hôtel particulier en brique rouge typique du Pas de Calais qui aurait été assez ordinaire s'il n'avait été surmonté d'une tour. Une maison somme toute à l'image de son locataire, puisque ses contemporains s'étonnaient qu'un homme d'apparence aussi commune ait pu écrire une telle œuvre.

Jules Verne occupera "la maison à la tour" pendant dix-huit ans et y écrira trente-quatre romans. Aujourd'hui, cette demeure récemment rénovée offre au visiteur un voyage extraordinaire dans la vie de Jules Verne et l'invite, en traversant les pièces comme on tourne les pages d'un livre, à explorer son univers.

La demeure se découvre pièces par pièces, tel un parcours initiatique imaginé pour faire pénétrer le visiteur dans le monde de l'auteur.

Au premier abord, l'intérieur ressemble à la plupart des maisons bourgeoises de cette époque : l'opulence du salon et l'atmosphère feutrée du fumoir succèdent au style chargé et sombre de la salle à manger.

Passées ces pièces de réception, la visite se poursuit à l'étage et chacun est invité à pénétrer dans l'intimité de la vie de l'écrivain. La salle de lecture s'ouvre sur une carte du monde étalée sur le sol et les meubles sont recouverts de feuilles raturées et éparpillées, brouillons d'œuvres en gestation. Le cabinet de travail, où l'auteur dormait, incite au voyage : agencé comme une cabine de bateau, il donne sur la voie ferrée.

A l'étage supérieur, se trouve le grenier, lieu du déchaînement de l'imaginaire de l'homme de lettres : capharnaüm savamment orchestré de maquettes de machines volantes et de coffres s'ouvrant sur des objets insolites, tous issus du monde onirique de l'auteur. L'extravagance culmine dans la tour, ornée d'une sculpture représentant un globe au milieu des astres.

Entre passé et futur, ce voyage intemporel immerge le visiteur dans les visions de Jules Verne et lui fait revivre les rêves qui ont bercé son enfance.

 

 

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Maison de Jules Verne.

 

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26 avril 2008

Jean de La Fontaine - Château Thierry

Biographie de Jean de La Fontaine.

 

 

La_Fontaine"Qui mieux que vous sait vos besoins ? Apprendre à se connaître est le premier des soins..."

 

De petite noblesse, Jean naît le 8 juillet 1621 puis est baptisé probablement le même jour à Château-Thierry en Champagne où son père, Charles, exerce la charge de "Maître triennal des eaux et forêts" du duché de Chaûry. Il passe toute son enfance dans cette province, un milieu rural et champêtre dont, dit-on, son œuvre porte la marque. Son père, également Maître des Chasses, avait épousé en 1617 une veuve de bonne maison poitevine, Françoise Pidoux.

Les études de La Fontaine restent mal connues. Probablement les commence-t-il vers 1630, au collège de Château-Thierry, un établissement assez réputé. Cependant, peu enclin à la vie active et aux affaires, sa famille décide vers 1635, de l'envoyer dans un collège parisien, après sa troisième afin de les achever.

A Paris, il y suit des études de théologie. Il est alors âgé de 19 ans. L'Eglise, premier état du royaume, devrait lui assurer la sécurité. Cependant, pas décidé à respecter la discipline monastique de la Congrégation de l'Oratoire où il reste un peu plus d'une année, la perspective de devenir prêtre ne l'enchante plus. Seule la littérature semble vraiment l'intéresser.

Des études faciles de Droit et l'acquisition d'un diplôme de licencié en Droit pour 20 écus, lui donnent le titre "d'avocat en la cour de Parlement". Il s'installe à Paris en 1646 où il mène une vie dissipée dans les salles de jeux et les cabarets. Il y fréquente Tallemant des Réaux. Il fait partie d'une petite académie littéraire et amicale dite la "table ronde". Ces "Palatins" sont Pellison, Furetière, Maucroix, Charpentier, Cassandre. Cette académie littéraire lui offre l'occasion de lire beaucoup, poètes, philosophes grecs et latins, et surtout Malherbe qui lui donne le goût des beaux vers.

Le 10 novembre 1647, sous la pression paternelle il épouse Marie Héricard de la Ferté Milon (14 ans) qui lui apporte une dot de trente mille livres et des immeubles pour une valeur de douze mille livres.  Le 30 octobre 1653, Marie lui donnera un fils, Charles, qu'il délaissera plus tard. Auparavant, en 1652, il achète une charge de maître particulier triennal des eaux et forêts à Château-Thierry pour une valeur de douze mille livres. Plus tard, en 1658, il hérite des deux charges de son père décédé.

Enfin, en 1654, Il décida de se consacrer à la littérature et ouvre un salon littéraire à Paris où il vit avec son épouse. Poussé par quelques amis, il se lance sans succès dans une adaptation en vers d'une comédie "L'eunuque" imitée de Térence. L'accumulation des dettes, les faibles revenus de ses charges ainsi que de lourds droits de succession l'obligent à se chercher un protecteur.

La publication du poème héroïque "l'Adonis" (1658) imité d'Ovide lui vaut l'admiration et la protection de Fouquet (1659) le surintendant du jeune roi Louis XIV. il vit à sa cour à Vaux-le-Vicomte. La Fontaine s'engage à "pensionner" Fouquet en vers. Cette rencontre n'est cependant pas des plus heureuses, puisque le 5 septembre 1661, alors qu'il était en train de composer "le Songe de Vaux", Fouquet est disgracié, arrêté à Nantes et enfermé par le roi.

La Fontaine est donc privé de son protecteur, et poursuivi par la disgrâce royale pour sa fidélité ("Ode au roi pour M. Fouquet" 1662). Il juge alors prudent de s'éloigner de la capitale et part un temps dans le Limousin (vraisemblablement à Limoges).

L'affaire Fouquet s'étant calmée, il retourne dans sa ville natale en 1664, et pour vivre, se place sous la protection du duc de Bouillon (seigneur de Château-Thierry). Par ses "Contes" (1665-66-71) frivoles et libertins voire paillards inspirés notamment d'Aristote, il divertit la duchesse de Bouillon nièce de Mazarin. Pour l'époque, ces écrits font scandales et ne se vendent pas.

Il partage alors son temps entre Paris et Château-Thierry. Ses aventures extra-conjugales ont raison de son mariage. Il se sépare de sa femme et de son fils.

Privé de ressources, il revient à Paris et peut-être par l'entremise de la duchesse de Bouillon, il devient "gentilhomme servant" de Marguerite de Lorraine. Il sert la duchesse douairière d'Orléans, veuve de Gaston d'Orléans, au palais du Luxembourg (le Sénat actuel) pour deux cents livres par an. Charge des plus modestes, mais qui lui vaut d'être anobli. Il est l'un des neuf officiers qui président tour à tour au service de la table.

Cependant, il ne vit pas au Luxembourg où la vie est austère et dévote. Il loge quai des Augustins chez le magistrat Jacques Jannart, oncle de son ex-épouse, ancien collaborateur de Fouquet.

Heureux d'être à Paris, il fréquente dans les cercles littéraires les écrivains les plus renommés de son temps : Madame de La Fayette, Madame de Sévigné, Boileau, Molière, Racine, Perrault, La Rochefoucauld.

Il cherche en vain à obtenir une pension du roi, mais Colbert, nouveau surintendant et ennemi de Fouquet s'arrange pour le garder éloigné de la cour.

Soucieux et conscient du poids de ses écrits frivoles, il pense se faire pardonner en publiant en 1668 son premier recueil de "Fables" (livres I à VI des éditions modernes). Rien n'y fait.

En 1672, à la mort de la duchesse douairière d'Orléans, il s'installe rue Neuve-des-Petits-Champs chez son amie Madame de La Sablière, femme très cultivée et issue d'une grande famille de banquiers. Il y restera de 1673 à 1693 et y mènera une vie mondaine assez brillante.

Cependant, la publication des "nouveaux Contes" ne plaît pas au roi et ils sont interdits. Pratiquement sans ressources, il en arrive à revendre ses charges au Duc de Bouillon ainsi que la maison de Château-Thierry.

En 1678, il fait paraître son deuxième recueil de "Fables" (livres VII à XI) et le dédie à Madame de Montespan dans l'espoir de s'attirer sa protection. Enfin son talent commence à être reconnu et les publications des fables circulent.

Encouragé par Mme de La Sablière il se présente à l'Académie française. Le roi s'y oppose pendant deux années à cause de sa réputation de libertin et de son amitié pour Fouquet, mais il fini par être élu en 1683. Cette année, meurt Colbert.

En 1693 à la mort de Madame de La Sablière, désespéré et malade, il va chez son viel ami le banquier d'Hervart qui l'héberge. Le 12 février 1693, il se repent de ses "contes infâmes" devant une délégation de l'Académie et reçoit la communion. Il publie en septembre 1693 le livre XII des "Fables".

Les deux dernières années de sa vie, malade, il renonce à la vie mondaine, renie ses Contes et ne publie plus rien qui soit contraire à la religion et la vertu. Il se consacre à la méditation et hante les églises où en priant il tente de faire face à sa peur de l'enfer. C'est dans cet état d'esprit qu'il meurt le 13 avril 1695. Il a alors soixante-quatorze ans.

En procédant à sa toilette mortuaire, on trouve sur lui un cilice (large ceinture de crin de chèvre portée sur la peau par pénitence).

La Fontaine est enterré le 14 avril au cimetière des Saints-innocents. Par suite d'une erreur commise sur ce point par d'Olivet dans "l'Histoire de l'Académie", les commissaires de la Convention exhumeront en 1792, pour leur éléver un mausolée, des ossements anonymes dans un autre cimetière (aujourd'hui son tombeau est visible au Père Lachaise).

 

 

 

Château Thierry sa maison.

 

 

ScreenHunter_22_AprJean est né un beau jour de juillet dans ce bel hôtel particulier. Issu d’une famille aisée, il a vécu une enfance heureuse. Son père Charles, était Maître des eaux et forêts, charge dont La Fontaine héritera plus tard.

En 1676, alors âgé de 55 ans, le poète vendit sa maison natale pour trouver la gloire littéraire à Paris. A cette époque, la rue ne portait pas le nom du célèbre fabuliste, mais s’appelait rue des Cordeliers, et faisait partie du quartier des notables de Château-Thierry au XVIIème siècle.

Construite en 1559, plusieurs propriétaires succèderont à La Fontaine dans cette maison qui deviendra musée en 1876, grâce au soutien de la Société Historique et Archéologique de la ville de Château-Thierry.

Les remaniements intérieurs ont laissé intacts les plafonds à la française. L’élégant escalier à volées droites parallèles, les voûtes d’arêtes aux paliers, les tommettes, la grande salle du rez-de-chaussée, rappellent l’ambiance qu’a connu le poète.

Au XVIIIème siècle, un des propriétaires fit abattre la tour qui se trouvait dans le jardin. Les vestiges du mur des remparts de la ville sont toujours visibles de nos jours dans le jardin du fabuliste.

En 1882, la belle porte cochère, dont il nous reste la clef, et les murs qui l’entouraient, furent détruits et remplacés par la grille actuelle. La tourelle qui menait au cabinet de travail de Jean de La Fontaine a également disparu. Le double perron de pierre ainsi que le vieux puits dans la cour pavée sont toujours présents.

La façade de la maison  a traversé les épreuves du temps, en conservant ces curieux croissants entrelacés, chiffre de Diane de Poitiers, son décor de pilastres, et son bandeau en fleurs de lys au dessus de la porte, à droite de laquelle était gravée la date 1559.

Toutes les collections s’articulent autour de La Fontaine et de son œuvre. Une pluralité de lecture des fables est offerte au public grâce à la présentation de dessins, gravures, peintures ou objets d’art les illustrant.

* Au rez de chaussée :

Dans le couloir menant à la salle du XVIIème siècle, des gravures représentent les contemporains de La Fontaine, tels que son épouse, Marie Héricart, cousine de Jean Racine, Fouquet, son grand ami, Madame de Sévigné, Furetière l’Académicien, mais aussi la jolie et fantasque Marie-Anne Mancini, nièce de Mazarin, grande protectrice du poète, et qui fut sa voisine à Château-Thierry.

  • Dans la salle du XVIIIème siècle :

Le portrait peint par Hyacinthe Rigaud vous accueille dans cette pièce consacrée au siècle du fabuliste. Sous ce tableau, se dresse un meuble renfermant l’acte de baptême du poète. Dans les vitrines, sont exposés des lettres manuscrites, des actes rédigés avec rigueur, démentant la réputation de bonhomme distrait qui était attribué à Jean de La Fontaine.

Les fables choisies de La Fontaine, l’ouvrage édité en 1668, et illustré par François Chauveau, connut un succès considérable. Au fil du temps, son œuvre va être représentée sur de multiples supports : faïence, porcelaine, terre cuite, argenterie, toile de Jouy, mobilier, tapisserie...

  • Dans le petit salon :

Cette pièce est consacrée aux Contes libertins de La Fontaine, partie moins connue de son œuvre. Vous y découvrirez les gravures de Nicolas de Larmessin, et les délicieuses illustrations de Nicolas Vleughels. Ces peintures rendent hommage aux idées neuves véhiculées par les Contes du poète, censurés à son époque, et qu’il dût renier.

Cet espace permet également la présentation d’artistes contemporains ou historiques ayant illustré l’œuvre du fabuliste ou ayant un lien avec celle-ci, il permet également, de monter au public la richesse des collections du Musée, et de ses collections permanentes notamment les fables représentées par Jean-Baptiste Oudry.

 

* Le premier étage :

  • Le cabinet de travail de Jean de La Fontaine :

Cette aile occupée jusqu'alors par la Société Historique et Archéologique  de Château-Thierry a été ouverte au public au printemps 2006. Désormais  les visiteurs peuvent voir dans cet espace le cabinet de travail de La Fontaine. Il y exercait sa charge et en qualité de Maître des Eaux et Forêts, y recevait ses administrés et ses amis. Il pouvait aussi y rêver et ébaucher l'écriture des Fables qui allaient le rendre célèbre. De son temps on pouvait y accéder par un escalier en colimaçon dans une tour détruite aprés la vente de la maison du poète.

  • La salle du Baron Feuillet de Conches :

Un film retraçant la vie de Jean de La Fontaine et des fables pour enfants vous sont proposés. Sur les murs de cet espace, vous pouvez découvrir une partie de la précieuse collection des miniatures du Baron Feuillet de Conches. Au début du 19e siècle il a fait illustrer les Fables de La Fontaine par des artistes du monde entier. (Inde, Chine, Japon, Égypte, Perse, Éthiopie, Europe…).

  • La salle du XIXème siècle :

Depuis leur parution, les fables n’ont cessé de susciter l’imagination des artistes. Le XIXème siècle est sans doute la période durant laquelle la création artistique autour de l’œuvre de la Fontaine est la plus féconde. Les plus grands : Doré, Decamps, Lhermitte, Rousseau, présents dans cette salle en sont la preuve.

Ce siècle renforce la vocation pédagogique des fables. Elles sont utilisées comme support d’apprentissage de la lecture, de la morale et du civisme, sans forcement en goûter la délicate poésie. Jean de La Fontaine entre dans le quotidien des Français. Des objets d’art, et en particulier des objets décoratifs sont là pour en témoigner, telle que cette gracieuse pendule en bronze "La Laitière et le pot au lait" , le superbe poêle en faïence de Sarreguemines ou le cache joue peint par Gustave Doré, et toute la porcelaine décorée de fables.

 

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Extrait de 18 fables choisies et interpretées par Fabrice Luchini.

 

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LOCALISATION DE LA MAISON :

 

 

 

 

 

30 avril 2008

Samuel Johnson - Londres

Biographie de Samuel Johnson.

 

 

Samuel_Johnson"Les chaînes de l'habitude sont en général trop peu solides pour être senties, jusqu'à ce qu'elles deviennent trop fortes pour être brisées".

 

Samuel Johnson, ou le Dr Samuel Johnson (comme souvent appelé par ses contemporains), né le 7 septembre 1709 et mort le 13 décembre 1784, est un des principaux auteurs de la littérature anglaise du XVIIIème siècle: poète, essayiste, biographe, lexicographe, il est aussi l'un des plus fins critiques littéraires anglais. Johnson est considéré comme un auteur de génie, aussi bien en prose qu'en vers, et dont les mots d'esprit sont souvent cités.

Fils d'un libraire, Samuel Johnson est né à Lichfield (Staffordshire), où il étudie, jusqu'à son entrée à Pembroke College (Oxford), où il ne reste que treize mois. Bien qu'il soit considéré comme un excellent étudiant, sa condition le force à abandonner ses études sans avoir obtenu de diplôme. En 1731, il crée une école à Lichfield et se lie d'amitié avec l'un de ses élèves, David Garrick, qui devint par la suite un acteur célèbre. Il épouse Elizabeth Porter à trente-cinq ans, veuve de vingt-cinq ans son aînée.

Ayant gagné Londres en 1737 avec David Garrick, il rédigea, de 1741 à 1744, des articles pour le Gentleman's Magazine, publia dans l'anonymat en 1738 son premier grand poème, "Londres", qui connut un succès immédiat et lui valut l'admiration d'Alexander Pope.

Dès 1747, Johnson entreprit le "Dictionnaire de la langue anglaise", qui parut en 1755 et qui établissait les bases de l'étude historique de la langue anglaise. Dans le même temps, il composa "la Vanité des désirs humains" (1749), long poème inspiré de la dixième satire de Juvénal, fonda The Rambler, périodique dans lequel il publia, entre 1750 et 1752, un nombre considérable d'essais sur la littérature, la critique et la morale, puis édita "The Idler" (1758-1760) et donna en 1759 "l'Histoire de Rasselas, prince d'Abyssinie", romance en prose sur la quête du bonheur par un jeune homme, qui inspirera à Beckford son Vathek.

L'immense succès du "Dictionnaire Johnson" le fit considérer comme le censeur de l'Angleterre littéraire et lui valut l'amitié de Reynolds, qui fit son portrait, celle de Boswell qui consigna pendant 21 ans ses conversations et ses activités (Vie de Samuel Johnson, 1791), celle d'Edmund Burke et d'Oliver Goldsmith avec lesquels il se retrouvait dans les salons et les clubs.

Il édita "Shakespeare", en huit volumes, avec des commentaires précis sur les personnages des pièces. Sa dernière œuvre, "Vie des poètes anglais les plus célèbres" (1781), écrite avec "le désir honnête de donner un plaisir utile" mêle indistinctement élements biographiques et critique littéraire.

 

 

Londres sa maison.

 

 

front2La maison du Dr Samuel Johnson est une des rares demeures résidentielles de son époque encore présente à Londres. Construite en 1700, elle était à la fois maison et lieu de travail pour Samuel Johnson. C'est ici qu'il a rédigé son dictionnaire de la langue anglaise.

Totalement restaurée, cette maison comporte des salles lambrissées, un escalier de pin, une collection de meubles d'époque, des copies et de nombreux portraits.

Située au nord de Fleet street, cette maison se trouve dans un labyrinthe de cours et de passages, rappelant le "Londres Historique".

Quand la maison a été rachetée par le parlementaire libéral Cecil Harmsworth en 1911, elle était abandonnée et délabrée.  Harmsworth s'est lancé dans de grands travaux de réhabilitation et a redonné à cette maison son état originel et l'a ouverte au public en 1912. Dans le même temps un cottage a été construit, juste à côté, pour en faire la maison du conservateur.

La ville de Londres a subi des dommages très importants lors de la deuxième guerre mondiale, et la maison du Dr Samuel Johnson a été presque totalement détruite à trois reprises, pendant les bombardements de 1940 - 1941. Cette maison a été sauvée grâce au courage des pompiers auxilliaires, qui l'utilisaient en tant que salle de repos et centre d'art.

De nos jours, la maison est entretenue par le "Samuel Johnson Trust" et l'actuel Lord Harmsworth est le président du conseil d'administration.

 

 

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Biographie détaillée en anglais de Samuel Johnson.

Musée Samuel Johnson à Lichfield dans sa maison natale.

 

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1 mai 2008

Emily Dickinson - Amherst

Biographie d'Emily Dickinson.

 

 

Emily_Dickinson"Prenez-moi tout mais laissez-moi l'extase et je serai plus riche que mes semblables".

 

Considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands poètes américains, Emily Dickinson n’eut pas droit à la reconnaissance littéraire de son vivant. Presque absente de la scène littéraire, elle fut également peu présente dans le théâtre de la vie.

Son champ d’expérience fut limité, puisqu’elle ne s’éloigna d’Amherst que pour passer une année au collège de Mount Holyoke à South Hadley ou lors de rares séjours, à Washington ou à Boston. Il semble donc qu’elle n’ait guère quitté le cercle de cette petite communauté puritaine de Nouvelle-Angleterre, ni franchi le seuil de la maison familiale où elle disait tant se plaire – entre son père juriste et homme politique, admiré et craint, et sa mère plus effacée ; entre sa sœur Lavinia, qui ne partit jamais non plus et son frère Austin, installé dans la maison voisine avec sa femme Susan, amie de cœur de la poétesse.

Le choix d’un certain retrait du monde livre un signe essentiel : la mise à distance, l’ironie. Mais, à certains égards, ce retrait fut peut-être moins absolu qu’il n’y paraît : tout en se dérobant au monde, au mariage, elle adressa des lettres passionnées à divers correspondants masculins. La fin de sa vie fut marquée par des deuils répétés (son père en 1874, sa mère en 1882, son neveu Gilbert, mort à l’âge de huit ans en 1883, Otis P. Lord en 1884). Secrète et expansive, grave et moqueuse, discrète mais audacieusement libre, sa personnalité est aussi complexe que l’espace réel de son expérience fut restreint.

La hardiesse de sa pensée et de son écriture inquiétait les éditeurs qui voulaient lui faire remanier ses poèmes, ce qu'elle refusa toujours. Seule Hélène Hunt, poète et romancière, reconnut son génie et l'encouragea. En dehors d'elle, les poèmes d'Emily ne furent lus que par le cercle de famille, élargi à quelques-amis à qui elle les offrait, en guise de fleurs ou de bouquets disait-elle.

 

Ses poèmes reflètent le tumulte de sa vie intérieure, sentimentale et mystique, parsemée d'amours impossibles (une amitié amoureuse avec une camarade de classe qui deviendra sa belle soeur, puis avec deux hommes mariés, dont le dernier était pasteur), constellée d'invocations et de pieds de nez à Dieu. Le style novateur d'Emilie Dickinson a déconcerté et choqué ses contemporains. L'extrême densité de ses poèmes exprime une émotion intense. Passion et spontanéité donnent une écriture concise, elliptique, "explosive et spasmodique", comme elle la décrira elle-même. Par la poésie, elle se fait homme, femme, animal, objet. Tous les moyens lui sont bons pour questionner la vie et donc la mort, cherchant à connaître le monde, elle-même, Dieu, et prêtant à l'écriture des pouvoirs quasi-magiques pour l'aider dans cette quête. "le rivage est plus sûr, mais j'aime me battre avec les flots", écrit elle à 15 ans.

 

 

 

10 décembre 1830, naissance à Amherst (Massachusetts) d’Emily Dickinson, fille d’Edward Dickinson, homme de loi, plusieurs fois membre du Congrès, et d’Emily Norcross. Austin son frère aîné, est né un an auparavant. Lavinia, sa sœur cadette, naîtra en 1833.

De 1840 à 1847 : Études à Amherst College, haut lieu de la culture puritaine, fondé en 1814 par son grand-père, Samuel F. Dickinson.

En 1846, publication en Angleterre des poèmes des Brontë et, l’année suivante, de leurs trois romans : "Jane Eyre", "Wuthering Heights" et "Agnes Grey".

De 1847 à 1848, études à Mount Holyoke Seminary. Refuse de participer au mouvement de renouveau religieux. Emily est retirée de l’institution par son père en août 1848. Publication des "Sonnets portugais", d’Elizabeth Barrett Browning et de "Kavanagh" de Longfellow.
    
1848, début d’amitiés précieuses, notamment avec Benjamin Newton, stagiaire chez son père, qui joue un rôle d’initiateur (il lui enverra en 1850 les poèmes d’Emerson) et Susan Gilbert, sa future belle-sœur et principale destinataire de ses poèmes.
    
Mai 1855 : voyage à Washington et à Philadelphie, où Emily a pu entendre et rencontrer le Révérend Charles Wadsworth. Publication de "Leaves of Grass" de Walt Whitman et "d'Aurora Leigh" poème-roman d’Elizabeth Barrett Browning.
    

1856, mariage de son frère Austin avec Susan Gilbert.
    
1858, Emily se consacre de plus en plus à la poésie et commence à rassembler ses poèmes dans des cahiers cousus.Elle entame une correspondance avec Samuel Bowles, directeur du Springfield Daily Republican et ami de la famille. Première des "Master Letters".

 

1860, visite de Charles Wadsworth à Amherst.
1861, Seconde des "Master Letters".
1862, Troisième des "Master Letters". En avril, départ de Samuel Bowles pour l’Europe, jusqu’en novembre. Le 15 avril, première lettre d’Emily, accompagnée de quatre poèmes, à T.W. Higginson. Le 1er Mai, départ de Charles Wadsworth pour San Francisco, où il est nommé pasteur de l’église du Calvaire. Année d’intense production poétique (366 poèmes, dont certains ont pu cependant avoir été composés plus tôt).

1864, Publication de "Dramatis Persona" de Robert Browning. Fin avril-fin novembre : séjour à Cambridge, près de Boston, chez ses cousines Norcross, pour soigner une maladie des yeux. Ce séjour se renouvellera l’année suivante. Après cette date, Emily ne quittera plus la demeure familiale et se retranchera peu à peu de la société.

 1870, le 16 août : visite de T.W. Higginson à Amherst. En décembre 1873 seconde visite de T.W. Higginson à Amherst.

 1874 - 1875, événements familiaux importants : mort du père d’Emily à Boston (16 juin), attaque de paralysie de sa mère en 1875, naissance de son neveu très aimé, Gilbert, cette même année.

1876, Emily fait la connaissance d’Helen Hunt Jackson, la poétesse américaine la plus célèbre de l’époque : "Vous êtes un grand poète, lui écrit celle-ci en mars, et c’est très dommage... que vous ne veuillez pas chanter tout haut". Quelques mois plus tard, elle l’invite à participer à la No Name Series (anthologie de poètes anonymes) des éditions Roberts Brothers, de Boston.

1877, Amour déclaré pour le juge Otis P. Lord, ami de longue date d’Edward Dickinson. Projet de mariage.
1876, Mort de Samuel Bowles.
1880, Visite imprévue de Charles Wadsworth à Amherst.
1882, Mort de Charles Wadsworth.
Thomas Niles, des Editions Roberts Brothers, presse Emily de publier.
Mabel Todd, femme d’un astronome nommé directeur de l’Observatoire à Amherst, noue avec elle (sans la voir) des relations amicales.
14 novembre mort de la mère d’Emily.
1883, Mort de son neveu très aimé, Gilbert, à l’âge de huit ans.
1884, Mort du juge Otis P. Lord. Emily subit une dépression nerveuse en juin.
Helen Hunt Jackson offre à Emily d’être sa légataire et exécutrice testamentaire, mais meurt l’année suivante.
1885, le 15 mai : mort d’Emily à Amherst.

1890, Publication des "Poèmes" d’Emily Dickinson, par Mabel Loomis Todd et T.W. Higginson, aux éditions Roberts Brothers. Le succès est immédiat : on compte onze rééditions à la fin de 1892.
1894, Publication des "Lettres", par Mabel Loomis Todd, chez le même éditeur.

 

 

 

Amherst sa maison.

 

 

 

Amherst_Emily_Dickinson"La maison est ma définition de Dieu" déclarait Emily Dickinson. Du coup, elle vécut plus de vingt-cinq ans recluse chez elle, à Amherst, dans le Massachusetts. Une demeure devenue un lieu de pèlerinage.

Emily Dickinson incarne une forme d’absolu : l’absence au monde. C’est à  la feuille de papier qu’elle confie son âme, ses enchantements et ses colères, ses visions, ses interrogations, ses certitudes. Nul ou presque n’en saura rien. Soixante-dix ans s’écouleront avant que paraisse une édition complète de ses mille sept cent soixante-quinze poèmes, fondateurs avec ceux de Whitman de la poésie américaine. Et presque un siècle avant la première biographie fiable, celle d’une jeune fille de la bourgeoisie d’Amherst, Massachusetts, qui un jour se retira dans sa maison, puis dans sa chambre, et n’en sortit plus jusqu’à sa mort.

Durant vingt-cinq ans, nul à Amherst ne vit son visage. De temps à autre, pourtant, il lui arrivait de descendre un pain d’épice au bout d’une corde pour les enfants. La demeure de famille cossue de style néoclassique donnait sur la rue. De sa fenêtre, Emily Dickinson pouvait suivre l’animation de Main Street. De l’autre baie, elle apercevait Evergreen, la maison de son frère et de Susan, sa belle-sœur avec qui elle avait noué, quelques années durant, une amitié passionnée. Le monde ne lui est pas indifférent ou étranger. Emily regroupe ses poèmes par paquets de vingt, les coud et les range dans un tiroir.

Quand au matin du 15 mai 1886, Emily rend son dernier soupir dans sa ville natale, aucun habitant d’Amherst n’avait croisé la poétesse depuis vingt cinq ans. Sa disparition prit alors des airs de légende. La mort avait retrouvé la trace de celle qui marchait vers la transparence depuis un quart de siècle. Sa silhouette ne put retenir la moindre poussière d’ombre, même le médecin, venu constater le décès, dut rédiger son acte sur le seuil de la chambre d’où il apercevait une "forme immaculée qui reposait sur un lit".

"Quand ce sera mon tour de recevoir une couronne mortuaire, je veux un bouton d’or". Comme une réponse de la nature au désir d’Emily, le pré derrière la maison accueillait une foule vibrante de taches d'or.

Pour son ultime voyage terrestre, elle passa de sa table d’écriture à sa tombe, (située derrière la maison), respectant ainsi jusqu’au bout, son vœu de ne pas quitter sa demeure. Elle avait cinquante cinq ans... mais doit-on, peut-on donner un âge à une poétesse qui s’entretint durant toute son existence avec l’éternité ?

 

 

 

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Emily Dickinson, une recluse incandescente.

 

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4 mai 2008

Edgar Allan Poe - Philadelphie

Biographie d'Edgar Allan Poe.

 

 

Edgar_Allan_Poe"Pour être heureux jusqu'à un certain point, il faut que nous ayons souffert jusqu'au même point".

 

 

Edgar Poe naît à Boston le 19 janvier 1809. Il est le fils d’Elysabeth Hopkins, une actrice qui joue dans une obscure compagnie de théâtre, les Charleston Players, qu’a rejoint David Poe, son père, après avoir quitté sa famille. Mariés en 1806, les deux jeunes gens ont eu un premier fils, William Henry, l’année suivante. Rosalie, leur troisième et dernier enfant, naîtra en 1810. David Poe, alcoolique et tuberculeux, est décédé l’année précédente. Son épouse, qui ne joue plus que de manière intermittente avec la troupe, trouve le réconfort et le secours auprès de John et Frances Allan, à Richmond, en Virginie. Le couple charitable, qui n’a pas d’enfants, recueille d’ailleurs Edgar, devenu orphelin après le décès de sa mère le 8 décembre 1811, à l’âge de vingt-quatre ans. L’enfant ne sera jamais officiellement adopté, même s’il porte le nom d’Allan après son baptême, le 7 janvier 1812.

En 1814, Edgar Allan Poe est scolarisé à l’école de Richmond. Dès l’année suivante cependant, pour les besoins de son commerce - il est négociant en tabac - , John Allan emmène sa famille au delà de l’Atlantique, en Angleterre. Au mois de juin 1815, les Allan, qu’accompagne leur fils adoptif, sont à Liverpool. Ce dernier est encore davantage séparé d’avec son frère et sa sœur. Il commence à fuguer. A Londres où il demeure - 31, Southampton Road - , l’enfant est scolarisé à la Manor House School de Stoke Newington que dirige le révérend John Bransby. Il est d’ailleurs élevé dans les préceptes de la religion. Après cinq années passées en Europe, la famille Allan s’en retourne aux États-Unis. Après un court séjour à New York, ils se réinstallent à Richmond au mois de juillet 1820.

Edgar Allan Poe obtient de bons résultats scolaires. Cependant, l’adolescent est de plus en plus irritable et instable, d’autant plus que l’atmosphère dans le couple Allan se fait plus pesante. Les affaires de John Allan périclitent et celui-ci fait de plus en plus d’infidélités à son épouse. La tristesse de Frances, qu’Edgar adore, ne fait qu’accentuer le fossé qui se creuse entre l’enfant adoptif et son beau-père. A la mort de son oncle, John Allan hérite d’une fortune, qui lui permet de faire l’acquisition d’une vaste demeure près de Main Street, au mois de juin 1825. Il souhaite désormais vivre comme un riche bourgeois. Le 14 février 1826, Edgar Poe quitte sa famille adoptive Allan pour Charlottesville où il est inscrit à l’Université.

S’il réussit dans ses études, l’étudiant se distingue également par son genre de vie dissolu. Il s'endette, ce qui indispose John Allan. Celui-ci s’oppose aux relations qu’entretient le jeune homme avec une amie d’enfance, Elmira Royster, et le rappelle bientôt auprès de lui. Edgar Poe se refuse à entrer dans sa maison de commerce et s’enfuit de Richmond. A Boston, est édité son premier ouvrage, "Tamerlane and Others Poems by a Bostonian", influencé par l’œuvre de Lord Byron. Pressé par le besoin d’argent, il prend un engagement de cinq années dans l’armée le 26 mai 1827, sous le nom d’Edgar A. Perry. Son régiment est à Fort Mountrie au mois de novembre suivant, puis à Fort Monroe, toujours en Virginie. Poe est promu sergent-major le 1er janvier 1829. Le mois suivant, il est enfin autorisé à se rendre sur la tombe de Frances Allan, récemment décédée. En décembre, un second volume de poèmes, "All Aaraaf, and Minors Poems", paraît à Baltimore. Celui-ci contient le poème intitulé "To Helen". Après que son beau-père eut accepté d’accorder son soutien financier, Edgar Poe entre à l’école militaire de West Point au mois de juin 1830. Cette vie de caserne le lasse cependant. A force d’excès et de négligence, une cour martiale le condamne puis le renvoie de West Point, le 6 mai 1831.

Après un court séjour à New York où est publié un troisième volume de ses "Poems", Edgar Allan Poe est à Baltimore. Auprès de sa tante, Maria Clemm, il s’investit de plus en plus dans l’écriture et plusieurs de ses textes paraissent dans le Philadelphia Saturday Courier en 1832. L’année suivante, au mois d’octobre, Poe obtient un prix de 50 $ après avoir présenté un de ses contes, intitulé "Manuscrit found in a bottle", au concours organisé par le Baltimore Saturday Visiter. Ceci lui permet d’entrer dans le petit cercle d’écrivains de la ville, dans lequel figure John Pendelton Kenedy. Ce dernier lui permet d’éditer plusieurs de ses textes dans le Southern Literary Messenger dans les années qui suivent. Ceci procure à l’écrivain quelques revenus sans pour autant lui donner un nom dans les milieux du journalisme. En 1835, son directeur Thomas Whites lui propose d’entrer à la rédaction du journal, une proposition que Poe accepte. Le 16 mai 1836, celui-ci se marie, à sa jeune cousine Virginia, qui n’a que treize ans. La même année, Edgar Poe devient éditeur en chef du Messenger, ce qui le place désormais à l’abri de tout soucis financier. A cette époque, le journal prend d’ailleurs un nouveau essor, auquel contribue l’écrivain en livrant de multiples textes : des contes, des articles de critique, des éditoriaux… Il se remet cependant à boire et est licencié au mois de janvier 1837.

Edgar Allan Poe repart alors à New York, avant de s’installer à Philadelphie en 1838. Cette année là, au mois de juillet, "The Narrative of Arthur Gordon Pym" est publié, suivi par "Tales of the Grotesque ans Arabesque" en 1840. A cette époque, l’écrivain collabore au Gentleman’s Magazine ans American Monthly Review puis entre au comité de rédaction du Graham’s Magazine. C’est dans la revue, qui voit rapidement passer le nombre de ses abonnés de 5.000 à 37.000, qu’est publiée au mois d’avril 1847 "Murders in the Rue Morgue". Dans cette nouvelle, apparaît pour la première fois le personnage d’Auguste Dupin, l’infaillible détective français. Le 6 mars 1842, l’écrivain en quête de reconnaissance fait la rencontre de Charles Dickens, en tournée aux États-Unis. Quelques temps plus tard cependant, il quitte la revue pourtant devenue populaire, son salaire n’ayant lui que peu évolué. Poe retourne à la boisson, cherchant dans la fréquentation des tavernes un remède au mal-être qui le dévore. Son épouse Virginia connaît à cette époque ses premières crises d’hémoptysie et l’horizon de son couple s’en assombrit d’autant.

Le style d’Edgar Allan Poe est davantage marqué par le goût du morbide. Quelques-uns des contes qu’il écrit en 1843, tel "Le Corbeau", "Le Chat noir" ou "Le Scarabée d’or", lui assurent cependant une nouvelle notoriété. Sa femme est mourante et l’écrivain se console à l’occasion dans les bras de quelques admiratrices, Mrs Osgood notamment. Il tente de lancer une revue, The Stylus, qui n’a qu’une durée éphémère. Au mois d’avril 1844, la famille Poe arrive à New York. L’écrivain devient le propriétaire du Brodway Journal, mais celui-ci est couvert de dettes et la publication cesse le 3 janvier 1846. Un nouveau recueil de contes, "The Raven and Other Poems", est publié quelques temps auparavant. Tout ceci cependant n’arrange pas les finances de l’écrivain. Celui-ci s’est installé avec son épouse dans un cottage, ou plutôt une masure, de Fordham, une petite ville tranquille de banlieue, au mois de mai 1846. Six mois plus tard, le 30 janvier 1847, Virginia décède de tuberculose. Edgar Poe, qui bénéficie de l’aide charitable de son voisinage et de ses lecteurs, multiplie l’année suivante les lectures publiques et les tournées.

Au mois de novembre 1848, il tombe amoureux de la poétesse Sarah Helen Whitman, mais cette dernière est réticente. C’est que l’écrivain traîne derrière lui une lourde réputation d’alcoolique. Ce dernier doit interrompre ses visites. Il hésite d’ailleurs à se livrer, bénéficiant également des faveurs d’Annie Richmond, une femme mariée. Partagé entre plusieurs passions amoureuses, il boit de plus en plus, absorbe un soir du laudanum et tente ainsi de se suicider. Réfugié à Richmond, il arrive à Baltimore, le 28 septembre 1849. 
Il eut pour finir, cette mort digne des histoires qu'il a écrites, il fut trouvé le 3 octobre 1849, sur un trottoir de Baltimore près de Light Street, sinon ivre, du moins hébété, hospitalisé, il sombra dans le coma quatre jours avant de mourir. Les responsables : la ville était en pleine campagne électorale, et des agents des deux camps la parcouraient, d’un bureau de vote à l’autre, pour faire boire aux naïfs un cocktail d’alcool et de narcotiques afin de les traîner ainsi abasourdis, au bureau de vote. Conduit au Washington College Hospital, Edgar Allan Poe décède le 7 octobre suivant, sans avoir repris connaissance.



Et il faudra attendre deux décennies pour que soit reconnu le génie de l’écrivain maudit. En 1874, paraissent une nouvelle édition de ses poèmes, ainsi qu’une biographie issue des travaux de John Henry Ingram qui le réhabilite. Le 17 novembre de l’année suivante, un mémorial est inauguré en son honneur à Baltimore. Enfin, en 1885, c’est une statue d’Edgar Poe, œuvre de Richard Henry Park, qui est installée au Metropolitan Museum de New York. Tout ceci avant que ne paraissent enfin en 1902 l’édition complète de ses œuvres, permettant par la suite aux psychologues de se saisir du personnage…

En France, l’écrivain américain est connu dès la fin de la Monarchie de Juillet. Le public accède cependant plus commodément à ses textes peu après sa disparition et grâce à Charles Baudelaire. Le poète fait ainsi paraître un essai aux mois de mars et avril 1852 dans La Revue de Paris intitulé "Edgar Poe, sa vie et ses œuvres". Dans cet écrit militant, qui s’ouvre par les mots "il y a des destinées fatales", il fait de Poe un apôtre de l’esprit décadent, un modèle à suivre pour les partisans de "l’Art pour l’Art". Suivant les soins et les choix de ce dernier, trois volumes de contes sont ensuite publiés successivement chez Michel Lévy Frères  : les "Histoires extraordinaires" au mois de mars 1856, les "Nouvelles Histoires extraordinaires" l’année suivante ainsi que les "Histoires grotesques et sérieuses" en 1864.

 

 

Philadelphie sa maison.

 

 

 

Edagr_Poe_PhiladelphieEdgar Allan Poe, son épouse Virginia et sa belle-mère Maria ont loué plusieurs maisons à Philadelphie, mais seule la dernière de ces maisons est encore debout. La maison Spring Garden, où vécut l’auteur en 1843-1844, est aujourd’hui conservée par le Service du Parc national en tant que Site historique national Edgar Allan Poe. Elle se situe entre la 7ème rue et la rue Spring Garden.

De nos jours la visite débute par la maison attenante qui a été convertie en musée, et où l'on trouve de nombreuses photographies et informations sur la vie et les oeuvres d'Edgar Allan Poe, ainsi qu'un admirable documentaire vidéo, retraçant sa vie.

Comme aucune information précise n'est parvenue jusqu'à nous, concernant l'ameublement de cette maison du temps de Poe et de sa famille, les pièces sont vides. On pénêtre en premier dans le salon, immédiatement suivi par la cuisine. Au premier étage se trouve la chambre de l'écrivain et un autre salon. A l'étage supérieur se trouvent la chambre de Virginie son épouse ainsi que la chambre de sa belle-mère, Maria Clemm. Un escalier extérieur permet de rejoindre le porche d'entrée. Il ne faut surtout pas oublier de visiter la cave, qui dit-on, a inspiré la nouvelle du "chat noir". C'est aussi dans cette maison qu'il écrivit la nouvelle "Le Corbeau".

La visite se termine par une magnifique pièce, un salon garni de meubles rouge et or, et où se trouvent toutes les oeuvres d'Edgar Allan Poe que l'on peut feuilleter et lire, ou bien s'installer confortablement et écouter les voix de Christopher Walken, Iggy Pop, Vincent Price, lisant les plus fameux textes de l'écrivain.

 

 

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Le chat noir.

Le corbeau Edgar Allan Poe. 

Le corbeau traduction Charles Baudelaire.

Le corbeau traduction Stéphane Mallarmé.

 

 

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31 mai 2008

Herman Melville - Arrowhead

Biographie de Herman Melville.

 

 

Herman_Melville"Qu'est ce que la réalité, sinon un impondérable" ?

 

Herman Melville naît à New York, le 1er août 1819. Il est le troisième des huit enfants d’Allan Melville, un négociant d'origine écossaise. Dès 1826, celui-ci connaît des difficultés dans son entreprise, avant de faire faillite quatre années plus tard. Il décède en 1832 et laisse ainsi sans ressources les Melville, installés à présent à Albany.

A l’âge de douze ans, Herman doit interrompre ses études secondaires, commencées à l'Albany Academy en 1830. Afin de gagner sa vie et de subvenir aux besoins de la maisonnée, il exerce divers métiers. Herman Melville est successivement ouvrier agricole, vendeur dans un magasin, instituteur et enfin employé de banque. Il occupe son temps à suivre quelques cours à l’Albany Classical School, devenant même membre de la société littéraire locale. En 1837, les Melville s’installent dans la ville voisine de Lansingburgh.

Deux années plus tard, Melville s’embarque comme garçon de cabine sur un navire marchand en partance pour Liverpool, le St. Lawrence. A son retour l’année suivante, il enseigne quelques mois à Greenbush. A New York, le jeune homme trouve à s’employer chez un avocat, avant de s’engager à New Bedford sur le baleinier Acushnet, en partance pour le Pacifique Sud. Alors qu'il n'est âgé que de vingt-trois ans, débute alors un voyage qui durera cinq années. La chasse à la baleine, qui commence le 3 janvier 1841, mène le navire à Rio de Janeiro, avant qu’il ne franchisse le Cap Horn. Le 9 juillet 1842, l’Acushnet arrive enfin aux îles Marquises, après dix huit mois passés en mer dans des conditions éprouvantes de discipline.

Dans l’archipel, Melville déserte avec un camarade de bord, Toby Green. Il vit alors quatre semaines parmi les indigènes de la tribu des Taipis, avant de s’enfuir à bord d'un baleinier australien, le Lucy Ann. Le 20 septembre 1842, à la suite d’une mutinerie à bord à laquelle il a participé, Melville est débarqué à Tahiti et mis aux arrêts. Jugé et condamné, il est néanmoins engagé comme harponneur sur le Charles & Henry, qui s’apprête à quitter Papeete. Après un voyage de six mois jusqu’à l’archipel des Hawaï, le marin reprend sa liberté à Lahaina, le 2 mai1843. A Honolulu, alors qu’il vient de signer un contrat qui le lie à une maison de commerce britannique, Melville s'engage comme simple matelot sur un navire de guerre de la marine américaine, le United States. A son bord, il arrive enfin à Boston, le 14 octobre 1844.

À son retour aux États-Unis, Melville rejoint sa famille à Lansingburgh. Il s'installe ensuite à New York, auprès de ses frères, et travaille à transposer le récit de ses voyages dans des romans d’aventures. "Taïpi, récit d’un séjour de quatre semaines parmi les indigènes d’une vallée dans les îles Marquises" paraît le 27 février 1846, suivi par "Omoo" l’année suivante. Ces deux ouvrages connaissent un grand succès auprès du public, toujours avide d'exotisme. Fort de cette nouvelle notoriété d’écrivain, Herman Melville est sollicité par les magazines new-yorkais. Il livre des articles de critique dans The Literary World, ainsi que quelques textes satiriques pour le Yankee Doodle.

Le 4 août 1847, Herman Melville épouse Elizabeth Shaw, fille d'un magistrat (chief justice) de Boston. Le couple, établi à New York, aura quatre enfants. Au mois de mars 1849, paraît à Londres "Mardi and a Voyage thither", un troisième roman à la tonalité plus ambitieuse. C’est un échec et les Melville sont maintenant fortement endettés. L’écrivain se met alors à écrire comme un forcené, à la vitesse de 3.000 mots par jour ! Paraissent bientôt deux récits de voyage, "Redburn" en 1849 et "White Jacket" l’année suivante, qui ont à son grand contentement autant de succès que ses deux premiers romans.

De retour d’un voyage en Angleterre au mois de février 1850, le romancier travaille à présent à la rédaction d’une œuvre d’une tout autre ampleur, l'histoire d’une chasse après une baleine blanche, une quête initiatique pour le narrateur qui révèle également toute l’étendue de la monstruosité de l’Homme. Au mois de septembre 1851, Melville fait l’acquisition d’une ferme dans les Berkshires, près de Pittsfield, dans le Massachusetts. A cette époque, il se lie d’amitié avec son illustre voisin, Nathaniel Hawthorne.

Le 18 octobre suivant, paraît enfin "Moby Dick, or the White Whale", qui connaît malheureusement un accueil médiocre. On attend en effet de Melville davantage de légèreté et surtout du rêve, mais celui-ci a choisi d’engager son œuvre dans une autre direction. Au printemps 1852, paraît "Pierre ou les Ambiguïtés", un roman qui traite de l’inceste. Nouvel échec commercial. Fort heureusement, Herman Melville collabore régulièrement au Putnam's Monthly Magazine, à qui il envoie des nouvelles comme "Bartleby the scrivener", "Benito Cereno" ou "Israël Potter". En 1856, certaines d’entre-elles seront réunies en volume dans les "Piazza Tales". L’année suivante, paraît son dernier roman, intitulé "The Confidence Man" (Le Grand Escroc). Cette critique violente du culte de l’argent aux États-Unis s’inscrit dans la lignée de ses œuvres précédentes, toutes marquées par un profond pessimisme.

L’écrivain connaît maintenant des problèmes de santé. Son moral est atteint et ceci décide son beau-père, le juge Shaw, à l’aider à financer un long voyage outre-Atlantique. Après avoir quitté le continent américain, le 11 octobre 1856, Melville gagne l’Écosse et l’Angleterre, avant de faire une croisière en Méditerranée. De retour le 20 mai 1857, suivant l’exemple de Mark Twain ou de Ralph Emerson, il entreprend une grande tournée de conférences à travers le Tennessee, le Wisconsin, jusque Chicago. L’écrivain fait le récit de ses nombreux voyages dans les Mers du Sud et sur le "vieux continent", avant d’abandonner en 1859 devant le peu de succès que connaît l’entreprise.

Au mois d’avril 1860, Herman Melville renonce à un tour du monde, un voyage qu’il devait effectuer en compagnie de son frère Allan, capitaine du Meteor. En 1863, ses difficultés financières l’amènent à céder sa propriété de Pittsfield et regagner New York. Enfin, trois ans plus tard, l’écrivain obtient un poste dans la haute administration, réalisant une ambition vieille d’une quinzaine d’années pour laquelle il avait multiplié les démarches auprès des gouvernements successifs. Ce poste d’inspecteur des douanes au port de New York, qu’il occupera près de vingt années jusqu’à sa démission en 1885, lui apporte enfin la sécurité matérielle.

En 1866, ceci lui permet de publier à compte d'auteur "Battle-Pieces and Aspects of the War", des poèmes qui lui ont été inspirés par la guerre civile. En 1875 et grâce à l’aide financière d‘un de ses oncles, paraît également "Clarel, Poèmes et Pèlerinage en Terre sainte". Viennent ensuite "John Marr et Autres marins" en 1888, ainsi que "Timoléon" en 1891. A présent oublié de ses contemporains, Melville vit reclus dans la solitude. Il travaille encore à un récit de mer, "Billy Budd, gabier de misaine", achevé au printemps 1891. Herman Melville décède le 28 septembre suivant.

 

 

 

Arrowhead sa maison.

 

 

 

ArrowheadAprès avoir parcouru les océans, Herman Melville a vécu de 1850 à 1863 à Arrowhead une ferme dans le Massachusetts, où il a partagé son temps entre les labours et l'écriture.

En 1850, "Moby Dick" était déjà commencé. Melville était alors le chef d'une famille qui s'agrandissait, formée non seulement de sa femme et son fils, mais aussi de sa mère et de ses soeurs. Lassé de Manhattan, de son agitation et de sa vie littéraire incestueuse, Melville décida sur un coup de tête d'acheter cette vieille ferme et ses 83 hectares au sud du bourg de Pittsfield. Il était encore assez jeune et robuste pour s'attaquer au dur travail de la ferme avec confiance. Une autre raison avait motivé cette décision, et pas des moindres : la présence de l'écrivain Nathaniel Hawthorne un peu plus au sud, à Lenox, et donc, dans l'esprit de Melville, tout au moins, la promesse d'une amitié rapidement nouée.

Acheter Arrowhead était, pour Melville, l'aboutissement d'une histoire d'amour avec le Berkshire, commencée dans son enfance. Son oncle Thomas avait une ferme au sud de Pittsfield, et les visites rendues par Melville, lorsqu'il était enfant dans les années 1830 et qu'il se promenait librement à travers champs, bois et collines, figurèrent toujours parmi ses souvenirs les plus heureux.

Arrowhead (pointe de flèche) a été baptisée ainsi par Melville d'après les objets indiens qu'il trouva dans la terre en labourant les champs. Après la confusion des premiers jours d'emménagement, il établit bien vite la routine qu'il suivrait pendant toutes les années suivantes et qu'il décrivit dans l'une des premières lettres adressées à Hawthorne. "Voulez-vous savoir comment je passe mon temps ? Je me lève à huit heures, à peu près, et je vais dans ma grange. Je souhaite le bonjour au cheval et lui sers son petit déjeuner. (Cela me fend le coeur de lui en donner un froid, mais on n'y peut rien.) Puis je rends visite à ma vache, je découpe une citrouille ou deux pour elle et reste à ses côtés pour la regarder manger, car c'est une vision plaisante que de voir une vache bouger ses mâchoires - elle le fait avec tant de douceur et de sainteté. Après mon propre déjeuner, je me rends dans mon bureau et y allume mon feu, puis j'étale mon manuscrit sur la table, j'y jette un rapide coup d'oeil professionnel, et je me mets au travail de bon coeur..."

L'été était toujours le meilleur moment à Arrowhead. Melville aimait les pique-niques, et souvent des visiteurs venaient de New York et des excursions étaient organisées au lac Pontoosuc ou au réservoir de Stockbridge, ou bien encore sur les flancs escarpés du mont Greylock.

Melville, en plus de ses écrits, se consacrait à la ferme, et, à la fin de la journée, il s'écroulait, épuisé, dans un rocking-chair posé sous l'étroit porche qu'il avait construit sur le côté nord de la maison, lieu immortalisé dans "Les Contes de la véranda". "J'ai labouré et semé et cultivé et imprimé et prié", écrivit-il dans une autre lettre à Hawthorne, "et je commence aujourd'hui à aborder une période plus paisible et à profiter de la perspective tranquille des choses depuis une jolie véranda au nord de cette vieille ferme."

Les hivers étaient particulièrement éprouvants pour tout le monde. La famille se trouvait plus isolée et, entre l'incessant travail de la ferme, les déceptions écrasantes quand l'Amérique littéraire commença à ignorer ses livres et la pression de vivre dans une petite maison avec une famille qui ne cessait de s'agrandir (trois des enfants de Melville sont nés à Arrowhead), le Berkshire finit par perdre de son charme. Puis, Hawthorne déménagea en 1851, emportant avec lui beaucoup de l'attrait littéraire de la région. En 1863, écrasé par les soucis financiers et trop malade pour s'occuper de la ferme, Melville ramena sa famille à New York.

Arrowhead fut récupérée par le frère avocat de Melville, Allan, dans le cadre d'un échange de maisons en 1863, et la ferme resta dans la famille jusque dans les années 1920 (Melville lui-même y est retourné pendant ses vieux jours).

En 1975, la Société historique du comté du Berkshire en obtint la propriété et la transforma en lieu de pèlerinage à la mémoire de Melville, tout en créant un centre pour ses activités. La maison est une modeste ferme de la Nouvelle-Angleterre qui semble encore plus petite quand on pense que jusqu'à onze personnes y ont vécu ensemble.

Le rez-de-chaussée est dominé par une cheminée noire et massive, "personnage" principal de "Moi et ma cheminée". ("Certains disent que je suis devenu une espèce de vieux misanthrope moussu, alors que je passe simplement mon temps à surveiller ma vieille cheminée moussue.") En haut se trouve la principale chambre à coucher de la famille, et de l'autre côté d'un couloir étroit se situe le bureau de Melville, où l'on peut lire sur une petite plaque en cuivre : "Dans cette maison, Herman Melville a écrit Moby Dick ou la Baleine en 1850-1851."

Préservée au même titre que la maison, la véranda reconstruite domine le champ de maïs que Melville labourait lui-même. Un sentier montant doucement naît derrière la grange et serpente à travers bois. En s'y promenant un beau jour d'été, il est facile de faire abstraction des habitations envahissantes et d'imaginer ce à quoi cela devait ressembler quand il n'y avait que des prairies alentour. Les invités se tassaient alors dans la charrette et Herman Melville, libéré pour un après-midi entier de ses travaux d'écriture et des corvées de la ferme, bondissait à la place du cocher avec l'agilité d'un marin prêt à prendre le large, même s'il ne s'agissait que des rives tranquilles du lac Pontoosuc.

Arrowhead est l'un des trois lieux de pèlerinage consacrés à Melville dans le Berkshire.

Dans le centre de Pittsfield se trouve le Berkshire Atheneum, dont la salle Melville recèle une collection sans prix de souvenirs de la vie de l'écrivain. On y trouve des raretés comme le bureau sur lequel il écrivit "Billy Budd", une pipe dont il fit l'acquisition lors de son voyage de noces ou, le plus émouvant, le petit insigne officiel qu'il portait lorsqu'il était inspecteur des douanes sur les docks de New York durant les longues années de son éclipse littéraire.

Le troisième lieu qui lui est dédié est très différent. C'est un endroit qui a peu changé depuis l'époque de Melville et où l'on peut littéralement marcher sur ses traces. Monument Mountain est un petit pic escarpé (Sophia Hawthorne le qualifiait de "sphinx sans tête") qui émerge de la vallée de l'Housatonic à Stockbridge, non loin d'Arrowhead. C'est ici que, le 5 août 1850, a eu lieu l'excursion la plus célèbre et la plus courte de l'histoire littéraire américaine, lorsqu'un groupe comprenant Melville, Hawthorne et le poète Oliver Wendell Holmes est monté jusqu'au sommet pour un joyeux pique-nique. C'était la première fois qu'Hawthorne et Melville se rencontraient. Un orage les surprit en haut de la montagne et ils durent s'abriter sous les rochers. L'un des membres de la bande raconta qu'après la pluie Melville "monta à califourchon sur un rocher pointu semblable à un mât de beaupré, et se mit à tirer et à hisser des cordages imaginaires" comme un marin.

Melville a mis la dernière main à "Moby Dick" dans cette maison, devant une fenêtre encadrant le mont Greylock, qui domine les crêtes au nord. La masse du Greylock, le plus haut sommet du Massachusetts, avec 1063 mètres, et sa double bosse suggèrent en été une baleine verte émergeant du brouillard. Cent cinquante ans après la publication du chef-d'oeuvre, il est facile d'imaginer Melville se levant ankylosé après une longue matinée d'écriture, s'arrachant de la grande et implacable oeuvre posée sur son secrétaire, se dirigeant vers la fenêtre, s'étirant, se frottant les yeux, regardant longuement et intensément l'autre grande et implacable oeuvre à l'horizon, pour y trouver un instant de réconfort. Puis, après avoir évalué d'un coup d'oeil le maïs qu'il avait planté au printemps dans le champ du nord de l'exploitation, on le voit retourner à sa table pour continuer à écrire...

 

 

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Site officiel Arrowhead.

 

 

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4 juin 2008

George Orwell - Londres

Biographie de George Orwell.

 

 

George_Orwell"Chaque génération se croit plus intelligente que la précédente et plus sage que la suivante".

 

Eric Arthur Blair est né le 25 juin 1903, à Motihari au Bengale, où Richard Walmesley Blair, et son épouse, née Ida Mabel Limouzin sont installés depuis plusieurs années. Son père travaille au département opium du gouvernement indien, et sa mère, beaucoup plus jeune que son mari, élève Marjorie, la sœur aîné d'Eric. En Inde, la vie est agréable, mais la famille ne vit pas dans l'opulence et quand en 1907, Ida rentre avec ses deux enfants en Angleterre, elle laisse sur place son mari qui ne les rejoindra qu'en 1912, au moment de sa retraite.

A leur retour, la famille s'installe à Henley-on-Thames, dans le comté d'Oxford, et Eric est inscrit à Sunnylands, une école anglicane du Sussex qu'il fréquente de 1908 à 1911. Il entre ensuite comme pensionnaire à St Cyprian, une école préparatoire d'Eastbourne où il restera jusqu'en 1916. Les moyens de sa famille restant limités, le gain d'une bourse pour Wellington, puis pour Eton, est providentiel. Eric, qui a publié son premier poème en 1914, est atterré quand il intègre Eton, du peu d'intérêt manifesté par ses condisciples pour la littérature. Il reste à Eton, jusqu'en 1921 et sort 138 eme sur une promotion de 167. Il aura découvert seul pendant cette période, Jonathan Swift, Jack London et autre Sterne.

Son père ne souhaitant pas qu'il poursuive ses études à l'université d'Oxford, il prépare de janvier à juin 1922 à Southwold, les examens pour entrer dans la police impériale indienne. Fin 1922, il rejoint la police indienne à Burma, où il passe 5 longues années solitaires.

A l'issue de cette période, il est revenu du colonialisme et profite d'un séjour en Angleterre pour démissionner et se lancer dans la carrière d'écrivain. Il s'installe dans une petite chambre de Portebello Road, où il partage la vie des plus pauvres tout en apprenant son métier d'écrivain. Il passe également quelques mois à Paris où il travaille comme plongeur tout en accumulant du vécu qu'il utilise pour écrire "Down and out in Paris and London". En février 1929, une pneumonie nécessite son hospitalisation. Quelques mois supplémentaires le conduisent dans une quasi misère et entraînent son retour au domicile familial pour les fêtes de Noël 1929.

Durant plusieurs années, il alterne enseignement, écriture et documentation sur le terrain. "Down and out …" est publié en 1933, en utilisant comme pour "A hanging" paru en 1931, son nom de naissance. A partir de cette date, il adopte le pseudonyme de George Orwell qu'il utilisera dès 1934 pour la publication de "Burmese day" qui relate son expérience indienne. En 1934, il travaille dans une librairie "the booklover's corner" d'Hampstead à Londres, se frotte aux idées socialistes et rencontre Eileen Maud O'Shaughnessy, diplômé d'Oxford et psychologue. En 1936, il travaille dans la boutique du village de Wallington, mène des investigations sur les conditions de vie et de chomage des ouvriers du Lancashire et du Yorkshire qui lui permettront d'écrire "The road to Wigan Pier" et le 9 juin épouse Eileen Maud O'Shaughnessy.

 

 

Dès cette époque, ce qui fera la force d'Orwell est présente dans son œuvre : la recherche de la justice et l'amour de la vérité. La pensée d'Orwell est encore aujourd'hui d'une actualité brûlante, et pose de façon complexe, les dilemmes auxquels nous sommes toujours confrontés. Orwell plaidait pour une société juste, refusant de tout détruire pour la construire et en affirmant la nécessité de limites ordinaires (common decency). Orwell faisait de la politique pour préserver des valeurs non politiques. Il n'hésite pas pour ce faire à pourfendre les baudruches pensantes, qui tel Sartre, cautionnaient des totalitarismes qui au delà des atrocités que l'histoire a retenues, cherchent à détruire la notion de vérité objective en prétendant contrôler aussi bien le passé que l'avenir.

C'est dans cet état d'esprit militant qu'il gagne en décembre 1936, l'Espagne. Il s'enrôle dans les milices du POUM (d'obédience marxiste) où après une brève formation militaire, il est envoyé sur le front près de Saragosse. Il passe deux mois sur place avant d'être blessé à la gorge et d'être rapatrié sur Barcelone qu'il retrouve en proie aux luttes intestines. Il quitte alors l'Espagne au mois de juin, ayant accumulé la matière de ce qu'il intitule "Hommage à la Catalogne" qui paraît en 1938.

A ce moment, il est dans un sanatorium du Kent pour soigner une tuberculose, il passe ensuite sa convalescence au Maroc en septembre. Il regagne l'Angleterre en mars, et alors que la guerre éclate, il perd son père.

Il tente alors de s'engager, mais son état de santé le fait réformer. Installé à Londres, il travaille pour la tribune et commence à écrire "Les animaux de la ferme" qui est, autant que "1984" un chef d'œuvre. Satire du communisme, qu'il ne condamne toutefois pas, ce livre est une fable dans laquelle Orwell démontre de façon implacable que les meilleurs idées, émises au nom de la justice, se pervertissent jusqu'à la tyrannie quand elles sont confrontées au pouvoir et à ses attraits.
Dans la même période, il travaille également à la BBC, en charge de la diffusion sur l'Inde et L'Asie du Sud. Sa mère meurt en 1943.

En 1944, le couple Blair adopte un enfant d'un mois, Horatio Eric Blair, l'année suivante alors que "Les animaux de la ferme" est publié et connaît un certain succès, il est correspondant de guerre à Paris et Cologne. C'est pendant l'un de ses déplacements en Allemagne qu'il apprend le décès de sa femme, le 29 mars, lors d'une intervention chirurgicale sous anesthésie.

Il déménage à plusieurs reprises, fait la connaissance de Sonia Brownell, surnommée "la Venus d'Euston Road " en hommage à sa beauté et commence à écrire "1984" en 1948. Malheureusement à partir de 1947, il passe d'hôpital en sanatorium, sans jamais retrouver une santé correcte ce qui ne manque pas d'affecter son moral.

 

En juin 1949, "1984" est publié, le succès est immense et plus de 400 000 exemplaires sont vendus en moins d'un an. Le thème de "1984" fait aujourd'hui partie du patrimoine littéraire de l'humanité : Ce monde de 1984 où le héros Winston Smith, modeste employé au Ministère de la vérité, réécrit l'histoire pour que Big Brother apparaisse comme un dirigeant qui n'a pas fait d'erreur, où l'individu est nié, la langue (la novlangue) standardisée, l'amour interdit et où Big Brother vous regarde où que vous soyez, est celui d'un totalitarisme qui fait froid dans le dos, mais qui par certains aspects pouvait sembler prophétique à court terme. Terry Gilliam s'est largement inspiré de ce livre pour écrire le scénario de "Brazil", chef d'œuvre absolu du cinéma.

"1984" est un livre essentiel, il importe peu qu'il relève ou non de la science-fiction, tant ce qu'il nous dit, résonne dans nos têtes et nous avertit de ce que peut être une dérive totalitaire. Tout ce qu'utilise Orwell dans son roman, est, malheureusement, possible. Il ne faut pas grand chose pour qu'ici ou là, une des caractéristiques de "1984" cherche à s'épanouir. Orwell nous appelle à un devoir de vigilance.

Son succès lui apporte la sécurité financière, mais pas la guérison. En septembre 1949, il est transféré du comté de Gloucester à l'university college hospital de Londres. C'est là qu'il épouse Sonia Brownell, le 13 octobre. Le 21 janvier, sans avoir quitté l'hôpital, il meurt soudainement d'une hémorragie. Il est incinéré dans le cimetière de All Saints de Sutton Courtney.

 

 

Londres sa maison.

 

 

George Orwell a vécu de nombreuses années à Notting Hill, célèbre quartier de Londres riche et aseptisé (au niveau de Westbourne), mais où l'on trouve aussi la trépidante et populaire Portobello Road. La spécialité de cette très longue rue est la brocante, tout ici rappelle les Indes. Passé Colville Terrace, Portobello se fait plus dense, plus colorée aussi. Les brocanteurs se mélangent aux maraîchers. C'est au numéro 22 que se trouve la maison de l'écrivain. Elle ne se visite pas, seule une plaque rappelle la présence de George Orwell au début du XXème siècle.

 

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Site très complet sur George Orwell.

 

Je vous donne les liens pour un magnifique documentaire réalisé par la BBC sur la vie et l'oeuvre de George Orwell, malheureusement cette émission est en 17 parties, mais elle est excellente !

 

 

 

 

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A life in pictures Part 2

A life in pictures Part 3

A life in pictures Part 4

A life in pictures Part 5

A life in pictures Part 6

A life in pictures Part 7

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4 mars 2008

Oscar Wilde - Londres

 

Biographie d'Oscar Wilde.

 

 

 

Oscar_Wilde"Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée"

 

 

Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde naît à Dublin le 16 octobre 1854 au sein d’une famille irlandaise et de confession catholique. Oscar a un frère aîné, William, et une sœur cadette, Isola, qui décédera prématurément en 1864. Sa mère, née Jane Francesca Agnes Elgree, est une active militante féministe, qui exerce une grande influence sur l’enfant. Elle rédige également des poèmes nationalistes sous le pseudonyme de Speranza. Son père est un chirurgien célèbre, auteur de traités scientifiques qui font autorité et historien de l’Irlande à ses heures.

A partir de 1864, le jeune Oscar étudie à la Public-school de Portora, à Enniskillen. En 1870, une brillante années scolaire lui vaut un prix en grec. Et l’année suivante, il entre, au Trinity College, l’université anglaise de Dublin, grâce à une bourse. Le 17 octobre 1874, Oscar Wilde s’inscrit ensuite au Magdalen College d'Oxford et gagne Londres.

Au sein de la vénérable institution, il se fait alors remarquer par l’excentricité de ses tenues, par ses premiers sonnets également. Wilde assiste aux cours d’histoire de l’art de John Ruskin et de Walter Pater, tandis que ses poèmes sont publiés dans diverses revues irlandaises et anglaises. L’un d’entre-eux, intitulé "Ravenna", obtient le Newdigate Prize en 1878. L’année précédente, Oscar Wilde est en villégiature en Grèce, à Corfou, quant l’université le somme de presser son retour afin de préparer le greats, le diplôme final en humanités. Il s’attarde néanmoins à Rome afin de se recueillir sur la tombe de John Keats. Au mois de novembre 1878, Oscar Wilde achève ses études et devient Bachelor of Arts.

L’année suivante, Wilde s'installe à Londres, puis dans le quartier chic de Chelsea, au 34, Tite Street. Il fréquente assidûment la bonne société où son allure de dandy, mais aussi l’élégance de sa conversation lui assurent le succès et lui ouvrent les portes des salons. Wilde affirme bien haut ses conceptions esthétiques, celles de "l'art pour l'art" dans les expositions, au théâtre. Il acquiert alors une notoriété suffisante dans le milieu artistique de la capitale londonienne pour être brocardé en 1881 par Gilbert et Sullivan dans Patience, un opéra comique. La même année, le jeune irlandais publie un premier recueil de poèmes puis part aux États-Unis effectuer une série de conférences. En 1883, Oscar Wilde est ensuite à Paris, où il fait la connaissance des principaux représentants du monde des lettres et de la peinture. Une pièce de théâtre, Véra, ou les Nihilistes, est créée à New York, sans grand succès. Le 29 mai 1884, il épouse Constance Mary Lloyd, une amie de jeunesse. Celle-ci lui donnera deux fils : Cyril, qui vient au monde en 1885, et Vyvyan, né l’année suivante. A cette époque, Wilde fait aussi la connaissance de Robert Ross, un jeune étudiant de dix-sept ans, qui sera son premier amant.

En 1885, Oscar Wilde devient critique pour un journal de renom, The Pall Mall Gazette. C’est ensuite la direction de The Lady’s World qui lui propose de devenir rédacteur en chef du populaire magazine féminin. Un essai, "The Portrait of Mr. W. H." à propos de l’œuvre de Shakespeare, est publié dans la revue Blackwood's Magazine. Wilde affirme dans ce texte que la plupart des sonnets du grand dramaturge sont en fait adressé à un homme... En 1888, paraissent également ses premières nouvelles réunies dans "The Happy Prince and other tales" (Le Prince heureux et autres contes). Il rédige également deux autres essais, "The Decay of Lying" (Le déclin du mensonge) ainsi que "Pen, Pencil and Poison".

Enfin Oscar Wilde accède à la célébrité grâce au succès de son roman, "The Picture of Dorian Gray" (Le Portrait de Dorian Gray), édité dans les colonnes du Lippincott's Magazine puis en volume au mois de juillet 1891. La critique cependant lui reproche son affiliation au mouvement décadent, que représentent à l’époque en France Paul Bourget et Jorys-Karl Huysmans. L’impudeur qu’il dévoile dans son œuvre choque également l’Angleterre victorienne. Après la publication d’un volume de contes, "Lord Arthur Saville’s Crimes, and Other Stones" (Le Crime de Lord Arthur Saville et autres histoires), l’écrivain poursuit la critique de la société et des mœurs de son temps. Avec des comédies comme "Lady’s Windermere’s Fan" (L'Éventail de Lady Windermere), mise en scène à Londres au mois d'avril 1893 au St. James's Theatre, ou "A Woman with No Importance" (Une femme sans importance). Oscar Wilde renouvelle ainsi le genre. Enfin "Salomé", une tragédie que l’écrivain achève en français et qui devait être jouée par Sarah Bernhardt, est interdite outre-Manche.

En 1894, paraissent les "Phrases and Philosophies for the Use of the Young" (Sentences philosophiques à l'usage de la jeunesse). L’année suivante, après la création d’"An Ideal Husband" (Un Mari idéal) à l’Haymarket Theatre, a lieu la première de "The Importance of Being Earnest" (Il importe d'être constant) le 14 février 1895, une peinture impitoyable de l’aristocratie anglaise. Au cours de la soirée cependant, éclate le scandale qui amène la déchéance de l’écrivain adulé. En effet, Lord Queensberry, un illustre aristocrate écossais, dénonce publiquement la liaison qu’entretient son fils, Alfred Bruce Douglas, "Bosie", avec Oscar Wilde. Une botte de navets à la main, ce dernier s'écrie au milieu des spectateurs que l’écrivain "was posing as a Sodomite".

Celui-ci porte plainte en diffamation contre son accusateur et le tout-Londres se passionne pour l'événement. Il est cependant débouté le 5 avril suivant par la justice anglaise, qui se saisit de l’affaire. Refusant d'écouté les conseils de ses amis qui le somme de s'exiler dans la France voisine, Wilde est bientôt arrêté pour ce qui constitue alors un crime, la loi de 1885 interdisant les relations homosexuelles. Il est jugé, déclaré coupable d’ "actes indécents" et condamné à deux ans de travaux forcés, hard labour, la peine maximale prévue , le 27 mai 1895. Pendant le procès, l'opinion se retourne contre Oscar Wilde, tout comme le public qui le conspue. Le jury, invité par le président du tribunal à ne pas se laisser influencer par les journaux, n'apprécie pas le ton hautain adopté par l'écrivain, l'hédonisme qu'il affiche. C’est finalement la revanche d’un monde que l'artiste n’a cessé de tourner en dérision.

Oscar Wilde est placé en détention à la prison de Pentonville dans un premier temps, puis transféré ensuite à Wandsworth au mois de novembre 1895 et enfin à Reading. Malgré la pétition qui circule en Europe à l'initiative de Georges Bernard Shaw, il n'en sort que le 19 mai 1897, avant d’être de nouveau condamné, cette fois-ci pour banqueroute. L’écrivain perdu de réputation ne peut en effet rembourser les frais de son procès. Sa femme se sépare de lui, sans pour autant réclamer le divorce, mais donnant à ses enfants le nom de Holland. Wilde lui-même se réfugie en Bretagne, à Berneval, sous le nom de Sebastian Melmoth. Il rédige alors "The Ballad of Reading Gaol" (La Ballade de la geôle de Reading), qui paraît à Londres au mois de février 1898. Après avoir rejoint son amant Douglas à Naples au mois d’août suivant, il s’installe à Paris et demeure à l’hôtel d’Alsace, rue des Beaux-Arts. Vivant à présent dans la solitude, Oscar Wilde décède des suites d’une méningite cérébrale, le 30 novembre 1900, après avoir reçu l’absolution des mains d’un prêtre catholique. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

A noter que le "De Profundis", son testament spirituel, à l'origine une lettre écrite en prison à Lord Alfred Douglas, ne sera publié dans une version expurgée que cinq années après son décès, et enfin dans sa totalité en 1962 ! Si André Gide consacre une biographie à Oscar Wilde dès 1910, seule la permissive society permet au sulfureux écrivain de sortir de son purgatoire…

 

"En 1900, ce sont les anonymes, les bonnes gens de la rue des Beaux-Arts, qui suivent le cercueil d’Oscar Wilde jusqu’au Père-Lachaise. Nul écrivain dans le cortège, aucun de ses anciens amis qui appréciaient l’homme et encensaient l’artiste. Cinq ans plus tôt, refusant de fuir en France, comme ses amis le lui demandent, Oscar Wilde affronte la justice de son pays. Un second procès le voit condamné à deux ans de travaux forcés pour corruption de mineurs. Depuis la prison de Reading, ses amis tentent d’alerter l’opinion publique : Wilde est malade,ne mange plus, ne dort plus, ses conditions de détention sont terribles. Stuart Merrill, poète anarchiste installé à Paris et qui connaît Wilde depuis 1890, a l’idée de récolter les signatures des grands noms de la littérature française et de faire parvenir cette pétition à la reine Victoria. La revue Plume coordonne la campagne de soutien à l’auteur du Portrait de Dorian Gray. Émile Zola, Alphonse Daudet, les frères Goncourt, Heredia sont sollicités parmi tant d’autres. Bien peu signeront, chacun y allant de ses bonnes raisons pour ne pas venir en aide à Oscar Wilde. Seuls quelques écrivains isolés, Octave Mirbeau, le plus connu, Henry Bauër, Paul Adam, Hugues Rebell apporteront leur soutien. Octave Mirbeau, l’auteur du Journal d’une femme de chambre, termine ainsi l’article consacré à la défense de Wilde : "Il n’y a que de la pourriture et du fumier, il n’y a que de l’impureté à l’origine de toute vie. Étalée, dans le chemin, sous le soleil, la charogne se gonfle de vie splendide ; les fientes, dans l’herbage desséché, recèlent des réalisations futures, merveilleuses. C’est dans l’infection du pus et le venin du sang corrompu qu’éclosent les formes par qui notre rêve chante et s’enchante. Ne nous demandons pas d’où elles viennent et pourquoi la fleur est si belle qui plonge ses racines dans l’abject purin". Faute de signatures prestigieuses la pétition ne parviendra jamais à Londres.

Les Goncourt la ressentent comme une intimidation certaine, Jules Renard fait du mauvais esprit – "Je veux bien signer la pétition pour Oscar Wilde, à condition qu’il prenne l’engagement d’honneur de ne plus jamais… écrire". Gide est gêné, quand, quelques années plus tard, il croise l’écrivain dans la misère. Quant à Jean Lorrain, il traite par le mépris celui qui a eu le courage d’affronter la justice de son pays. Si l’expression "silence des intellectuels" naît avec l’affaire Dreyfus, elle aurait tout autant convenu pour l’affaire Wilde. Notre histoire commence par une lâcheté".

Article de Tetu.

 

 

 

 

The Beautiful House sa maison à Londres.

 

 

 

 

250654599_0f174e7803Le 29 mai 1884, Constance Lloyd, une jeune femme belle, intelligente, sensible, maîtrisant plusieurs langues européennes et dotée d’un sens aigu de la justice, épouse Oscar Wilde. Ils s’aiment, partagent la même passion pour la littérature et se découvrent un point de vue commun sur l’art et la beauté. Ils s’installent dans la "maison merveilleuse" à la décoration subtile, lumineuse et raffinée qui tranche avec la mode victorienne en vigueur.

Cette maison est le point d'ancrage de sa vie d'adulte, située dans Tite Street cette "House Beautiful" est décorée par l'architecte à la mode Edward Godwin dans le plus pur style esthétique, mâtiné d'influences whitleriennes et japonisantes, située dans Chelsea, quartier de Londres à la fois chic et bohème. Au 16 Tite Street, s'élève la demeure cossue d'un homme rangé en apparence, bien établi dans la société, le mariage et la paternité, la maison prospère, gracieuse et raffinée qui couronne la réussite d'un artiste dont la renommée et la fortune ne cessent de croître. Tite Street est indissociable du bonheur familial de Wilde, de ses fulgurants succès. Quand le malheur le frappera en même temps que la ruine, il en sera chassé comme Adam de l'Eden après la chute.

L'origine du mouvement esthétique était une réaction au poids et à l'image du style victorien, et contre les marchandises produites en série. Ce mouvement a favorisé la notion de l'art dans l'intérêt de l'art, il reposait fortement sur des traditions moyen orientales et orientales, plus particulièrement japonaises.  L'enthousiasme pour la simplicité de la conception orientale s'est exprimé avec un déferlement de porcelaines bleues et blanches de 1870 à 1880 et par la conception géométrique des meubles de Godwin.

L'intérieur esthétique était éclectique, reposant sur différentes cultures et périodes, l'architecture "Queen Ann", les mosaïques mauresques, les draperies de la Renaissance. La "House Beautiful", reflet de cet art nouveau,  comportait des cheminées aux manteaux décorés avec raffinement, de magnifiques collections de porcelaines. Les couleurs principalement utilisées étaient le vert olive, le bleu paon et l'or. Les plumes de paon, les tournesols et les lys étaient utilisés à foison pour les décors des papiers peints, textiles et décors en terracotta, mosaïques et verreries.

Dans la maison de Wilde, la peinture blanche à haute brillance était partout, ce qui contrastait fortement avec les intérieurs victoriens de l'époque plutôt sombres. Seule la bibliothèque, où Wilde écrivait, était de style mauresque et de couleur bleu foncé et or.

Ce courant esthétique s'est propagé rapidement en Angleterre, grâce notamment à la notoriété de Wilde et à sa publicité dans la presse populaire, ainsi que grâce aux catalogues richement illustrés des fournisseurs de meubles, la classe moyenne aisée s'est ruée sur ce courant. Parmi les fournisseurs les plus influents se trouvaient Morris and Co, dont les papiers peints et les textiles ont été particulièrement utilisés dans ces intérieurs artistiques.

A l'heure actuelle, l'intérieur de la "House Beautiful" de Wilde n'existe malheureusement plus. Tout a été dispersé et vendu aux enchères lors de son emprisonnement.

 

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12 juillet 2008

Pablo Neruda - La Isla Negra

Biographie de Pablo Neruda.

 

Pablo_Neruda"Je veux vivre dans un monde où les êtres seront seulement humains, sans autres titres que celui-ci, sans être obsédés par une règle, par un mot, par une étiquette".

 

Neftali Ricardo Reyes est né en 1904, à Parral (Chili). Il est le fils d'un cheminot et d'une institutrice qui meurt deux mois après sa naissance. Le futur poète passe son enfance à Temuco, en Auracanie, près d'une vaste forêt. C'est là qu'en 1917, il publie son premier article dans le journal local. L'année suivante paraissent ses premières poésies qu'il signera Pablo Neruda à partir de 1920. Ce pseudonyme deviendra son nom légal en 1946. Il l'a choisi en hommage au poète tchèque Jan Neruda (1834-1891).

En 1921 Il s’installe à Santiago où il suit, à l’Institut pédagogique, les cours de préparation au professorat de français. Il publie régulièrement des poèmes ainsi que des articles de critique littéraire pour Claridad. En juin 1924, son premier chef-d'œuvre, "Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée" est publié par les Éditions Nascimento (Santiago).

Très tôt reconnu, il abandonne ses études pour se consacrer à la littérature, avec un penchant marqué pour l'avant-garde de l'époque, André Breton et ses précurseurs  : William Blake, Rimbaud, Lautréamont. Ne bénéficiant pas des revenus qui lui permettraient, comme tout littérateur qui se respecte, de vivre en rentier, il entre dans la "carrière", comme on dit encore à cette époque où la langue internationale est le français, où Neruda excelle.

En 1927, il est nommé consul ad honorem à Rangoon, Birmanie, puis en 1928 consul à Colombo, Ceylan. En 1929 il assiste au Congrès panindien de Calcutta. L'année suivante, il est consul à Batavia (Java), puis à Singapour. En 1932, il retourne au Chili.

Avec Lorca, à travers lui, Neruda établit un pont avec toute la jeune poésie espagnole. Un poste à Barcelone en 1934 puis à Madrid en 1935, le lie durablement avec cette génération. Il reçoit "l'hommage des poètes espagnols", fonde la revue de poésie Caballo Verde, qui publie des poètes des deux continents. C'est là qu'il rencontre Délia, sa deuxième femme, et Rafael Alberti leur trouve à Madrid la fameuse "maison des fleurs", celle dont il refusera de parler à cause du "sang dans les rues". La guerre civile éclate, en effet, l'année suivante. Sa vie bascule. Lorca est assassiné. Neruda écrit alors le fameux "J'explique certaines choses" et "le Chant aux mères des miliciens morts", qui figureront dans "Espagne au coeur", recueil qui sera une des parties de la troisième et dernière "Résidence sur la terre". Ses écrits n'étant pas très diplomatiques, et il est renvoyé.

En 1936, il est relevé de ses fonctions consulaires. Pablo Neruda se rend à Valence, puis à Paris, où il fonde, avec César Vallejo le Groupe hispano-américain d’Aide à l’Espagne. En 1939, Neruda est nommé consul à Paris, chargé de l’immigration au Chili des réfugiés espagnols. Il passe par Montevideo où il assiste au Congrès international des Démocraties, comme délégué de l’Alliance des Intellectuels chiliens.

En 1940, il est de retour au Chili, où il commence "Le chant général". Il voyage ensuite au Mexique, à Cuba, en Colombie… En 1945, Pablo Neruda est élu sénateur des provinces minières du Nord (Tarapaca et Antofagasta), peu après il adhère au Parti communiste. Il écrit "les Hauteurs de Machu-Picchu". En 1947, ses œuvres sont censurées. L'année suivante après son discours "J'accuse", il est déchu de son mandat de sénateur et poursuivi. Il passe dans la clandestinité et fuit le pays en passant la cordillère par les régions australes.

En 1949, il séjourne à Paris, à Moscou et dans divers pays communistes. Il assiste au Congrès latino-américain des Partisans de la Paix, à Mexico, mais, malade, il doit rester plusieurs mois alité. Plusieurs pays organisent des soirées en son honneur et éditent ses poèmes. Pablo Neruda continue ses voyages, il retourne à Paris, se rend en Inde où il rencontre Nehru… Il reçoit, avec Picasso et d’autres artistes, le Prix international de la Paix pour son poème "Que Réveille le bûcheron". Ses œuvres sont traduites dans de très nombreuses langues. En 1950, il voyage dans le bloc soviétique puis se rend de Mongolie en Chine… il tient le rôle de personnage représentatif du communisme mondial. Préoccupé par la question sociale au Chili, où les méfaits du capitalisme sont criants, il ne prête pas attention à la terreur stalinienne.

En 1952, il est de retour au Chili après l'annulation du mandat d'arrêt lancé contre lui en 1948. En 1954, son cinquantième anniversaire est l'occasion d'un hommage particulier. Il continue à voyager dans le monde entier. En 1959, Pablo Neruda commence à construire, à Valparaiso, sa maison "La Sebastiana" où il s'installe en 1962.

En 1969, il est désigné par le Parti communiste comme candidat à la présidentielle. Avec la mise en place de l'Unité populaire (1970), négociée avec le parti socialiste, il s'efface devant Salvador Allende, qu 'il soutient. Pablo Neruda est nommé ambassadeur à Paris par le nouveau président.

En 1971 Neruda reçoit le prix Nobel de Littérature et se rend à New-York pour dénoncer le blocus organisé par les États-Unis visant à mettre en difficulté le gouvernement de gauche.

Le poète est mis en résidence surveillée par les putschistes du 11 septembre 1973. Il meurt 12 jours plus tard, officiellement d'un cancer. Ses maisons de Santiago et d’Isla Negra, sont plusieurs fois perquisitionnées et saccagées. Ses obsèques sont l'occasion d'une grande manifestation d'opposition à la junte qui vient de prendre le pouvoir, des chants jaillissent de la foule, témoignant, par-delà la mort, du pouvoir subversif de la poésie.

En 1974, l’autobiographie de Neruda : "Confieso que he vivido" (Je confesse que j’ai vécu), paraît à titre posthume.

 

 

 

 

 

La Isla Negra sa maison.

 

 

 

Islanegra2A 100 Km de Valparaiso, Isla Negra n'a d'île que le nom, il s'agit en fait d'une petite colline boisée dominant la plage.

Pablo Neruda acheta en 1938 une ruine, qu'il retapa et agrandit au fil du temps pour en faire cette merveilleuse maison. Entièrement de granit et de bois, la maison est largement ouverte vers la mer par de nombreuses baies vitrées.

Du haut de la colline la vue est imprenable sur la plage et l'Océan Pacifique. "Cette maison est mon bateau ancré sur terre".

Pablo Neruda est resté fidèle à son principe architectural favori (tout comme dans sa maison "la Sebastiana" à Valparaiso) il ne bâtit pas "une" maison mais un puzzle d'habitations séparées par des petites portes, des escaliers, des sentiers caillouteux...

Les pièces sont plutôt exiguës, les escaliers étroits, les fenêtres immenses sur la mer... Chez Neruda, on n'entre pas, on embarque !

On y trouve une exceptionnelle collection d'objets insolites, venus du monde entier. Un inventaire à la Prévert, mêlant humour et poésie. De magnifiques figures de proue, des coquillages, des statuettes, des maquettes de bateaux, des instruments nautiques, des carafes colorées, des cartes postales... Dans la cour, face à la mer, un joli bateau de pêche... Et, côté terre, une locomotive à vapeur...

Pablo Neruda a vécu ici les dernières années de sa vie auprès de sa dernière épouse et muse, Matilde Urrutia. Cette maison est une véritable caverne d’Ali Baba, un capharnaüm qui ferait le délice des enfants. "Dans ma maison, sont réunis des jouets petits et grands, sans lesquels je ne pourrais pas vivre", s’amusait à raconter le poète, montrant les multiples objets qu’il collectionnait d’un air enjoué, comme s’il s’excusait de tant de candeur. "L’enfant qui ne joue pas n’est pas un enfant, mais l’homme qui ne joue pas perd pour toujours l’enfant qui vivait en lui. (...) J’ai construit ma maison comme un divertissement et je joue dedans du matin au soir".

Conformément à ses voeux, Pablo Neruda est enterré dans le jardin de sa maison, face à l'océan, aux côtés de sa dernière épouse Matilde.

De nos jours cette maison est devenu un musée et est admirablement conservée.

 

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Pablo Neruda.

La Isla Negra.

 

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23 juillet 2008

Maxime Gorki - Moscou

Biographie de Maxime Gorki.

 

 

Maxime_Gorky"Les gens ne cessent de chercher, ils veulent toujours trouver mieux".

 

Maxime Gorki est né le 28 mars 1868 à Nijni Novgorod sur la Volga dans un milieu modeste. Il passa les toutes premières années de sa vie à Astrakhan où son père était agent maritime après avoir quitté son atelier d'artisan de Nijni Novgorod, mais l'enfant revint dans sa ville natale quand son père mourut alors que Maxime avait trois ans et que sa mère retourna chez ses parents qui tenaient un petit atelier de teinturerie. Orphelin de mère un peu plus tard, à dix ans, il fut élevé durement par un grand-père violent et une grand-mère excellente conteuse, douce et pieuse : il apprit ainsi à survivre dans un contexte difficile mais pittoresque qu'il évoquera dans le premier volet de son autobiographie "Enfance".

Forcé par son grand-père de quitter l'école à douze ans, il pratiqua plusieurs petits métiers comme cordonnier ou graveur dans la ville de Kazan. Très affecté par la mort de sa grand-mère, il tenta de se suicider en décembre 1887 mais survécut à la balle qu'il s'était tirée près du cœur, celle-ci cependant endommagea gravement son poumon et il souffrit toute sa vie de faiblesse respiratoire. Il entreprit ensuite une très longue errance à pied de plusieurs années dans le sud de l'empire russe et les régions du Caucase, lisant en autodidacte, effectuant différents métiers comme docker ou veilleur de nuit et accumulant des impressions qu'il utilisera plus tard dans ses œuvres : il racontera cette période de formation dans "Mes universités".

A 24 ans, il décida de rentrer dans le rang et devint journaliste pour plusieurs publications de province. Il écrivait sous le pseudonyme de Jehudiel Khlamida, nom évoquant par sa racine grecque le masque et les services secrets, puis il commença à utiliser aussi le pseudonyme de "Gorki" (qui signifie littéralement amer) en 1892 dans un journal de Tiflis : ce nom reflétait sa colère bouillonnante à propos de la vie en Russie et sa détermination à dire l'amère vérité.

Le premier ouvrage de Gorki "Esquisses et récits" parut en 1898 et connut un succès extraordinaire, en Russie et à l'étranger, ce qui lança sa carrière d'écrivain pittoresque et social. Il y décrivait la vie des petites gens en marge de la société (les bossiaks, les va-nu-pieds), révélant leurs difficultés, les humiliations et les brutalités dont ils étaient victimes mais aussi leur profonde humanité. Gorki acquit ainsi la réputation d'être une voix unique issue des couches populaires et l'avocat d'une transformation sociale, politique et culturelle de la Russie, ce qui lui valut d'être apprécié à la fois de l'intelligentsia, il entretiendra des liens de sympathie avec Anton Tchekhov et Léon Tolstoï, et des travailleurs.

Dans le même temps, à partir de 1899, il s'affichait proche du mouvement social-démocrate marxiste naissant et s'opposait publiquement au régime tsariste, d'où de nombreuses arrestations : il sympathisa avec de nombreux révolutionnaires, devenant même l'ami personnel de Lénine après leur rencontre en 1902. Il gagna encore en célébrité quand il démontra la manipulation de la presse par le gouvernement lors de l'affaire Matvei Golovinski, qui fut contraint à l'exil après la dénonciation de Gorki prouvant l'implication de la police secrète, l'Okhrana, dans la rédaction et la publication du "Protocole des sages de Sion". Son élection en 1902 à l'Académie Impériale fut annulée par le tsar Nicolas II, ce qui entraîna par solidarité la démission des académiciens Anton Tchekhov et Vladimir Korolenko.

Les années 1900-1905 montrent un optimisme grandissant dans les écrits de Gorki et ses œuvres les plus déterminantes dans cette période sont une série de pièces de théâtre à thèmes politiques dont la plus célèbre est "Les Bas-fonds", représentée après des difficultés avec la censure en 1902 à Moscou avec un grand succès et montée ensuite dans toute l'Europe et aux États-Unis. Maxime Gorki s'engagea alors davantage dans l'opposition politique et fut même emprisonné brièvement pour cet engament en 1901. Il fut de nouveau incarcéré à la Forteresse Pierre et Paul de Saint-Pétersbourg durant la révolution avortée de 1905 : il y écrivit sa pièce "Les Enfants du soleil", formellement située durant l'épidémie de choléra de 1862, mais clairement comprise comme représentant les évènements de l'actualité.

Devenu riche par ces activités de romancier, de dramaturge et d'éditeur, il apporta son aide financière au Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) en même temps qu'il soutenait les appels des libéraux pour une réforme des droits civiques et sociaux. La brutale répression de la manifestation des travailleurs demandant une réforme sociale le 9 janvier 1905, évènement connu sous le nom de "Dimanche sanglant" qui marqua le début de la Révolution de 1905, semble avoir joué un rôle décisif dans la radicalisation de Gorki. Il devint alors très proche du courant bolchevique de Lénine sans qu'il soit assuré qu'il adhéra à ce mouvement : ses relations avec les Bolcheviques et Lénine demeureront d'ailleurs difficiles et conflictuelles.

En 1906, les Bolcheviques l'envoyèrent aux États-unis pour lever des fonds de soutien et c'est pendant ce voyage que Gorki commença son célèbre roman "La Mère" (qui paraîtra d’abord en anglais à Londres et finalement en russe en 1907) sur la conversion à l'action révolutionnaire d'une femme du peuple à la suite de l'emprisonnement de son fils. Cette expérience de l'Amérique, où il rencontra Théodore Roosevelt et Mark Twain mais aussi les critiques de la presse qui se scandalisait de la présence à ses côtés de sa maîtresse Moura Budberg et non de sa femme Yekaterina Peshkova, l'amena à approfondir sa condamnation de l'esprit bourgeois et son admiration pour la vitalité du peuple américain.

De 1906 à 1913, Gorki vécut à Capri à la fois pour des raisons de santé et pour échapper à la répression croissante en Russie. Il continua cependant à soutenir les progressistes russes, particulièrement les Bolcheviques, et à écrire des romans et des essais. Il bâtit aussi avec d'autres émigrés bolcheviques comme Bogdanov ou Lounatcharski, un système philosophique controversé intitulé "Construction de Dieu" qui cherchait, en prenant appui sur le mythe de la révolution, à définir une spiritualité socialiste où l'humanité riche de ses passions et de ses certitudes morales accèderait à la délivrance du mal et de la souffrance, et même de la mort. Bien que cette recherche philosophique ait été rejetée par Lénine, Gorki continua à croire que la culture, c'est à dire les préoccupations morales et spirituelles, était plus fondamentale pour la réussite de révolution que les solutions politiques ou économiques. C'est le thème du roman "La Confession", paru en 1908.

Profitant de l'amnistie décrétée pour le 300e anniversaire de la dynastie des Romanov, Gorki revint en Russie en 1913 et poursuivit sa critique sociale en guidant de jeunes écrivains issus du peuple et en écrivant les premières parties de son autobiographie, "Ma vie d'enfant" (1914) et "En gagnant mon pain "(1915-1916).

Durant la Première Guerre mondiale, son appartement de Petrograd fut transformé en salle de réunion bolchevique mais ses relations avec les communistes se dégradèrent. Il écrivit ainsi deux semaines après la Révolution d'octobre : "Lénine et Trotsky n'ont aucune idée de la liberté et des droits de l'homme. Ils sont déjà corrompus par le sale poison du pouvoir ... ". Son journal "Nouvelle vie" fut censuré par les bolcheviques et Gorki écrivit en 1918 une série de critiques du Bolchevisme au pouvoir intitulées "Pensées intimes" qui n'ont été publiées en Russie qu'après la chute de l'Union soviétique. Il y compare Lénine à la fois au tsar pour sa tyrannie inhumaine d'arrestations et de répression de la liberté de penser et à l'anarchiste Serge Netchaïev pour ses pratiques de comploteur. En 1919, une lettre de Lénine le menaça clairement de mort s'il ne changeait pas ses prises de position.

En août 1921, il ne put sauver son ami Nikolaï Goumiliov qui fut fusillé par la Tcheka malgré son intervention auprès de Lénine. En octobre de la même année 1921, Gorki quitta la Russie et séjourna dans différentes villes d'eau en Allemagne et ayant achevé le troisième volet de son autobiographie, "Mes universités" publié en 1923, retourna en Italie pour soigner sa tuberculose : installé à Sorrente en 1924, il resta en contact avec son pays et revint plusieurs fois en URSS après 1929, avant d'accepter la proposition d'un retour définitif que lui fit Staline en 1932 : on discute les raisons de ce retour expliqué par des difficultés financières pour les uns comme Soljenitsyne, ou par ses convictions politiques pour les autres.

Sa visite du camp de travail soviétique des Îles Solovetski, maquillé à cette occasion, le conduisit à écrire un article positif sur le Goulag en 1929, ce qui déclencha des polémiques en Occident : Gorki dira plus tard l'avoir écrit sous la contrainte des censeurs soviétiques. Il fut honoré par le régime qui exploita dans sa propagande son départ de l'Italie fasciste pour retrouver sa patrie soviétique : il reçut la médaille de l'Ordre de Lénine en 1933 et fut élu président de l'Union des écrivains soviétiques en 1934, ce qui lui valut d'être installé à Moscou dans un hôtel particulier qui avait appartenu au richissime Nikolaï Riabouchinski et est devenu le Musée Gorki aujourd'hui, et on lui accorda également une datcha dans la campagne moscovite. Une des artères principales de la capitale, rue Tverskaïa, reçut son nom comme sa ville natale qui retrouvera son nom primitif de Nijni Novgorod en 1991, à la chute de l'URSS. Le plus gros avion du monde construit au milieu des années trente, le Tupolev ANT-20, fut baptisé lui aussi "Maxime Gorki". Cette consécration soviétique est illustrée par de nombreuses photographies où il apparaît aux côtés de Staline et d'autres responsables de premier plan comme Kliment Vorochilov et Viatcheslav Molotov. Par ailleurs, Gorki participa activement à la propagande stalinienne comme dans l'éloge du "Canal de la mer Blanche" à propos duquel, évoquant les bagnards du goulag chargés des travaux, il parle de "réhabilitation réussie des anciens ennemis du prolétariat".

Cependant, Gorki semble avoir été partagé entre sa fidélité au bolchevisme et ses idées sur la liberté indispensable aux artistes. Il était d'ailleurs suspect aux yeux du régime et après l'assassinat de Sergueï Kirov en décembre 1934, le célèbre écrivain a été assigné à résidence à son domicile. La mort soudaine de son fils Maxim Pechkov en mai 1935 et la mort rapide, attribuée à une pneumonie, de Maxime Gorki lui-même le 18 juin 1936 ont fait naître le soupçon d'empoisonnement mais rien n'a jamais pu être prouvé. La presse internationale annonce cette mort le 19 juin comme en témoignent les numéros de L'Humanité et d'Ouest-Éclair en France. Staline et Molotov furent deux des porteurs du cercueil de Gorki lors de ses funérailles qui furent mises en scène comme un événement national et international le 20 juin 1936 sur la Place Rouge à Moscou. André Gide qui commençait son célèbre voyage en URSS y prononça un discours d'hommage.

Maxime Gorki est inhumé dans le cimetière du Kremlin derrière le mausolée de Lénine.

 

 

 

Moscou sa maison.

 

 

 

ScreenHunter_01_JulCet hôtel particulier est le chef-d'œuvre de Féodor Ossipovitch Chekhtel, architecte peu connu en dehors de Russie, mais dont l'œuvre d'importance internationale est parallèle à celle de Frank Lloyd Wright et de Charles Rennie Mackintosh.

 

L'escalier de marbre sculpté tout en courbes est l'un des éléments marquants de cette maison. Sa torchère en bronze, ses vitraux rétro-éclairés et tout son équipement furent dessinés en même temps que les plans de la maison. Une restauration récente a remis en valeur l'éclat de la serrurerie de cuivre et les coloris délicats des motifs Arts Nouveau peints sur les murs et les plafonds. Malheureusement, la façade de brique aux mosaïques naturalistes n'a pas eu la même chance et aurait grandement besoin de réparations.

 

La maison fut commandée en 1900 par Stephan Riabouchinsky,(frère de Dimitri Riabouchinsky) grand mécène des arts d'avant la Révolution et membre de la secte des Vieux Croyants. Les pratiques religieuses de celle-ci ayant déjà été interdites avant 1917 (son fondamentalisme déplaisait à l'église orthodoxe), il avait fait construire une chapelle secrète sous l'avant toit de sa demeure.

 

La résidence Riabouchinsky, dans laquelle vécut l'écrivain Maxime Gorki impressionne autant par son style Art Nouveau que par le luxe de ses détails : escalier principal spectaculaire, boiseries merveilleusement travaillées, ferrures des portes et des fenêtres, vitraux et verrières. Ils montrent la recherche d'un équilibre entre l'utilitaire et le décoratif. Même dans cette maison, d'inspiration essentiellement européenne, le profond désir russe d'harmonie entre l'homme et la nature transparaît. Dans leur recherche d'un nouveau confort, les meilleurs créateurs du XIXe siècle tentèrent d'insuffler davantage de poésie dans la vie quotidienne, comme savaient le faire les paysans dans leur pauvre isba. A la différence de l'opulence exacerbée des palais et des grandes demeures, les maisons bourgeoises russes aspiraient moins à la prétention qu'au charme et à la Gemütlichkeit, manifestant cet idéal profondément ressenti que la beauté peut parfaire l'homme et l'enrichir.

 

L'escalier de marbre crée un lien fluide entre le second niveau et l'étage principal tout en équilibrant le vestibule central. Ses courbes intègrent jusqu'à la marqueterie du parquet. Le vitrail a sans doute été réalisé à Saint-Pétersbourg. La torchère a été dessinée par l'architecte. A l'étage supérieur, un chapiteau en plâtre sculpté met un point final à l'envolée de l'escalier. Dans toute la maison, les couleurs pâles des peintures contrastent fortement avec les tonalités profondes des boiseries. Les portes de chêne vernis de chaque pièce étaient sculptées selon des motifs tous différents. Les poignées en cuivre sont remarquablement délicates et élégantes.

 

L'architecture est une longue variation sur un même thème. Elle s'affirme dès l'entrée, très simplement aménagée, où les boiseries de chêne sont incrustées de cuivre. Le sol aux anneaux concentriques est en mosaïque de marbre et de granit. De lourdes draperies étaient tirées pour se protéger des courants d'air.

 

L'hôtel Riabouchinski est un excellent exemple d'art total associant architecture, peinture, sculpture, arts appliqués dans un même édifice, jusqu'au moindre détail, des façades aux ustensiles de cuisine. L'Art nouveau transforme tout objet en objet d'art, chaque détail devient partie d'un tout, qui ressemble à un organisme vivant.

 

Riabouchinski vécut dans cette maison jusqu'à son départ pour l'Italie lors de la révolution bolchevique. Après la révolution le bâtiment sera nationalisé. En 1918, il est dévolu aux services de visas et de passeports. En 1919, il devient le siège des Editions nationales de l'URSS. Il abrite à partir de 1923 l'Institut de psychanalyse et en 1926, la Société d'échanges culturels internationaux.

 

En 1931, l'hôtel est attribué à Maxime Gorki (les intérieurs ont, à cette époque, été modifiés et les meubles changés). Lorsque Gorki emménage dans cette maison il ne lui reste que 5 ans à vivre et sa carrière d'écrivain est sur le déclin. On y trouve cependant exposés, de nombreuses photos de l'auteur en compagnie de fonctionnaires ambitieux, son chapeau, son manteau et sa canne, ainsi que sa collection de sculptures orientales, de nombreuses lettres et des livres, dont quelques premières éditions.

 

En 1932, une rencontre mémorable entre Staline et les écrivains socialistes a lieu dans la salle à manger, c'est là que le terme de "réalisme socialiste" est inventé. Depuis 1936, c'est le musée Gorki. La femme de Gorki, bien plus jeune que lui, habitera le premier étage de la maison jusque dans les années 1970.

 

 

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10 août 2008

Honoré de Balzac - Château de Saché

Biographie de Honoré de Balzac.

 

 

 

Balzac"Il faut toujours bien faire ce qu'on fait, même une folie".

 

 

Fils de Bernard François Balssa, administrateur de l'hospice de Tours, et de Anne Charlotte Sallambier, Honoré de Balzac est l'aîné de trois enfants (Laure, Laurence et Henry). Laure est de loin sa préférée. Il y a entre lui et sa sœur Laure Surville une complicité, une affection réciproque qui ne se démentit jamais. Elle lui apportera son soutien à de nombreuses reprises : elle écrit avec lui, et en 1858, elle publie la biographie de son frère.

De 1807 à 1813, Honoré est pensionnaire au collège des oratoriens de Vendôme puis externe au collège de Tours jusqu'en 1814, avant de rejoindre cette même année, la pension Lepitre, située rue de Turenne à Paris, puis en 1815 l'institution de l'abbé Ganser, rue de Thorigny. Les élèves de ces deux institutions du quartier du Marais suivaient en fait les cours du lycée Charlemagne. Le père de Balzac, Bernard François, ayant été nommé directeur des vivres pour la Première division militaire à Paris, la famille s'installe rue du Temple, dans le Marais, qui est le quartier d'origine de la famille (celui de la grand mère Sallambier).

Le 4 novembre 1816, Honoré de Balzac s'inscrit en droit afin d'obtenir le diplôme de bachelier trois ans plus tard, en 1819. En même temps, il prend des leçons particulières et suit les cours à la Sorbonne. Toutefois, son père jugeant qu'il fallait associer le droit pratique à l'enseignement théorique, Honoré passe ses trois ans de droit chez un avoué, ami des Balzac, Jean-Baptiste Guillonnet-Merville, homme cultivé qui avait le goût des lettres. Le jeune homme exercera le métier de clerc de notaire dans cette étude où Jules Janin était déjà saute-ruisseau. Il utilisera cette expérience pour créer le personnage de Maître Derville et l'ambiance chahuteuse des saute-ruisseaux d'une étude d'avoué dans "le Colonel Chabert". Une plaque rue du Temple à Paris témoigne de son passage chez cet avoué, dans un immeuble du quartier du Marais.

C'est en fréquentant la Sorbonne que le jeune Balzac s'éprend aussi de philosophie. Comme il affirme une vocation littéraire, sa famille le loge dans une mansarde et lui laisse deux ans pour écrire : Balzac s'efforce de rédiger une tragédie en vers, dont le résultat, "Cromwell", se révèle décevant. L'ouvrage est médiocre et ses facultés ne s'épanouissent pas dans la tragédie.

Il se tourne vers une autre voie, celle du roman. Après deux tentatives maladroites mais proches de sa vision future, il se conforme au goût de l'époque et publie des romans d'aventure, qu'il rédige en collaboration et caché sous un pseudonyme. Cette besogne n'est guère palpitante mais forge déjà son . En 1822, il devient l'amant de Laure de Berny, "La Dilecta", qui l'encourage, le conseille, lui prodigue sa tendresse et lui fait apprécier le goût et les mœurs de l'Ancien Régime. Début 1825, toujours méconnu mais désireux de gloire, Balzac s'associe à un libraire et achète une imprimerie : il fréquente ainsi les milieux de l'édition, de la librairie, dont il dressera d'ailleurs une satire féroce et précise dans "Illusions perdues". Son affaire se révèle un immense échec financier : il croule sous une dette s'élevant à cent mille francs. Rembourser cette somme sera pour lui un souci perpétuel.

Après cette faillite, Balzac revient à l'écriture, pour y connaître enfin le succès : en 1829, il offre au public la "Physiologie du mariage", considérée comme une "étude analytique", et le roman politico-militaire "les Chouans". Ces réussites sont les premières d'une longue série, jalonnée d'œuvres nombreuses et denses : la production de Balzac est l'une des plus prolifiques de la littérature française. Il continue de voyager et de fréquenter les salons, notamment celui de la duchesse d'Abrantès, avec laquelle il avait commencé une orageuse liaison en 1825 et à qui il tenait lieu également de conseiller et de correcteur littéraire. La dédicace de "la Femme abandonnée" s'adresse à elle.

En 1832, intéressé par une carrière politique, il fait connaître ses opinions monarchistes et catholiques et repose sa doctrine sociale sur l'autorité politique et religieuse. En janvier 1833, il commence sa correspondance avec la comtesse Hańska, une admiratrice polonaise. Il ira la voir plusieurs fois, en Suisse, en Saxe et même en Russie. Sa correspondance avec elle s'échelonne sur dix-sept ans, réunie après sa mort sous le titre "Lettres à l'étrangère".

De 1830 à 1835, il publie de nombreux romans : "la Peau de chagrin" (1831), "Louis Lambert" (1832), "Séraphîta" (1835), "la Recherche de l'absolu" (1834, 1839, 1845), qu'il considère comme des romans philosophiques. Dans "le Médecin de campagne" (1833), il expose un système économique et social. "Gobseck" (1830), "la Femme de trente ans" (1831), "le Colonel Chabert" (1832-35), "le Curé de Tours" (1832) inaugurent la catégorie "études de mœurs" de son œuvre. Dans cette même voie, il approfondit encore le réalisme de ses peintures et dessine de puissants portraits de types humains. Avec "Eugénie Grandet" (1833) et "le Père Goriot" (1834-1835), il offre consécutivement deux récits, plus tard élevés au rang de classiques. Il reprend en décembre 1835 la revue la Chronique de Paris, dont la publication est suspendue six mois plus tard : ses dettes sont encore alourdies par ce désastre, mais cela n'a aucune répercussion sur son activité littéraire.

"Le Père Goriot" marque d'ailleurs le retour de protagonistes déjà connus : Balzac va désormais lier entre eux les récits, en employant plusieurs fois les mêmes figures, creusant leur personnalité. Cette récurrence de personnages l'amène à penser la composition d'une œuvre cyclique "faisant concurrence à l'état civil". Il rêve d'un ensemble bien organisé, segmenté en études, qui serait la réplique de sa société. Il veut embrasser du regard toute son époque et l'enfermer dans sa "Comédie humaine". Toutefois, en 1837, le titre qu'il envisage est plus austère : "Études sociales".

Il continue l'élaboration de son récit, taillant les pierres qui formeront son édifice : il publie "le Lys dans la vallée" (1835-1836), "Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau" (1837), "la Maison Nucingen" (1838), "le Curé de village", "Béatrix" (1839), "Ursule Mirouët" (1841).

La rédaction d'"Illusions perdues" s'étend de 1837 à 1843.

En 1838, avec notamment Victor Hugo, Alexandre Dumas et George Sand, il fonde la Société des gens de lettres (actuellement sise en l'Hôtel de Massa, rue Saint-Jacques à Paris), association d'auteurs destinée à défendre le droit moral, les intérêts patrimoniaux et juridiques des auteurs de l'écrit. Il en deviendra le président en 1839.

En 1842, "les Études sociales" deviennent "la Comédie humaine". Les publications continuent, à un rythme régulier.

En 1847 et 1848, Balzac séjourne en Ukraine chez la comtesse Hańska. De plus en plus souffrant, Honoré de Balzac épouse Mme Hańska à Berditchev le 14 mai 1850 et les époux s'installent à Paris le 21 mai. Il meurt le 18 août 1850 à 23 heures 30, trois mois plus tard, éreinté par les efforts prodigieux déployés au cours de sa vie. Son œuvre, si abondante et si dense, exigeait un travail vorace. La rumeur voudrait qu'il eût appelé à son chevet d'agonisant Horace Bianchon, le grand médecin de "La Comédie humaine" : il avait ressenti si intensément les histoires qu'il forgeait que la réalité se confondait à la fiction. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (division 48), où Victor Hugo prononça un discours en forme d'oraison funèbre.

En 1855, Mme de Balzac publie "les Paysans" (écrit en 1844 et inachevé). En 1854, Charles Rabou complète et publie "le Député d'Arcis" (écrit en 1847 et inachevé) et "les Petits bourgeois" (inachevé). En 1877 sont publiées ses œuvres complètes, en 24 volumes.

 

 

 

 

Le Château de Saché sa demeure.

 

ScreenHunter_08_JulLe Château de Saché a été édifié au XVIème siècle. Les remaniements opérés de la Renaissance au XVIIIème siècle confèrent à la demeure un style et un charme singuliers.

Honoré de Balzac était Tourangeau de naissance et sa région marqua profondément son oeuvre.

De 1830 à 1837, années les plus prolifiques de sa carrière, l'auteur de "La Comédie humaine" y trouve, chez Jean de Margonne, le refuge idéal pour échapper à ses créanciers et à la vie parisienne. Ce dernier aurait été l'amant de sa mère et se serait pris d'affection pour Honoré ou bien, autre version, Honoré estimant que Monsieur de Margonne "lui devait bien ça"

Vingt-trois heures de diligence le mènent depuis la capitale jusqu'à Tours, puis une vingtaine de kilomètres, parfois parcourus à pied lorsque les finances sont basses, jusqu'à Saché ou l'écrivain y passe de longs séjours. Dans sa petite chambre, qu'il appelait sa "cellule de moine", une table, une chaise, une cheminée lui suffisent, ainsi qu'une cafetière pour pouvoir continuer à rédiger très tard dans la nuit.

Ce bourreau de travail y crée "Le Père Goriot", "Les Illusions perdues" et "La Recherche de l'Absolu". Saché, les châteaux voisins et la vallée de l'Indre donnent le cadre du célèbre "Lys de la vallée".

"A Saché, je suis libre et heureux comme un moine dans son monastère... Le ciel est si pur, les chênes si beaux, le calme si vaste !"

Le musée est inauguré en 1951 et présente des lettres, des manuscrits annotés et nous replonge dans l'ambiance Balzacienne. Le grand salon conserve son papier peint "aux lions" de 1803 qu'a connu Balzac. Une imprimerie du XIXème est aussi présentée, premier métier de l'écrivain (Balzac fut un temps libraire et propriétaire d'une imprimerie, échec cuisant dont la dette le poursuivra toute sa vie...), ainsi que la genèse de la fameuse statue par Rodin. Un parc de trois hectares est le cadre idéal pour saisir les sources d'inspiration de Balzac, il y fleurit lys, pivoines, delphiniums, qui invitent à une promenade romantique.

 

 

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25 juillet 2008

Victor Hugo - Place des Vosges Paris

Biographie de Victor Hugo.

 

 

 

victorhugo1"Le plus grand ennui c'est d'exister sans vivre".

 

Victor Hugo est né le 26 février 1802, à Besançon. Il est le dernier fils d’un général d’Empire, le comte Léopold Hugo. Sa mère, née Sophie Trébuchet, élève seule ses trois enfants à Paris, son mari s’éloignant au gré de ses obligations militaires, en Corse puis à l’île d’Elbe en 1803. Victor et ses frères passent leur enfance à lire et à se cultiver grâce aux bons soins maternels, notamment au parc des Feuillantines près duquel la famille Hugo s’est installée au mois de mai 1809. Celle-ci doit cependant quitter la France et suivre en Italie en 1808 le comte Léopold Hugo, nommé gouverneur d'Avellino par le roi Joseph Bonaparte, puis en Espagne en 1811.

Avec la chute de l’Empire, Léopold Hugo est de retour à Paris. Victor et son frère Eugène sont alors retirés à leur mère, séparée de fait depuis quelques années d’avec son mari, et placés à la pension Cordier. Selon les vœux paternels, ils se destinent à intégrer l’École Polytechnique. En 1816, Victor entre ainsi au Lycée Louis le Grand, délaissant parfois ses études pour rédiger des vers. Il obtient en 1818 une distinction en sciences physiques au Concours général. La même année, une procédure de divorce prononce enfin la séparation de corps et de biens des époux Hugo.

Encouragé par sa mère chez laquelle il peut enfin résider, Victor s’adonne alors aux lettres avec l’ambition de réussir. "Je serai Chateaubriand ou rien", écrit-il à l’âge de quatorze ans sur un cahier d’écolier. En 1817, il reçoit les encouragements de l’Académie Française, qui a remarqué l’un de ses poèmes. En 1819, le Lys d’or lui est décerné pour la rédaction d’une ode d’inspiration royaliste : le jeune homme milite pour le rétablissement de la statue d’Henri IV... Ce prix est la plus haute récompense décernée par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse.

Au mois de juin 1822, Victor Hugo publie son premier volume intitulé "Odes et Poésies diverses". Cette œuvre le fait remarquer des cercles royalistes. Louis XVIII lui attribue une pension de mille francs, obtenue à la demande de la duchesse de Berry. Les années qui suivent sont très prolifiques pour l’écrivain. Les recueils de poèmes, "Nouvelles Odes" en 1824, "Ballades" en 1826, ainsi que les romans, "Han d’Islande" en 1823 et "Bug Jargal" en 1826 se succèdent. Charles X, le nouveau souverain, le fait chevalier de la Légion d’honneur en 1825, alors qu'il n'est âgé que de vingt-trois ans. La même année, l'écrivain pensionné et membre de la Société royale des bonnes lettres, assiste d'ailleurs au sacre du roi, qui a lieu le 29 mai en la cathédrale de Reims. Une ode rédigée pour l’occasion par le poète, chantre de l’alliance du trône et de l’autel, lui vaut un service de table en Sèvres ainsi qu’une entrevue avec le nouveau monarque.

Après le décès de sa mère hostile au projet de son fils, Hugo se marie le 12 octobre 1822 à Adèle Foucher, une amie d’enfance dont il s’est épris. L’écrivain est bientôt le père de quatre enfants. Se consacrant à son travail d’homme de Lettres, il se détourne peu à peu de ses obligations familiales et conjugales, s’éloignant de sa femme. Celle-ci se lie alors à son ami Charles Augustin de Sainte-Beuve, qui devient davantage qu’un consolateur amical auprès de la jeune épouse, à partir de 1830. Quelques années plus tard, en 1833, l'écrivain fait la connaissance de Juliette Drouet, une comédienne du Théâtre de la Porte Saint-Martin qu’il ne quittera plus.

"Poète du parti ultra" suivant le mot de Stendhal, ses convictions politiques évoluent au cours de ces années. Dès 1824, il fréquente le salon de Charles Nodier, à l’Arsenal où celui-ci est bibliothécaire, et se rapproche de l’opposition libérale. La mort de son père en 1828 réveille également son intérêt pour le passé napoléonien dont il découvre la grandeur. L'écrivain se prononcera d’ailleurs en faveur du retour en France de Louis-Napoléon Bonaparte, en d’autres temps, en 1847. Au mois de février 1827, le poète compose son ode "A la Colonne de la place Vendôme", un monument symbole de la gloire de l’Empereur des Français, fondu dans le bronze des canons pris aux armées prussiennes en 1806. Le 13 août 1829, Charles X fait interdire la représentation de sa pièce de théâtre "Marion Delorme" pour atteinte à la majesté royale. Victor Hugo refuse l’offre d’une pension royale de quatre mille francs, qui est censée le dédommager, et rompt alors avec le régime en place.

Son œuvre littéraire évolue également. Le drame de "Cromwell" en 1827 puis le recueil des "Orientales" au mois de janvier 1829 et leurs retentissantes préfaces en dessinent la nouvelle orientation. L’écrivain réclame d’avantage de liberté dans l’art et dans la création. Ceci est le prétexte de la bataille littéraire qui accueille la représentation du drame "Hernani", dont la première a lieu le 25 février 1830 au Théâtre-Français. Victor Hugo se présente alors comme le chef de file de la jeune génération romantique en animant le Cénacle, un cercle qui se réunit dans son appartement de la rue Notre Dame des Champs où se rencontrent les écrivains et les artistes de la jeune génération romantique. Parmi ceux-ci : Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Gérard de Nerval, Eugène Delacroix… Le 23 novembre 1832, la censure royale s'exerce de nouveau à propos de sa nouvelle pièce de théâtre, "Le Roi s'amuse", représentée la veille sur la scène du Théâtre-Français.

Hugo est désormais un auteur à succès et s’illustre avec les poèmes publiés dans "Les Feuilles d’automne" en novembre 1831, "Les Chants du crépuscule" en 1835, "Les Voix intérieures" au mois de juin 1837 ainsi que dans "Les Rayons et les Ombres" en 1840. Ces recueils d'inspiration lyrique lui permettent de rivaliser auprès du public avec Alphonse de Lamartine, tandis que les représentations au théâtre de ses drames comme "Lucrèce Borgia", dont la première a lieu le 2 février 1833 à la Porte Saint-Martin, ou "Ruy Blas", en 1838 et avec Frédérick Lemaître dans le rôle titre, lui assurent de confortables revenus. Victor Hugo montre également ses préoccupations humanitaires dans "Le Dernier Jour d’un condamné" au mois de février 1829, puis "Claude Gueux" en juillet 1834, où il se fait le défenseur de l’abolition de la peine de mort. Une voix puissante et inspirée, mais trop isolée dans le siècle. Un nouveau roman, "Notre-Dame de Paris", publié le 16 mars 1831, connaît également un grand succès d’édition. Ce drame passionnel qui se noue autour de la personne d'Esméralda, cette redécouverte d’un passé médiéval mythifié et placé en toile de fond en font l’une des œuvres emblématiques du mouvement romantique. Le 7 janvier 1841, Hugo est enfin élu à l’Académie Française, après quatre échecs retentissants. C’est pour l'écrivain la consécration de sa gloire littéraire.

A cette époque, Victor Hugo entreprend également quelques voyages en compagnie de Juliette Drouet. Les deux amants visitent ensemble la Bretagne et la Normandie en 1836, puis la Belgique en 1837, l’Alsace et la Provence en 1839 et enfin les bords du Rhin l’année suivante. En 1842, l'écrivain publie à cette occasion un recueil de texte intitulé "Le Rhin", des impressions de voyage étoffées de quelques réflexions de circonstances. Laissant en effet de côté les polémiques qui opposent les milieux littéraires français et allemands, ce texte se conçoit comme un véritable programme de politique étrangère pour la France de la Monarchie de Juillet. Victor Hugo est ainsi favorable à l'unité allemande, celle-ci devant selon les vues de l'écrivain se réaliser au sein d'une Europe fédérale dont l'artère serait le Rhin, un axe franco-allemand.

Grâce à ses droits d’auteur, Hugo vit désormais avec de confortables revenus. Sa nouvelle demeure, située au 6 de la Place Royale (actuelle Place des Vosges) où il s’est installé au mois d'octobre 1832, est un lieu chic et mondain. Négociant habilement la publication de ses œuvres complètes, il vit dans l’aisance. A la différence de François-René de Chateaubriand, Hugo n’éprouve aucun regret pour le régime défunt, celui de la Restauration. Répondant à une commande du nouveau gouvernement, n’a t-il pas rédigé un "Hymne aux morts de juillet" en1831, exécuté au Panthéon lors de la célébration des "Trois Glorieuses" ?

A partir de 1837, l’écrivain est l’hôte assidu du duc d’Orléans, héritier du trône. Il se rapproche ainsi de la cour et se rallie bientôt à la Monarchie de Juillet. Le 13 avril 1845, le roi Louis-Philippe Ier le nomme Pair de France ce qui lui permet alors de siéger à la Chambre. Cependant, une nouvelle liaison avec une jeune femme mariée, Léonie d’Aunet, fait scandale. Les deux amants sont en effet surpris, le 5 juillet suivant, en flagrant délit d’adultère. Le prestige du notable en est éclaboussé, la jeune femme effectuera quant à elle deux mois de détention dans l'infamante prison de Saint-Lazare.

L’année 1843 amène de profonds bouleversement dans son existence. L’échec de sa nouvelle pièce de théâtre, "Les Burgraves", et surtout le décès accidentel de sa fille aînée Léopoldine, le 4 septembre, qui se noie avec son mari dans la Seine à Villequier, le touchent profondément. Au mois de novembre 1845, celui qui est un observateur attentif de la vie du peuple lors de ses promenades parisiennes entame un nouveau roman, qui devrait s’intituler "Les Misères". Victor Hugo noircit pendant cette période des centaines de feuilles de papier, autant de textes qui seront publiés par la suite, pendant ses années d'exil ainsi qu'au soir de sa vie.

Éloigné des problèmes politiques malgré ses fréquentations, la révolution de 1848 est pour l'écrivain une nouvelle commotion. Après avoir tenté de faire proclamer la régence de la duchesse d’Orléans, haranguant les ouvriers parisiens en armes place de la Bastille, le 24 février, il se rallie rapidement à la Seconde République. Le 2 mars suivant, Victor Hugo prononce d'ailleurs un vibrant discours Place des Vosges à l’occasion de la plantation d’un arbre de la liberté. Il appelle alors à vive voix l'avènement de la "République universelle". Le 4 juin 1848, lors d’élection complémentaire, l'écrivain est désigné comme député de Paris à l’Assemblée Constituante puis, le 13 mai 1849, à l’Assemblée Nationale avec l’appui des conservateurs. Au Palais-Bourbon, Hugo, prenant place sur les bancs de l’Assemblée, s’installe à droite.

Au cours des "Journées de Juin" pendant lesquelles le pouvoir réprime une insurrection populaire, à l'origine de laquelle se trouve la fermeture des Ateliers nationaux, le représentant du peuple, qui avait appelé à faire disparaître ces ateliers de charité quelques jours plus tôt, fait partie des soixante délégués chargés de tenir l'Assemblée au courant de la situation. Il préside également au mois d'août de la même année le Congrès de la paix qui se tient à Paris. Victor Hugo prononce à cette occasion un discours pacifiste qui connaît un grand retentissement en Europe. Fondateur d’un journal d’opinion, "L’Événement", avec ses deux fils et avec l'aide d'Émile de Girardin le 31 juillet 1848, il fait campagne pour l’élection à la présidence de la République de Louis-Napoléon Bonaparte. L’écrivain est alors le fervent partisan d’une démocratie libérale et sociale.

Cependant la vision qu’a Victor Hugo de sa mission d’homme politique a évolué au cours des derniers mois. Si le notable est toujours aussi effrayé par la violence utilisée par les agitateurs socialistes, par Adolphe Blanqui ou Armand Barbès notamment, il montre de plus en plus ses préoccupations humanitaires, s’inquiétant de la condition du peuple. Victor Hugo rompt bientôt avec la majorité conservatrice en prononçant des discours dénonçant la misère, le 9 juillet 1849, puis critiquant la loi Falloux, le 15 janvier 1850, ainsi que le vote de restrictions à la pratique du suffrage universel, le 20 mai suivant. "L’Événement" est d'ailleurs interdit au mois de septembre 1851.

Victor Hugo participe à l’opposition républicaine par le coup d’État du 2 décembre. Avec quelques autres députés républicains, il tente de former un comité de résistance, de soulever le peuple des faubourgs de la capitale après avoir lancé un appel à l'armée. En vain. Placé le 9 janvier 1852 sur la liste des proscrits et désormais interdit de séjour en France, il s’est exilé à Bruxelles depuis le 11 décembre précédent, voyageant muni d'un passeport au nom de Jacques-Firmin Lanvin. Les deux décennies de règne de Napoléon III seront pour l’écrivain et l’homme politique des années d’opposition et d’éloignement. Cet exil devient volontaire, après son refus de l’amnistie offerte par l’Empereur avec le décret du 16 août 1859.

Victor Hugo réside alors à proximité de la France, dans les îles Anglo-Normandes de la Manche. Dans sa villa de Marine-Terrace à Jersey, il s’initie aux "tables parlantes" grâce à Delphine de Girardin, épouse de l’homme de presse. Cependant, le 27 octobre 1855, l'écrivain est expulsé par les autorités après avoir protesté contre la visite de l'Empereur Napoléon III en Angleterre. Installé à Guernesey, il fait l’acquisition de Hauteville-House en 1856. Souffrant de la gorge et du froid, le proscrit se laisse pousser la barbe à partir de 1861. Dans les années qui suivent, sa famille s'éloigne de plus en plus fréquemment, afin notamment de s'occuper du devenir de ses contrats d'auteur. Sa femme, malade, le quitte bientôt et décède le 27 août 1868 à Bruxelles.

L'exilé rappelle régulièrement aux sujets de l'Empereur son existence. Membre du Comité de résistance au coup d'État, Victor Hugo fait entendre sa voix au moment de l'organisation d'un plébiscite le 21 novembre 1852 et destiné au rétablissement de la dignité impériale dans la personne de Louis-Napoléon Bonaparte. Il rédige pour l'occasion une lettre de protestation. L'année suivante, le 21 novembre 1853, l’écrivain fait également paraître "Les Châtiments", un pamphlet dirigé contre Napoléon III qu’il a précédemment surnommé "Napoléon-le-Petit". Son œuvre s’enrichit ensuite de romans qui constituent de véritables épopées humaines. "Les Misérables" publiés en 1862 sont un immense succès littéraire. Suivent "Les Travailleurs de la mer" en 1866 puis "L’Homme qui rit" en 1869. En 1859, un recueil de poèmes, "La Légende des siècles", qui vient après "Les Contemplations", s’inscrit dans cette veine d’inspiration.

Après la défaite de Sedan et la proclamation de la République, le 4 septembre 1870, Victor Hugo est de retour à Paris. Symbole vivant de la résistance républicaine au Second Empire, l'écrivain est accueilli en héros par la foule des Parisiens à la gare du Nord. Son "Appel aux Allemands", un texte maladroit et décalé, publié le 9 septembre suivant, n’ayant eu que peu d’effets sur les troupes ennemies, celles-ci entament un siège en règle de la capitale. Hugo participe alors à l’effort collectif de défense en distribuant les dividendes de ses droits d’auteur.

Élu député de la gauche républicaine dans la capitale le 8 février 1871, en seconde position après Louis Blanc mais devant Léon Gambetta, il démissionne quelques semaines plus tard, le 8 mars, peu satisfait de la volonté de restauration monarchique que montre l’Assemblée qui siège à Bordeaux. Victor Hugo n’approuve ni la paix signée le 1er mars 1871 ni l’accueil réservé à l'italien Giuseppe Garibaldi, celui-ci ayant pris part aux combats contre la Prusse aux côtés des Français. Se désolidarisant de l'aventure de la Commune, l'écrivain accueille néanmoins publiquement chez lui à Bruxelles, où il réside depuis le 22 mars, les communards réfugiés pendant la répression versaillaise.

Expulsé de Belgique, Victor Hugo se rend alors à Vianden au Luxembourg voisin. Il évoque bientôt les événements dramatiques de ces derniers mois dans "L’Année terrible", publiée en 1872. Le 7 janvier de la même année, l'écrivain est battu lors d'une élection législative partielle. Il lui faudra attendre quatre années et le 30 janvier 1876 pour retrouver sous la Troisième République un siège de parlementaire, en étant élu sénateur de Paris. Il milite alors au sein de l'assemblée pour l'amnistie des communards, celle-ci intervenant le 11 juillet 1880.

Entre temps, Hugo fait éditer de nouvelles œuvres. 1874 voit la parution de son dernier roman, "Quatre-vingt treize", dédié à la Révolution française et à la Convention. Des textes écrits le plus souvent pendant les années d’exil à Guernesey paraissent également : "L’Art d’être grand-père" au mois de mai 1877, "La Pitié suprême" en 1879, "Torquemada" en 1882, "L’Archipel de la Manche" au mois d’octobre 1883.

Cependant la santé du patriarche se détériore. Une congestion cérébrale qui le terrasse le 28 juin 1878 le laisse diminué. L'écrivain délaissera maintenant l'écriture, se contentant de mettre en forme et de publier ses productions inédites. En 1881, le nouveau régime "installé" fête son entrée dans sa quatre-vingtième année, ce qui donne lieu à une grande célébration populaire, le 27 février. L'avenue d'Eylau, dans la partie où il est installé depuis 1879, porte dorénavant son nom. Juliette Drouet décède le 11 mai 1883, Victor Hugo le 22 mai 1885 à 13 h 27 minutes, des suites d’une congestion pulmonaire.

La Troisième République lui offre alors des funérailles nationales. Celles-ci se déroulent le 1er juin suivant et sont l’occasion d’un vaste rassemblement populaire autour d’une des gloires nationales. La veille de l’événement, un immense catafalque stationné sous l’Arc-de-Triomphe permet à la foule de venir se recueillir pendant la nuit auprès du grand homme. Le corbillard des pauvres, que celui-ci a demandé dans son testament rédigé le 2 août 1883, s’élance enfin, suivi par un interminable cortège composé de deux millions d'admirateurs et de badauds. Il conduit le corps de Victor Hugo au Panthéon.

 

 

Place des Vosges sa demeure.

 

 

Rohan_GuemeneEn 1832, Victor Hugo s'installe au 6 Place Royale pour une longue période, résidant en ce lieu durant seize ans. Le tumulte provoqué dans Paris par le scandale de la "bataille d'Hernani" avait poussé son propriétaire à lui demander de quitter en 1830 la maison de Notre Dame des Champs qu'il habitait depuis trois années. Après avoir vécu deux ans rue Jean Goujon, il louera l'appartement de la Place Royale situé dans l'hôtel de Rohan Guémené.

Certains de ses amis lui feront le reproche de s'excentrer, de s'éloigner des quartiers des artistes de la Nouvelle Athènes. Les motivations de son choix restent obscures, si ce n'est la proximité de son ami Théophile Gautier et surtout celle de l'Arsenal où Charles Nodier tenait ses réunions, entourés de jeunes écrivains et poètes.

Son salon où se réunissait depuis plusieurs années le cénacle romantique continue à être très fréquenté, les artistes ont suivi, et Théodore de Banville vante la douceur des soirées de la Place Royale : "En été, surtout, c'était ravissant; la grande porte de l'appartement restait ouverte, le parfum des fleurs et des feuillages entrait par les fenêtres et la soirée avait lieu sur la Place Royale en même temps que dans les salons, car les jeunes gens allaient fumer leur cigarette dans les allées, autour de Louis le Chaste, puis tout de suite remontaient grisés de nuit et d'azur, dans l'éblouissement des flambeaux et des danses pareilles à des choeurs de déesses".

La demeure est cossue, décorée des oeuvres des amis peintres ou sculpteurs, Boulanger, Châtillon, David d'Angers. Mais ces oeuvres représentent Hugo lui même ou des membres de sa famille, ou encore illustrent des scènes de poèmes. L'intérieur bourgeois n'est pas celui d'un collectionneur ou d'un dandy comme celui de Théophile Gautier. Peut être Hugo est il trop soucieux de son oeuvre pour laisser place à celle d'un autre artiste dans sa propre demeure, si ce n'est pour témoigner encore de lui même au travers de portraits de ses proches ou d'illustrations de sa propre création. Mais cet appartement est aussi le lieu auquel sont associés l'ascension sociale, un certain embourgeoisement et la tragique disparition de Léopoldine.

En cette année 1832, Hugo est le chef incontesté de l'école romantique, sa plume est depuis longtemps reconnue, son avis recherché en littérature comme en politique. Pourtant son parcours n'a pas été rectiligne. Ses convictions restent incertaines, ayant subi des influences diverses et souvent contradictoires, mais aussi le poids des événements.

 

Le musée de la place des Vosges fut fondé en 1902, année du centenaire de la naissance de Victor Hugo, à l'initiative de Paul Meurice (1818-1905), ami de longue date, ardent défenseur de Hugo et de son oeuvre, et grâce à l'importante donation qu'il fit alors à la Ville de Paris. Premier musée monographique et littéraire, la Maison de Victor Hugo recèle le fonds d'oeuvres graphiques et de manuscrits de Victor Hugo le plus important avec celui de la Bibliothèque nationale de France: éditions originales de l'écrivain, peintures et sculptures lui rendant hommage, estampes, photographies, caricatures et pièces de mobilier.

L'hôtel, parmi les plus beaux de la place Royale (aujourd'hui place des Vosges), fut construit par Isaac Arnauld, conseiller du roi et intendant des Finances, à qui l'emplacement avait été cédé en juin 1605, lors du lotissement du parc des Tournelles, à l'époque de la conception de la place. Vendu en 1612 au marquis de Lavardin et en 1621 à Pierre Jacquet, seigneur de Tigery, l'hôtel devint la propriété de Louis de Rohan, prince de Guémenée et resta dans cette illustre famille jusqu'en 1784.

Deux balcons, aujourd'hui disparus, furent édifiés en 1785, au premier et au deuxième étage. En 1797, l'hôtel passa aux mains de la famille Péan de Saint-Gilles puis fut cédé par ses descendants en 1873 à la Ville de Paris. Une école y fut alors transférée.

L'hôtel se composait d'un corps de logis sur la place et de deux ailes en retour portant dix croisées de façade chacune et donnant sur la cour. Celle-ci, bordée d'écuries et de remises, communiquait avec l'impasse Guéménée. De nouveaux aménagements intérieurs furent effectués pendant la deuxième moitié du XIXème siècle.

Victor Hugo loua de 1832 à 1848 un appartement d'environ 280m² au deuxième étage de l'Hôtel de Rohan-Guémenée. Les lieux ont connu jusqu'à l'inauguration du musée, en 1903, de nombreux changements. Si la surface est restée inchangée, les espaces ont été redistribués et les couloirs supprimés, ainsi que le balcon qui donnait sur la place. En juin 1852, alors que le poète proscrit s'était réfugié à Bruxelles depuis le 12 décembre 1851, son mobilier fut mis aux enchères et ses biens dispersés. Certains furent alors achetés par des amis, Paul Meurice avant tout. Ce sont ceux-là qui aujourd'hui permettent, avec ceux que Victor Hugo avait emportés en exil, de reconstituer l'atmosphère de ses lieux de vie.

En effet, adoptant un parti chronologique, la visite propose aujourd'hui une évocation des trois grandes étapes de la vie de l'écrivain, telles qu'il les avait lui même définies dans "Actes et Paroles" : Avant l'exil, Pendant l'exil, Depuis l'exil.

L'antichambre : à l'époque où Victor Hugo résidait place Royale, cette pièce était l'antichambre de son appartement avec une même petite fenêtre d'angle donnant sur la place et un même dallage en pierre de liais. Cette salle évoque aujourd'hui la famille, l'enfance et la jeunesse de l'écrivain, ses lieux de vie, ses fiançailles avec Adèle Foucher, les premières années de leur mariage et la naissance de leurs enfants.

Le salon rouge : la deuxième salle restitue l'atmosphère du salon de la place Royale, qui se trouvait à l'emplacement de l'actuel salon chinois. Les murs tendus de damas rouge, les consoles dorées et la glace de Venise évoquent le décor de l'époque ; certaines oeuvres se trouvaient alors dans le salon : le portrait d'Adèle Hugo par Louis Boulanger, ainsi que celui de Victor Hugo et de son fils Victor par Auguste Châtillon. Ces tableaux orneront plus tard le billard de Hauteville House à Guernesey. Figure aussi le portrait de leur fils Victor par Charles de Champmartin vers 1834. La coiffeuse à décor laqué provient de la chambre de Madame Hugo à Hauteville House. Comme Le Feu du ciel de Louis Boulanger, le buste du poète sculpté par David d'Angers se trouvait en bonne place dans le salon de la place Royale. Le buste en marbre, dédicacé et signé par l'artiste, est daté de 1838.

Le souvenir de Léopoldine, décédée en 1843, est toujours évoqué. Un dessin de Madame Hugo, daté d'avril 1837, la représente lisant. Il est accompagné d'un petit échantillon de la robe qu'elle porte sur le tableau d'Auguste de Châtillon, Léopoldine au livre d'heures.
Victor Hugo plaça plus tard ce morceau d'étoffe en écrivant Robe de Didine. 1834. V.H. ainsi que les deux vers : "Oh ! la belle petite robe Qu'elle avait, vous rappelez-vous" ? (Les Contemplations, IV, VI)

Auguste Châtillon, ami de la famille, réalise en 1835 le portrait de Léopoldine au livre d'heures. Le tableau porte en haut à droite les dates 28 août 1824 (naissance de Léopoldine), 28 août 1835 (date probable de l'achèvement de l'oeuvre). En 1836, Léopoldine fait sa Première Communion dans l'église de Fourqueux, entourée de ses proches, de son grand-père Pierre Foucher, de Théophile Gautier et d'Auguste Châtillon qui peint la scène : sur cette oeuvre, on aperçoit Victor Hugo, la tête penchée. Le tableau sera placé, durant l'exil, dans la chambre de Madame Hugo à Guernesey. D'autres souvenirs de Léopoldine sont parfois présentés dans les vitrines : son châle de cachemire, ses gants de peau accompagnés de leur pochette, son rond de serviette marqué Didine, sa petite boîte à onguent et son porte-aiguilles en velours brodé.

Un coffre de bois gravé et peint par Victor Hugo porte les initiales du second fils du poète, François-Victor. En 1849, alors qu'il collabore au journal L'Evénement, Victor adopte le prénom de François-Victor afin d'éviter toute confusion avec son père. La tradition veut que Louis Napoléon Bonaparte, venu en octobre 1848 solliciter rue de la Tour-d'Auvergne l'appui de Victor Hugo pour sa candidature à la présidence de la République, se soit assis sur ce coffre.
    
Une toile de Charles de Champmartin (vers 1827) nous présente Juliette Drouet que Victor Hugo rencontre en 1833 lors des répétitions de sa pièce 'Lucrèce Borgia'.

Le salon chinois d'Hauteville Fairy : le Salon Chinois occupe actuellement l'emplacement du grand salon de Victor Hugo de 1832 à 1848.
      
Après le coup d'Etat de Napoléon III, le 2 décembre 1851, auquel s'est opposé l'écrivain, ce dernier, proscrit, quitte la France pour la Belgique le 11 décembre, muni d'un faux passeport. Une longue période d'exil commence.
Victor Hugo et sa famille, ainsi que Juliette Drouet, s'établissent tout d'abord à Jersey en août 1852 puis à Guernesey en novembre 1855 (Iles Anglo-Normandes). Le succès éditorial que connaît le recueil de poèmes  "Les Contemplations", en 1856, permet à Victor Hugo d'acheter une maison qu'il baptise Hauteville House.
Juliette Drouet emménage dans la même rue, dans une maison appelée Hauteville Fairy. Le décor d'inspiration chinoise est une partie du décor original provenant de la demeure de Juliette Drouet.
      
Vendu par Louis Koch, neveu et héritier de Juliette Drouet, à Paul Meurice qui en a fait don au musée lors de sa fondation, ce décor a pu être remonté grâce à des photographies anciennes. Celles-ci montrent de petites pièces et les agendas de Victor Hugo nous révèlent que ces pièces étaient éclairées au gaz. Il faut donc imaginer des pièces modestes et relativement peu éclairées, donnant ainsi une impression d'intimité, le décor très chargé saturant l'espace.
      
L'élaboration et la mise en place du décor à Hauteville Fairy commença en juillet 1863 et s'acheva le 14 juin 1864. La correspondance de Juliette Drouet avec Victor Hugo en donne quelques échos au cours de l'été 1863. Entièrement conçu par Victor Hugo, le décor se déployait dans le salon et la chambre de Hauteville Fairy et peut-être dans une troisième pièce. Il se compose de panneaux décoratifs peints et dorés, à motifs de personnages, d'animaux et de fleurs où les initiales du poète et celles de Juliette Drouet se mêlent en plusieurs endroits, quelquefois agrémentées d'un papillon évoquant le poème "La pauvre fleur disait au papillon céleste" (Les Chants du crépuscule, XXVII). Des caissons garnis d'assiettes ornent également une cheminée qui porte un miroir de Venise et des figures en porcelaine, à la lumière d'un lustre chinois.

La salle à manger d'inspiration médiévale : cette salle réunit plusieurs meubles que l'on retrouve sur les photographies anciennes de la chambre de Juliette Drouet à Hauteville Fairy. Aux murs, deux dessins du poète illustrent la genèse du travail de l'écrivain décorateur. Ces dessins sont autant de projets de meubles totalement composites que Victor Hugo concevait à partir des nombreux coffres et éléments de bois sculptés, qu'il achetait lors de ses pérégrinations sur l'île, et dont la réalisation était confiée à un artisan nommé Mauger, aidé de trois ouvriers.

Un bahut montre comment Victor Hugo laissait son imagination prendre le pas sur le côté fonctionnel : le meuble se compose d'un coffre orné de divinités marines, d'une sorte de petit tabernacle et d'un buffet dont les deux tiroirs ont perdu toute utilité. Un buste de Victor Hugo en porcelaine exécuté par Louis-Joseph Leboeuf, qui apparaît sur une photographie de Hauteville Fairy exposée dans la salle, est une copie du buste exécuté par le sculpteur lors d'un séjour à Guernesey en 1864.

Le grand meuble garni d'un miroir a lui aussi été réalisé à partir d'éléments hétérogènes. Les panneaux supérieurs évoquent les stalles sculptées du Moyen Age. Comme à Hauteville Fairy, ce meuble est surmonté des bustes de plâtre de Juliette et de sa fille Claire Pradier, exécutés par Victor Vilain.
Claire, née en 1826 et dont le père était le sculpteur James Pradier (1792-1852), mourut en 1846. Victor Hugo l'associa au souvenir de Léopoldine et lui consacra plusieurs poèmes des "Contemplations".

 

Les motifs floraux qui ornent le troisième bahut rappellent ceux fréquemment utilisés à Hauteville House. Les armes de Victor Hugo sont apposées sur deux de ces meubles. Sur un banc apparaît l'inscription VIVE AMA, évoquant les nombreuses devises, souvent latines, que Victor Hugo apposa en de nombreux endroits à Hauteville House.

Salle 5 les photographies de l'exil : cette salle occupe l'emplacement d'un cabinet de travail dépendant semble-t-il de la chambre attribuée à Léopoldine puis à ses frères. Les photographies réalisées par Victor Hugo, ses fils et Auguste Vacquerie, durant l'exil à Jersey, sont souvent présentées dans cette salle.

Victor Hugo et les siens passèrent un peu plus de trois ans à Jersey (d'août 1852 à octobre 1855) où ils louèrent une maison, Marine Terrace. Un petit atelier photographique fut aménagé dans un coin de la serre. Victor Hugo et sa famille, le cercle des proscrits de Jersey, paysages et objets constituent l'essentiel des sujets. Adèle Hugo écrit dans son Journal qu'une galerie de portraits photographiques ornait les murs de la salle à manger de Marine Terrace. On estime à environ 350 les images produites entre 1853 et 1854, et l'on dénombre une soixantaine de portraits du poète.

Victor Hugo ayant montré tout au long de sa vie une très grande curiosité d'esprit, on ne s'étonnera pas de son intérêt immédiat pour la photographie. Toutefois, selon le témoignage de Madame Hugo, il ne semble pas qu'il ait lui même utilisé les appareils photographiques. En revanche, le poète intervenait dans le choix des sujets et bien entendu dans la mise en scène de ses portraits. Cette technique très nouvelle va servir admirablement les ambitions politiques de l'écrivain et sa littérature de combat.

Aux murs, quatre médaillons de terre cuite, représentant Victor Hugo, sa femme Adèle, Charles et François-Victor, qui furent exécutés par Victor Vilain lors de son séjour à Guernesey en 1860. La "table aux quatre encriers" évoque les actions sociales menées par les époux Hugo à Guernesey. En 1860, Madame Hugo organise une vente de charité au profit des enfants pauvres de Guernesey. Elle demande à Victor Hugo, George Sand, Alexandre Dumas et Alphonse de Lamartine de lui faire don de leur encrier.
Lamartine envoie une petite boîte de verre qui avait contenu la poudre facilitant le séchage de l'encre et George Sand ajoute un briquet. Chacun accompagne son envoi d'un autographe. Le plateau à tiroirs comportant ces différents objets qui fut alors exécuté ne trouva aucun acquéreur et Victor Hugo l'acheta.

 

 

 

 

 

Le salon du retour d'exil : le 5 septembre 1870, après la défaite de Sedan, Victor Hugo rentre en France après dix-neuf années d'exil. Il s'installe en avril 1874 dans un appartement 21, rue de Clichy, puis en novembre 1878, il emménage avec Juliette Drouet dans un hôtel particulier, aujourd'hui disparu, 130, avenue d'Eylau (à l'emplacement de l'actuel 124 de l'avenue Victor Hugo). Il y restera jusqu'à sa mort.

 

 

 

Le mobilier présenté dans cette salle et le lustre de Murano aux couleurs de la République, proviennent du salon de cet hôtel. Le portrait de Victor Hugo peint par Léon Bonnat est une copie exécutée par Daniel Saubes, sous la direction de l'artiste, à la demande de Paul Meurice pour l'inauguration du musée. Le poète, assis de face, s'appuie du bras gauche sur un exemplaire d'Homère posé sur une table. Un autre tableau peint par Charles Voillemot en 1879, représente les petits enfants de Victor Hugo, Georges et Jeanne, tenant "L'Art d'être grand-père", publié en 1877. Ce sont eux qui offriront à la Ville de Paris l'ensemble du mobilier qui garnissait la chambre de Victor Hugo, avenue d'Eylau, dans laquelle le poète décéda le 22 mai 1885

 

L'un des miroirs, dont le cadre est l'une des compositions décoratives de Victor Hugo, orné d'oiseaux et de fleurs, a été réalisé à Guernesey, peu de temps avant son retour en France. On peut encore y lire quelques vers destinés à Georges.

 

Des photographies de Victor Hugo par Nadar (1878), Charlot (1884) ou Gallot (1885) montrent le poète vers la fin de sa vie. Le buste de bronze exécuté par Auguste Rodin, souvent présenté dans cette salle, est l'une des nombreuses commandes adressées par Paul Meurice à des artistes à l'ouverture du musée.

 

 

 

 

 

La chambre de Victor Hugo : Elle occupe l'emplacement d'une partie de l'ancien cabinet de travail de Victor Hugo et de sa chambre, à l'époque où il résidait place Royale. La chambre de l'hôtel de l'avenue d'Eylau, où Victor Hugo a demeuré de 1878 à sa mort est ici reconstituée grâce à ses petits-enfants Georges et Jeanne qui ont fait don du mobilier et des objets composant cette pièce en 1903 pour l'inauguration du musée.

 

Grâce aux illustrations figurant dans la presse de l'époque et à la description qu'en donne Georges Hugo dans son livre de souvenirs : "Mon Grand-père", publié à Paris en 1902, la reconstitution est très fidèle.

 

La Justice de plâtre doré que mentionne Georges Hugo est en réalité une statue de la République tenant un glaive et appuyée sur une stèle, exécutée en 1878 par Auguste Clésinger (mari de Solange, fille de George Sand) qui l'offrit à Victor Hugo pour son anniversaire, le 26 février 1879. Sur la commode, un vase de Sèvres à fond bleu sur lequel se déroule un décor peint par Fragonard, illustrant Le Joueur de Jean-François Regnard, fut offert à Victor Hugo qui entrait dans sa quatre-vingtième année, le soir du 25 février 1881, par Jules Ferry, président du Conseil, au nom du gouvernement. Enfin, on peut voir la table conçue par l'écrivain à partir de deux tables superposées et sur laquelle il écrivait debout.

 

Victor Hugo a vécu dans cette dernière demeure avec Juliette Drouet, non loin de ses petits-enfants qui habitaient l'hôtel voisin. Juliette Drouet s'est éteinte le 11 mai 1883 et repose auprès de sa fille, Claire Pradier, au cimetière de Saint-Mandé.

En 1882, le quatre-vingtième anniversaire de Victor Hugo fut l'occasion d'un grand hommage populaire et officiel. La même année, la Ville de Paris donna à la partie de l'avenue d'Eylau, où il résidait, le nom d'avenue Victor Hugo.

 

A l'annonce du décès de l'écrivain le 22 mai 1885, le gouvernement décida des funérailles nationales et le Panthéon (encore église sous Napoléon III) revint alors à la laïcité. Le 1er juin 1885, deux millions de personnes suivirent le cortège. Rarement écrivain français aura autant contribué à forger sa propre légende de son vivant et aura reçu de la nation une reconnaissance officielle. La IIIe République, en s'emparant du personnage et de son mythe, en construisant une autre légende, léguera à la postérité une image, républicaine et nationale de l'écrivain, qui est encore aujourd'hui dans la mémoire collective.

 

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20 mars 2008

Boris Vian - Cité Véron Paris

Biographie de Boris Vian.

 

 

 

"Je ne sais pas ce qui est beau, mais je sais ce que j'aime et je trouve ça suffisant".

 

 

Boris_VianBoris Vian, figure mythique du Paris d'après-guerre, a marqué la vie intellectuelle et artistique française d'une empreinte singulière. Cet écrivain, auteur, chanteur et musicien, disparu prématurément, laissa derrière lui une oeuvre moderne et insolite, véritable patrimoine dont les générations suivantes n'ont cessé de s'inspirer. Boris Vian naît dans la région parisienne à Ville-d'Avray le 10 mars 1920. Cadet de sa famille, il grandit au milieu de trois frères et soeurs : Lélio, Alain et Ninon. Ses parents, Paul et Yvonne, élèvent leurs enfants dans une atmosphère joyeuse où culture et raffinement tiennent une large place. Paul Vian, rentier, enseigne à sa petite famille le respect des libertés et la méfiance de l'Eglise et de l'Armée. En 1929, la crise financière touche la famille qui quitte la villa les Fauvettes pour s'installer dans l'appartement du portier. Handicapé par une santé fragile, Boris est instruit à domicile par une institutrice particulière.

C'est ainsi que très tôt, il sait lire et écrire. A 10 ans, les classiques de la littérature française n'ont plus de secret pour lui. A 12 ans, il connaît ses premiers problèmes cardiaques. Il ne cessera d'en souffrir. Adolescent, Boris est élève au lycée de Sèvres, au lycée Hoche de Versailles puis à Condorcet à Paris. Il prépare des études classiques caractérisées par l'étude des langues latine et grecque. Parallèlement, il apprend seul l'anglais. Brillant et cultivé, il passe un premier baccalauréat à 15 ans, puis un second lorsqu'il en a 17.

Non seulement le jeune Boris maîtrise la langue française, la littérature et la manipulation des mots, mais il se passionne dès ses 16 ans pour la musique et en particulier le jazz, forme musicale encore peu écoutée en France. Il acquiert très vite une connaissance pointue du genre et devient membre du Hot Club de France. Il se met alors à la trompette à 17 ans. A la veille de la Guerre, Boris est un jeune homme qui partage son temps entre l'écriture, la musique et l'organisation de soirées mémorables dont il est un des piliers avec ses frères. Parfois jusqu'à 400 personnes se pressent dans la salle de bal construite au fond du jardin de la villa de Ville-d'Avray. Célèbre pour son sens de la fête et son goût du canular, il est maître es-réjouissances en tous genres.

En 1939, il évite la mobilisation en raison de sa santé défaillante et intègre l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures à Angoulême, où elle a déménagé pour cause de guerre. Il en ressort en 42 bardé du diplôme d'ingénieur, section métallurgie. En 1939, Boris rencontre une jeune femme nommée Monette avec laquelle il se fiance. En 40, la famille Vian quitte Paris et s'installe en Gironde. C'est là, à Capbreton, qu'au cours de l'été 1940, Boris fait la connaissance de celle qui va devenir sa première épouse, Michèle Léglise, également réfugiée dans les Landes avec sa famille. Ils se marient le 3 juillet 1941 et auront deux enfants, Patrick en 42 et Carole en 48. Ce même été, il fait aussi la connaissance de Jacques Loustalot, dit ''le Major''. Ce jeune homme de 15 ans frappe Vian par son comportement délirant et excentrique. Les deux hommes deviennent très proches jusqu'au décès accidentel du Major en 48.

Parallèlement à ses activités d'ingénieur, Boris Vian commence à écrire son premier ouvrage en 41, ''Les cents sonnets'', ouvrage qui ne sera pas édité avant 1984. Passionné par la culture de l'absurde, par l'exploration des exercices intellectuels les plus surréalistes, Vian développe des activités variées comme le Cercle Legâteux, déjà créé avant-guerre. Ce club d'amis permet à ses adhérents entre autres de jouer aux échecs, de tourner des courts métrages et même de mettre au point des modèles réduits au sein de ''La Section volante, déchaînée, sociale et cosmique de la science aérotechnique''. Aussi sérieux que loufoque, ce cercle permet aussi à certains de s'adonner à la pratique fort ludique des bouts-rimés sous la houlette de Vian lui-même. Tout est bon pour réunir les amis, s'amuser tout en s'adonnant à chaque fois à un exercice intellectuel. Vian ne cesse de créer et d'imaginer.

Tout juste diplômé, il intègre l'AFNOR, association française de normalisation, dans la section verrerie. Cette entreprise des plus sérieuses, lui inspirera de nombreux écrits. Il en démissionnera en 1946. En 1942, il écrit ''Troubles dans les Andains'' qui sera également publié très tardivement, en 1966 seulement. C'est à cette époque qu'il devient trompettiste dans l'orchestre du clarinettiste Claude Abadie, qui est alors rebaptisé orchestre Abadie-Vian. Boris y retrouve Alain et Lélio, respectivement batteur et guitariste. Ensemble, ils participeront à de nombreux concours et tournois d'amateurs de jazz.

Vers 1944, Vian publie ses premiers textes sous des pseudonymes tels Bison Ravi (anagramme de Boris Vian) ou Hugo Hochebuisson. Sous le nom de Bison Ravi, il écrit un poème qui évoque l'interdiction du jazz américain par les Allemands. A cette époque, il se lance aussi dans l'écriture de ses premières chansons comme ''Au bon vieux temps'', texte écrit sur une musique d'un de ses amis, Johnny Sabrou. Mais cette activité, qui prendra toute son ampleur dans les années 50, est encore marginale dans son travail.

En 1945, il signe un contrat chez Gallimard pour son roman ''Vercoquin et Plancton''. 1946 est l'année de parution de son plus célèbre roman, ''L'Ecume des jours''. C'est à ce moment-là qu'il rencontre le couple Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, piliers du gotha littéraire de Saint-Germain-des-Prés. Quelques mois après ''L'Ecume des jours'', Vian publie ''J'irai cracher sur vos tombes'', pastiche des romans noirs américains. Il le signe Vernon Sullivan et fait alors passer Vian pour le traducteur. L'ouvrage fait scandale par son contenu un tantinet iconoclaste. Mais c'est un best-seller dès 1947. Idem avec ''Les morts ont tous la même peau'' en 1947 et ''Et on tuera tous les affreux'' en 1948. Scandale et réussite.

La Guerre terminée, la vie reprend de plus belle et en particulier, la vie artistique et culturelle. Des lieux s'ouvrent, le jazz envahit la capitale, les plus jeunes générations se lancent dans une fête permanente, fête à laquelle Vian participe activement. Il monte une chorale en 1947 qu'il nomme ''La petite chorale de Saint-Germain-des-Pieds''. Parmi les nouveaux lieux à la mode, on compte Le Tabou, 33 rue Dauphine, au coeur de Saint-Germain-des-Prés. Cette boîte de jazz minuscule devient vite un point incontournable du Paris qui bouge dans les années d'après-guerre. Boris et Alain Vian l'animent avec leur orchestre. L'histoire laisse même entendre que Boris en aurait écrit ''l'hymne'' : ''Ah ! Si j'avais un franc cinquante''. On y croise Juliette Gréco, égérie de Saint-Germain et future star de la chanson, ainsi que la jeunesse existentialiste du moment. Boris doit malheureusement cesser la trompette à la même époque pour raisons de santé. En revanche, il demeure plus que jamais une sommité en matière de jazz et intègre la rédaction du magazine Jazz Hot en 1946. Pendant plus de 10 ans, il rédigera pour eux une revue de presse et de nombreux articles.

A la fin des années 40, Vian laisse le Tabou au profit d'une autre cave de jazz, le Club Saint-Germain-des-Prés, à deux pas de là, rue Saint Benoît. Il y reçoit de célèbres jazzmen américains dont Duke Ellington, Charlie Parker ou Miles Davis. Multipliant à l'infini ses activités, Vian écrit à cette époque ses premiers spectacles de cabaret. Il se met également à la traduction de romans noirs dont ceux de Raymond Chandler dans la série ''Série noire'', chez Gallimard. En 1949, parallèlement à Jazz Hot, il devient rédacteur en chef de Jazz News. De plus en plus, il partage son temps entre ses diverses occupations et délaisse son emploi à l'Office professionnel des industries et commerces du papier et du carton.

Peu de domaines littéraires échappent à Vian. S'il a commencé à écrire des chansons des années auparavant, 1949 marque son premier succès en la matière avec le titre ''C'est le be-bop'' interprété par un jeune chanteur fou de jazz, Henri Salvador, sur une musique du pianiste de jazz Jack Diéval. Avec ce dernier, Vian collaborera jusqu'au tout début des années 50. En revanche, Vian et Salvador se retrouveront au cours des années 50 pour produire des dizaines de succès.

Au début des années 50, Vian se consacre beaucoup au théâtre. En 1950, est monté ''L'Equarrissage pour tous'' dont le rythme textuel est très musical et très syncopé. Plus que jamais, Vian joue avec les mots et les transforme en autant de notes au sein d'un ballet vocal. La même année, il écrit d'ailleurs sa première comédie musicale, ''Gialiano''. En 1951, il écrit ''Le goûter des généraux'' qui ne sera pas joué avant les années 60. Puis en 1952, Vian connaît le succès avec ''Cinémassacre ou les cinquante ans du septième art'' puis ''Paris varie ou Fluctuat nec mergitur'' en fin d'année.

Séparé de Michèle, il s'installe en 1951 avec une jeune danseuse allemande, Ursula Kubler. Ils se marient en 1954. Son rythme d'écriture ne cesse de s'accélérer. De plus, les soucis d'argent le poussent à traduire à tour de bras pour Gallimard. Après le théâtre, le roman, la poésie et la chanson, Boris Vian s'emballe pour un nouveau genre littéraire, la science-fiction, style encore méconnu en Europe. Cette découverte lui inspirera une chanson quelques années plus tard, ''la Java martienne''.

En 1952, Boris Vian intègre le Collège de pataphysique en tant qu'Equarisseur de première classe. Sous ces appellations à la signification obscure, se cache un cercle de gens étudiant la pataphysique, science du virtuel et des solutions imaginaires, concept mis à jour à la fin du XIXème siècle par l'écrivain Alfred Jarry. Quelques mois plus tard, Vian y est nommé Satrape, puis l'année suivante, Promoteur insigne de l'Ordre de la Grande Gidouille, échelons divers et prestigieux de cette assemblée qui compte parmi ses membres des noms tels que Raymond Queneau, Eugène Ionesco ou Jacques Prévert. Boris consacrera beaucoup de temps au Collège jusqu'à la fin de ses jours.

A partir de 1954, Boris Vian commence à consacrer beaucoup de temps à la chanson. Le début de la guerre d'Indochine lui inspire en particulier un titre aujourd'hui mythique, ''le Déserteur'', manifeste anti-militariste. Fort d'un répertoire déjà solide, le producteur Jacques Canetti l'engage en 1955 dans son cabaret, les Trois Baudets, ainsi que sur la scène de La Fontaine des Quatre Saisons. Il y rencontre un certain succès qui lui vaut d'enregistrer son premier disque en avril. Sous le titre ''Chansons possibles et impossibles'', Vian y reprend les titres de son tour de chant. L'album, tiré à 1000 exemplaires, est censuré à cause de la chanson ''le Déserteur'' dont le propos est jugé scandaleux par beaucoup. Le scandale surgira également au cours de la tournée que Boris Vian donne tout au long de l'été. Certains concerts donnent lieu à de violentes réactions du public.

Après le jazz, le roman noir, la science fiction, Vian insuffle à son travail un nouveau style venu d'Amérique et encore marginal en France, le rock'n'roll. Sur des musiques composées par Alain Goraguer, Michel Legrand et Henri Salvador, Vian écrit des textes souvent drôles et brillants. A partir de 1956, il enregistre de nombreux disques chez Philips, en tant qu'interprète mais aussi que réalisateur. C'est ainsi qu'on découvre de célèbres titres tels que ''Rock'n'roll Mops'' par Henry Salvador ou ''Fais-moi mal Johnny'' par Magali Noël. Outre le rock, Boris s'inspire de styles musicaux les plus divers dont la java que jusque-là, personne n'avait sorti de son image populaire. Cela donnera des titres tels que ''la Java des bombes atomiques'', ''la Java des chaussettes à clous'', ''la Java javanaise'' ou ''Java mondaine''. Sous des dehors très drôles, Vian cache parfois des textes engagés et contestataires. Il sait à merveille allier les deux.

De plus en plus renommé pour la singularité de ses chansons, de nombreux chanteurs font appel à lui dont Renée Lebas et Mouloudji qui impose la chanson ''Le Déserteur''. En dépit de graves oedèmes pulmonaires qui se multiplient, Vian ne cesse guère ses multiples activités. Il écrit des livrets d'opéra (''Fiesta'' en 1958 sur une musique de Darius Milhaud), des commentaires de films documentaires (''la Joconde'' en 1957), joue dans des films (''Un amour de poche'' de Pierre Kast), traduit des pièces de théâtre (August Strindberg) et devient directeur artistique pour Philips en 1957, puis pour les disques Fontana l'année suivante.

Il écrit de plus en plus de chansons dont beaucoup restent des perles du répertoire : ''J'suis snob'', ''les Joyeux bouchers'', ''On n'est pas là pour se faire engueuler'' ou ''Je bois''. En outre, en1958, il finit d'écrire ''En avant la zizique.'', spectacle inspiré de son expérience dans les maisons de disques. En cette grande époque de la chanson ''littéraire'' - on chante Prévert, Aragon, Queneau et même Sartre -, le travail de Vian est vivement remarqué.

Très fatigué, Boris Vian essaie de se reposer plus fréquemment. Mais ses activités nombreuses ne lui laissent pas de répit. En 1959, il connaît beaucoup de difficultés avec l'adaptation cinématographique de ''J'irai cracher sur vos tombes'', projet dont il sera finalement écarté. En avril, il fait une ultime apparition au cinéma dans ''les Liaisons dangereuses'' de Roger Vadim, avec Jeanne Moreau.

Après Philips et Fontana, c'est chez Barclay que Boris Vian devient directeur artistique. Mais il n'aura guère le temps d'y inscrire sa patte. Le 11 juin 1959, Boris et Ursula donnent une grande fête chez eux, cité Véron, pour fêter le nouveau chef du Collège de pataphysique. Quelques jours plus tard, le 23 juin, il assiste au visionnage du film ''J'irai cracher sur vos tombes'' mais meurt dès les premières images de cette adaptation dans laquelle il ne se reconnaissait pas.

Il laisse un vide énorme dans la vie artistique de l'époque. Mais son empreinte ne cesse de se confirmer depuis. Ses chansons ont été maintes fois interprétées par des artistes aussi divers que Jacques Higelin, Serge Reggiani, Mouloudji, Catherine Sauvage, les Frères Jacques, Yves Montand, Bernard Lavilliers ou même Maurice Chevalier qui en 1957, a repris l'inoubliable ''Pan Pan poireau pomme de terre''. De fort nombreux disques et coffrets posthumes furent publiés depuis sa mort. Enfin régulièrement, des spectacles reprenant ses titres sont montés en France dont ''En avant la zizique'', joué en août 1999 à Paris.

Certains de ses ouvrages sont des classiques de la littérature française, étudiés dans les écoles et analysés dans les facultés. Par son sens de l'humour mêlé de désespoir, son goût de l'absurde, d'une certaine irrévérence et ses choix frondeurs, Boris Vian est devenu une figure révérée par les plus jeunes générations. Son oeuvre est le résultat d'une totale ouverture d'esprit et d'une pensée libre. Sa modernité n'est plus à démontrer.

 

 

La Cité Véron sa maison.

 

 

IMG_0045Au niveau du 94 bd de Clichy, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, s'échappe une impasse privée longue de 80 mètres, signalée par une belle enseigne émaillée. La cité fut rendue célèbre dès 1953, avec l'arrivée de Jacques Prévert et Boris Vian. Elle abrita leur créativité et fut le berceau de quelques unes des plus belles pages françaises. Lotie de petits pavillons et de jardinets, elle abrite aussi le " Vaudou " 1er temple de vaudou haïtien européen.

L'appartement de Boris Vian est constitué d'anciennes loges du Moulin-Rouge.jadis dévolues, dit-on, à Mistinguett. Ursula, la veuve de l'écrivain, veille sur la mémoire des lieux.

Boris Vian est décédé le 23 juin 1959, d'une crise cardiaque, près d'un demi siècle plus tard rien n'a changé dans ce petit appartement de trente mètres carrés qui constitue l'une de ses plus étonnantes créations, lorsque l'on pénètre dans cet appartement, on a l'impression qu'il vient tout juste de sortir faire un tour et qu'il ne va pas tarder..

Ingénieur de formation, l'auteur de "L'écume des jours" va tout bâtir de ses mains, "J'ai joué les Corbusier en petit",dira-t-il. Pendant des mois, il dessine, scie, cloue, pose bibliothèques, tiroirs, parquet, un escalier vers la chambrette ou un double lit superposé permettant à Ursula, danseuse, de se glisser dans le lit du haut, au milieu de la nuit, sans le réveiller... Une ingénieuse poulie permet de se passer livres et petits mots d'une couche à l'autre. Comme il était très grand et se cognait partout, il était particulièrement attentif à l'organisation de l'espace. On peut encore voir la chaise sur laquelle il écrivait, spécialement conçue pour y glisser ses longues jambes. Mais le bricoleur sait aussi se faire surréaliste: lorsqu'il s'aperçoit que la nouvelle baignoire est trop longue, il abat une cloison et prend son bain la tête dans la chambre et les pieds dans la salle de bains... La télévision, elle, a l'écran résolument dirigé vers le mur. Des piles de 78 tours de jazz New Orleans côtoient des éditions illustrées de Baudelaire, un crâne humain fait face à deux de ses rares toiles futuristes.

Cité Véron, Boris Vian fut un bricoleur heureux mais un romancier amer. Les échecs de "L'écume des jours" et de "L'automne à Pékin" l'avaient profondément atteint.

Le 6 bis cité Véron devient vite un rendez-vous du monde de la musique et des lettres: on y croise Raymond Queneau et Georges Delerue, Miles Davis et Max Ernst, Henri Salvador et Yves Gibeau... Le soir, apéritifs aidant, les amis débordent joyeusement sur l'immense terrasse qui vient buter sur l'arrière des ailes du Moulin-Rouge. Le terrain de jeu préféré de Patrick Vian et de Minette Prévert. Car l'auteur de "Paroles" est le voisin direct des Vian.

Une profonde amitié va lier le poète et le trompettiste, renforcée par les célébrations potaches du Collège de Pataphysique. Le 11 juin 1959, cité Véron, Henri Salvador est promu "satrape", l'un des nombreux titres honorifiques du facétieux collège. L'immense terrasse est même rebaptisée "terrasse des Trois-Satrapes", en l'honneur de Boris Vian, Jacques Prévert et... Ergé, le chien de ce dernier. Ionesco, Queneau et Siné assistent à l'événement. On boit, on rit, on est heureux comme des collégiens. Douze jours plus tard, l'auteur de "L'écume des jours" claque la porte du 6 bis, cité Véron, pour la dernière fois.

 

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Entretien avec ursula Vian.

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